L’Élimination (2012) est à la fois un témoignage et un documentaire d’investigation du cinéaste franco-cambodgien Rithy Panh (aidé de Christophe Bataille). Il se replonge dans son passé, celui de ses treize ans. La prise de Phnom Penh par les khmers rouges. L’exode forcé qu’il a subit avec ses proches. La perte de ces derniers mais également sa vie sous la bannière du Kampuchéa démocratique. Il revient sur les horreurs, l’horreur traumatisante d’un pouvoir aveugle et jusqu’au-boutiste. Il livre alors sobrement ses pensées et ressentiments.
Deux époques se font donc échos dans L’Élimination. Celle de la jeunesse brisée de Rith Panh qui rappellera les témoignages de Malay Phcar et Ung Loung et celle, trente ans après de sa « confrontation » avec le tortionnaire Duch, enfermé et en plein procès. D’une part, on découvre donc un témoignage saisissant d’une survie. De l’autre, un face à face glaçant avec le visage de la terreur et où s’installe un certain malaise. D’un côté comme de l’autre, Rithy Panh interroge l’humain. Il essaie de comprendre le mystère de l’âme humaine, comprendre l’incompréhensible, sans haine, sans esprit de vengeance. Une attitude troublante qui interpelle et qui force le respect.
L’Élimination est un livre poignant et éprouvant qui prend aux tripes, aussi bien face à l’aliénation meurtrière d’un pays, le Cambodge que le comportement révoltant, celui du déni d’un de ses pires tortionnaires, celui du régime khmer rouge.
I.D.