Le Centre Wallonie Bruxelles, à Paris, accueillait Guy Goffette il y a quelques jours (© photo C. Hélie Gallimard). Accompagné de l’accordéoniste Didier Buisson et de trois Par-coeuristes, il nous a conduits dans la vie, avec des textes dont il dit lui-même qu’ils ne sont pas très joyeux, et pourtant, s’il se dit pessimiste, il s’avoue aussi heureux. Parce que, tant que le désir de vivre dépasse les accidents de l’existence, tant que la couleur d’une corbeille de fruits sur la table illumine la pièce, tant que les jambes des femmes lui feront cet effet qu’il peut suivre dans Presqu’elles, tant qu’il vit, il est vivant. Ce n’est pas une lapalissade, c’est l’affirmation de l’être même si « chaque pas / est une chute d’Icare ». Avec lui, viennent les poètes, pour « soudoyer les anges : / un peu d’or dans la boue, dites, que la nuit reste ouverte. »
« la beauté, c’est que tout
va disparaître et que, le sachant,
tout n’en continue pas moins de flâner. »
Bien que cette soirée fut l’occasion d’entendre des textes de plusieurs ouvrages de Guy Goffette, et, en particulier, de son récent recueil, Petits riens pour jours absolus, c’est de La vie promise que j’extrais ce poème :
Je me disais aussi : vivre est autre choseque cet oubli du temps qui passe et des ravages
de l’amour, et de l’usure - ce que nous faisons
du matin à la nuit : fendre la mer,
fendre le ciel, la terre, tour à tour oiseau,
poisson, taupe, enfin : jouant à brasser l’air,
l’eau, les fruits, la poussière ; agissant comme,
brûlant pour, marchant vers, récoltant
quoi ? le ver dans la pomme, le vent dans les blés
puisque tout retombe toujours, puisque tout
recommence et rien n’est jamais pareil
à ce qui fut, ni pire ni meilleur,
qui ne cesse de répéter : vivre est autre chose.