[Critique série] THE STRAIN – Saison 3

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Partager la publication "[Critique série] THE STRAIN – Saison 3"

Titre original : The Strain

Note:
Origine : États-Unis
Créateurs : Guillermo del Toro, Chuck Hogan
Réalisateurs : J. Miles Dale, Ken Girotti, Deran Sarafian, TJ Scott, Vincenzo Natali, Carlton Cuse.
Distribution : Corey Stoll, David Bradley, Kevin Durand, Jonathan Hyde, Richard Sammel, Natalie Brown, Miguel Gomez, Ben Hyland, Ruta Gedmintas, Rupert Penry-Jones…
Genre : Horreur/Épouvante/Adaptation
Diffusion en France : Canal + Séries
Nombre d’épisodes : 10

Le Pitch :
La lutte contre les vampires du Maître s’intensifie à New York, alors que le reste du monde est peu à peu envahi. Pendant qu’Abraham Setrakian, aidé de Quinlan, cherche à déchiffrer l’Occido Lumen, le livre qui contient tous les secrets des Strigoïs, Eph tente d’élaborer un remède tout en entretenant l’espoir tenu de retrouver son fils sain et sauf. Fet de son côté, travaille en collaboration avec l’armée, qui ne cesse de perdre du terrain, au profit des monstres et de leur terrifiant souverain…

La Critique de la saison 3 de The Strain  :

La saison 3 de The Strain, la série produite par Guillermo del Toro et Chuck Hogan d’après leur propre saga littéraire, ne comporte que 10 épisodes. 3 de moins que les deux précédentes. Une façon pour le show de se rapprocher lentement mais sûrement de sa conclusion. Car oui, il n’y aura que 4 saisons et c’est une excellente nouvelle. Pourquoi ? Tout simplement car si elle ne démérite vraiment jamais et qu’elle offre beaucoup de grands moments, cette nouvelle salve d’épisodes a aussi tendance à faire un peu de surplace. Et comme souvent, c’est surtout quand on compare cette adaptation aux livres dont elle s’inspire, que ses défauts s’en trouvent soulignés.

Vampire vous avez dit vampire ?

Chuck Hogan et Guillermo del Toro, bien qu’ayant écrit les romans que leur série illustre, ont visiblement tenu à proposer quelque chose d’un peu différent. Pas dans la tonalité, qui est plus ou moins la même, mais dans le déroulement de l’histoire. Avec 3 tomes, les deux hommes ont fait 4 saisons. La troisième vient ainsi se placer dans une logique presque transitoire. Surtout au vu de l’ultime épisode qui indique bien un certain essoufflement quand il s’agit de justifier des choix narratifs peut-être pertinents dans l’immédiat, mais dont l’intensité ne cesse de se diluer sur la durée. Pour autant, les vampires, à savoir les fameux Strigoïs, sont toujours là est avec eux des litres d’hémoglobine. The Strain ne tourne pas le dos à ses idéaux gore, clairement exposés dans la première saison et confirmés dans la seconde. Plus l’histoire avance et plus la lutte s’intensifie. Forcément, le spectacle se fait plus sombre et toujours plus violent, même si, et c’est une bonne chose, la série ne fait pas comme The Walking Dead, soit tomber dans un excès grand-guignolesque en forme d’écran de fumée. La mesure et la constance sont à la base de la démarche de The Strain, qui demeure cohérente avec elle-même, y compris quand il s’agit d’essayer de donner de la légitimé à ses propres choix narratifs.
Les monstres ont de la gueule (c’est le cas de le dire vu leur mode opératoire) et la présence, parmi eux, d’ennemis identifiés, comme le nazi Eichorst, permet à la menace de sans cesse revêtir un visage bien tangible et donc d’autant plus terrifiant. On le soulignait au moment de faire le bilan de la saison précédente et c’est toujours aussi vrai : The Strain a remarquablement su s’approprier le vampire et ses codes sans les dénaturer, contrairement à d’innombrables films aussi mauvais qu’irrespectueux de l’univers qu’ils défiguraient sans vergogne.

La fin est proche

Ces 10 nouveaux épisodes passent très rapidement. À la fin, malgré la flamboyance du dernier épisode, une impression subsiste néanmoins : et si The Strain était condamnée a atteindre ses limites pour effectuer une espèce de retour à la case départ à chaque fin de chapitre, pour tenter de nous tenir en haleine plus longtemps ? Dans les romans, la progression a toujours été plus nette dès lors que le Maître des vampires s’est dévoilé. On ne repère pas les mêmes répétitions et cette même tendance à refaire ce qui a déjà été fait, comme dans la série, qui se livre souvent à une sorte de recyclage. Un recyclage certes malin mais pas invisible pour autant. Là est vraiment le seul gros travers du show. La rythmique accuse quelques petits ratés. À plus forte raison dans cette saison 3, qui hésite un peu à prendre des risques, quand la saison 2 avait par exemple fait disparaître l’un de ses personnages centraux, d’une manière aussi brutale que totalement justifiée.
Au lieu de cela, The Strain préfère désormais jouer la sécurité et effleurer les bonnes idées du livre pour rester dans une zone de confort qui lui interdit du coup un surplus de flamboyance.
Il est parfois un peu lassant de voir Fet descendre pour une énième fois dans les égouts et se bastonner avec des Strigoïs, tout comme il est fatiguant d’assister à des échanges entre l’ex-femme de Eph (qui est devenue un vampire) et son fils encore humain. Un personnage par ailleurs insupportable, joué de manière hyper approximative et répétitive par un jeune acteur un peu à la ramasse. Pourquoi les producteurs ont-ils changé le comédien qui interprète le fils entre la saison 1 et la saison 2 ? Mystère… Mais en tout cas, c’est dommage. Surtout qu’à côté, tous les autres font un super boulot. De l’impressionnant Kevin Durand à l’impeccable Corey Stoll, sans oublier le charismatique David Bradley, The Strain peut compter sur ses acteurs. Mention pour Rupert Penry-Jones, qui campe un Quinlan aussi spectaculaire que parfaitement raccord avec les intentions et l’imagerie du show.
Visuellement toujours aussi travaillée, la saison 3 de The Strain transforme New York en champ de bataille entre humains et vampires, en évitant habilement les pièges inhérents au format série TV. Les effets-spéciaux sont parfaitement spectaculaires, et les réalisateurs embauchés font le job, en gardant en ligne de mire certains des gimmicks les plus identifiables élaborés dans un premier temps par le boss del Toro.

En Bref…
La saison 3 de The Strain se contente d’amener doucement la série à sa conclusion. Les choses ne changent pas vraiment mais le spectacle est assuré par des acteurs en place et par une escouade de réalisateurs acquis à la cause d’un récit qui ne tourne jamais le dos à sa violence graphique et la noirceur de ses enjeux. Vivement la suite…

@ Gilles Rolland

Crédits photos : FX