France – 2010 – 1h35
Réalisateur: Jalil Lespert
Scénario: Andrew Bovell, Jalil Lespert et Jérémie Guez
Avec: Romain Duris, Charlotte Le Bon, Jalil Lespert
Mickdeca Tix
★★☆☆☆ ★★★☆☆
Mickdeca ★★☆☆☆ Après une bande annonce savoureuse, où faux semblant, sensualité et manipulation se mêlent, j’étais excité de voir Iris de Jalil Lespert. “Un film sulfureux” nous a vendu le présentateur de l’avant première mais ce n’est ni de la Vénus à Fourrure ni même presque toute la filmographie de Paul Verhoeven, notamment l’excellent Elle avec Isabelle Huppert.Adaptation libre du film japonais Kaosu de Hideo Nakata, Iris devait au départ être un film américain, mais faute de production Jalil Lespert achète le scénario et le réalise en France avec Romain Duris, Charlotte Le Bon et lui-même dans les rôles principaux. L’histoire s’articule ainsi entre les trois personnages dans un polar semblant noir mais qui pourtant a du mal à décoller. Car malgré le très bon casting le film a du mal à prendre ses marques et la première demi-heure lente, sans saveur, est un peu pataude. Un rythme que le film ne trouvera jamais, malgré quelques scènes trépidantes. Mais attention ce n’est pas parce que je dis que c’est lent que je voulais un thriller à l’américaine avec plein de rebondissements, justement je voulais un tempo régulier qui ne serait pas cassé par des personnages au background inutile. Comme ces policiers dont on se fiche de savoir leur vie et qui de plus ne participent finalement pas à l’histoire à proprement parler.
Dans les points positifs il y a sans surprise notre cher Romain Duris qui joue un personnage un peu bourru, toujours juste dans toutes les scènes, il brille par la non-volonté d’étinceler. Je m’explique, contrairement aux autres personnages un brin surjoué, Max Lopez (Romain Duris) n’est pas un richissime banquier ou une femme fatale, il est juste un mec lambda et il est le fait bien.
Mon plus grand regret du film sera le personnage de Iris qui n’a rien de sulfureux, qui n’a rien de pervers, qui n’a rien de subtil. C’est une femme suivant le flot de l’histoire sans en commander aucune fois le torrent construit par les personnages masculins. Se laissant porter, elle efface son visage de l’affiche (présenté au premier plan) alors que finalement ce sont les hommes qui font l’histoire. Et c’est bien dommage car cette femme sensuelle avait de quoi transformer ce simple jeu de faux semblant en quelque chose de plus savoureux, de plus sulfureux. Car revenons sur ce malheureux “sulfureux” que je vous parlais au début. Le film présente quelques scènes qui pourrait faire titiller nos sens sans jamais y parvenir car restant toujours à la surface, la peur de la vulgarité a enfoncé le film dans une sorte d’objet sainte nitouche du sado-masochisme. Une des scènes à la Eyes Wide Shut finit par devenir un simple clip de Madonna où les hommes semblent exécuter une chorégraphie, incompréhensible.Alors au final Iris est un film sympathique mais qui ne vaut pas le détour, un long-métrage fade sans cadence adéquate pour nous maintenir éveillé. On préférera aller voir Mademoiselle de Park Chan-Wook plus sulfureux, plus incisif, plus tout en fait. ★★★☆☆ Tix Iris n’est pas l’intrigue que l’on nous promettait : sombre et tortueuse, articulée autour d’une Charlotte le Bon à contre-emploi en femme fatale. L’actrice québécoise est étonnamment convaincante, mais le peu de scènes clés que lui offre ce scénario finit par la discréditer. Bien sûr, la rareté des apparitions entraîne le mystère nécessaire. Pour autant, son personnage semble trop souvent passif dans un duel qui s’avère exclusivement masculin.
Le principal atout du long-métrage réside donc dans la confrontation entre Jalil Lespert – également réalisateur – et Romain Duris. De ces personnages construits en miroir naît la véritable tension. Certaines scènes parviennent à marquer les esprits, prouesse dans un film sans tempo.
Le scénariste australien Andrew Bovell récidive dans le pétard mouillé. Malgré l’adaptation à la française du scénario par Jalil Lespert et Jérémie Guez, les symptômes de A Most Wanted Man le rattrapent. Un manque de rythme trop bassement rattrapé par un unique – et intéressant ! – revirement de situation qui conviendra à l’embourbement du polar noir français mais pas à des spectateurs qui ont besoin de mieux.