Il se trouve entre nous des esprits frénétiques
Qui se perdent toujours par des sentiers obliques
Et, de monstres forgeurs, ne peuvent point ramer
Sur les paisibles flots d’une commune mer.
Tels sont, comme je crois, ces écrivains qui pensent,
Que ce ne sont les cieux, ou les astres, qui dansent
Alentour de la Terre. Mais que la Terre fait
Chaque jour naturel un tour vraiment parfait.
Que nous semblons ceux-là, qui pour courir fortune
Tentent le dos flottant de l’azuré Neptune,
Qui, dis-je, cuident voir, quand ils quittent le port,
La nef demeurer ferme, et reculer le bord.
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Guillaume de Salluste du Bartas (Monfort, Gers, France 1544-1590) – La Semaine ou Création du monde (1578)