Aki Shimazaki – Le poids des secrets, Hamaguri (Tome 2)

Par Yvantilleuil

Cette histoire à nouveau très courte est le deuxième volet de la pentalogie du “Poids des secrets” d’Aki Shimazaki, qui comprend les volumes « Tsubaki”, “Hamaguri”, “Tsubame”, “Wasurenagusa” et “Hotaru”.

À travers la lettre-testament de Yukiko à sa fille Namiko, le premier opus (“Tsubaki”) dévoilait progressivement le terrible secret de famille que Yukiko terrait depuis si longtemps au plus profond de son âme. Dans ce deuxième tome, Aki Shimazaki invite à nouveau à découvrir l’histoire de Yukio et Yukiko, mais vue cette fois à travers les yeux du garçon.

Si les personnages sont les mêmes et le terrible secret fatalement connu d’avance, Aki Shimazaki suit cette fois le parcours de Yukio, de son plus jeune âge jusqu’au crépuscule de sa vie. Le regard qu’il porte sur les évènements est différent et beaucoup plus naïf, mais permet d’apporter un autre éclairage sur ce secret enfuis dans l’intimité de ces familles japonaises.

Le lecteur suit donc la quête d’identité de ce petit garçon rêveur et sensible, né d’une union illégitime, qui souffrira toute sa vie de ce terrible secret qui pèse sur sa famille et l’empêche finalement de trouver le bonheur. Il est non seulement victime du rejet des autres enfants dès son plus jeune âge, mais souffre également de l’abandon de son père et de l’impossibilité de faire sa vie avec Yukiko. Lorsqu’il découvre enfin la vérité, au crépuscule de sa vie, il ne lui reste plus que les larmes de son corps pour pleurer cette vie pleine de regrets… étouffée par ce terrible secret.

Si « Le poids des secrets » est tout d’abord l’histoire d’un adultère, c’est également une histoire de famille, d’amour, de crime, de lâcheté, d’hypocrisie, de mensonges et d’amertume, le tout sur toile de fond d’un événement historique majeur. Si la Seconde Guerre mondiale rend la vie déjà très difficile pour Yukio, le fait d’être un enfant pauvre et illégitime dans cette société japonaise très codifiée n’est évidemment pas là pour faciliter les choses. Si Aki Shimazaki parvient à développer tout cela en moins de cent pages, son style sobre et épuré n’y est probablement pas étranger. Pourtant, malgré une écriture toute en retenue qui va directement à l’essentiel, sans s’encombrer de trop de fioritures, le récit déborde de cette poésie propre à la culture nippone.