Il y a quelque chose qui cloche aux Galeries Lafayette. Vous examinez l’éclairage, détaillez les vendeuses, humez la température. Parmi les clients, quantité de touristes, on doit être au printemps ou en été pour qu’ils soient si nombreux, d’ailleurs votre tenue en apporte confirmation, vous êtes vêtue d’une jupe courte et d’un chemisier sans manches. Vous voyez des parfums, des mascaras, des laits pour le corps et des saucissons. Pris isolément, chaque élément vous semble d’une normalité irréprochable, pourtant l’ensemble est comme atteint d’une déformation étrange et très disgracieuse, le plafond est trop bas, les étiquettes posées de travers, la musique de fond dissonante, et puis le saucisson, vous ne sauriez le démontrer d’une manière résolument scientifique, cependant vous avez l’intuition qu’il n’est pas réellement à sa place au rayon parfumerie. Le mystère des systèmes holistes, le tout est plus que la somme de ses parties, l’atomisme logique est une impasse intellectuelle. Vous levez les yeux à la recherche de la coupole aux vitraux et vous comprenez, vous n’êtes pas aux Galeries Lafayette mais dans la boutique détaxée d’un aéroport, zut vous aviez confondu, on admettra à votre décharge qu’en termes d’ambiance cela se ressemble un brin. C’est donc pour cela que vous avez une valise, vous vous demandiez aussi ce que vous fabriquiez à tirer ce parallélépipède rectangle derrière vous.