Tout part d’un fou rire. Lorsque l’Autriche a débuté son Euro contre la Croatie, ça ne faisait pas trois minutes que TF1 avait pris l’antenne que déjà on nous vendait du Luka Modric comme élément redoutable qui va allait faire paniquer la défense autrichienne. Et si Arsène Wenger savait bien de qui l’on parlait pour le simple fait qu’il s’est fait souffler la signature du joueur par Tottenham, il n’en reste que votre serviteur est tombé dans le fond de son canapé à l’annonce de la starification soudaine du joueur.
Né le 9 septembre 1985 à Zadar dans un pays qui s’appelait encore la Yougoslavie (la Croatie n’étant que l’une des six Républiques fondatrices en 1943 avant l’indépendance de 1991 et les suites que l’on sait), Luka Modric a une enfance ponctuée par la guerre. Son truc à lui c’était le football et entre les mines, la purification ethnique et la mission de maintien de la paix de l’ONU. Mais il grimpe les échelons.
Le Cruyff des Balkans… ou de derrière les fagots ?
En passant professionnel en 2003 pour le Zrinski Mostar en première division du championnat de Bosnie-Herzégovine, le milieu offensif axial a déjà vaincu la fatalité et le contexte de son pays. En étant élu joueur de l’année en 2004 il roule une pelle au destin. Parce qu’en plus d’avoir eu la chance de faire du football son métier, le gnome d’1m74 s’est forgé une solide réputation de joueur rapide technique, presque anachronique avec son poste de numéro 10, façon Diego, les buts en moins. Sa précision de passe toujours dans la profondeur est sans aucune contestation son point fort. Parce que pour les penalty, il repassera. Son numéro en équipe de Croatie (14), cette petite taille, ce nez bizarre, cette tignasse au vent en font un clone de Johann Cruyff. D’ailleurs c’est son surnom au pays : Le Cruyff des Balkans. De là à en faire le fils spirituel du Hollandais volant, Modric, à 22 ans, a à peu près deux ans pour nous convaincre dans un grand championnat et, si possible, sur la scène européenne. Sinon on se contentera de dire qu’il ressemble à David Guetta. Ou Dave.
En France, on en a vu des ex-futurs Zidane (Meriem, Meghni, Le Tallec) pour avoir un minimum de recul, quoique si l’on écoute Christian Jeanpierre.
Le grand championnat c’est fait, puisque Modric va rejoindre la Premier League à la faveur d’un transfert estimé entre 16 et 20 millions de Livres (entre 20 et 25 millions d’euros) du Dinamo Zagreb à Tottenham. Club qui a du pognon, mais pas vraiment de résultats si ce n’est la Coupe de Ligue au printemps dernier, gagné après prolongations contre Chelsea (2-1). Le premier point positif est qu’au moins il jouera la Coupe UEFA avant la C1 et son transfert, qui interviendra tôt ou tard, à Chelsea ou Man U. Le second est que Pascal Chimbonda a gagné quelque chose.
Pour le sauver, tapez 1, pour le crucifier tapez 2
Le petit génie croate (pour reprendre la terminologie des vidéos sur dailymotion et youtube) fut le premier à se présenter devant Rustu pour la séance fatidique des tirs au but. Et fut le premier à rater, entraîneur l’effondrement de son équipe et la crise de larme de Diego Srna, seul Croate à avoir réussi son penalty entre Modric, Rakitic, Petric et lui. Le moment de gloire attendra donc un peu à moins que ça ne soit le début de la fin d’une étoile filante du football moderne. Rendez-vous le 16 août prochain avec sa nouvelle équipe de Tottenham contre Middlesbrough, l’équipe de Tuncay Sanly.