Partager la publication "[Critique] MR WOLFF"
lTitre original : The Accountant
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Gavin O’Connor
Distribution : Ben Affleck, Anna Kendrick, J.K. Simmons, Jon Bernthal, Cynthia Addai-Robinson, John Lithgow, Jeffrey Tambor…
Genre : Thriller/Drame/Action
Date de sortie : 2 novembre 2016
Le Pitch :
Génie des mathématiques, Christian Wolff n’est pas un comptable comme les autres. Distant et solitaire, il exécute aussi des contrats pour une mystérieuse organisation. Employé pour examiner les comptes d’une société de robotique, il ne tarde pas à mettre le doigt sur des malversations financières qui vont le plonger dans un engrenage à haut risque. De son côté, la brigade anti-criminalité du ministère des finances s’intéresse de près à son cas et cherche à démêler le vrai du faux le concernant. L’étau se resserre sur le comptable, qui doit alors prendre une série de mesures radicales…
La Critique de Mr Wolff :
Sorti des eaux stagnantes dans lesquelles il est vite tombé après avoir réussi à percer dans le cinéma, Ben Affleck est aujourd’hui un acteur sur lequel on peut compter. Plus mature, entreprenant, il a ainsi forcé le destin en réalisant notamment une série de films franchement excellents et en choisissant ses rôles avec davantage de clairvoyance, regagnant petit à petit le cœur d’un public qui lui avait longtemps tourné le dos. La bonne nouvelle, c’est que Mr Wolff confirme la forme du comédien. La mauvaise, c’est que si lui est irréprochable en comptable autiste spécialisé dans les dépôts de bilan brutaux, le film lui, n’arrive pas à pleinement convaincre…
Batman paye toujours ses dettes
Glacial, tout en retenu, physiquement imposant, Ben Affleck fait preuve d’un remarquable sang froid et d’une pertinence à toute épreuve dans le nouveau film de Gavin O’Connor (Warrior). À tel point que sans lui, tout ceci n’aurait plus tellement lieu d’être. Non pas pas qu’Anna Kendrick, J.K. Simmons et les autres acteurs s’avèrent décevants, loin de là, mais voilà, ici, le boss, c’est Affleck. C’est lui qui mène la danse avec une intensité remarquable. Peut-être est-ce d’ailleurs pour cela que Mr. Wolff n’est jamais aussi intéressant que lorsqu’il colle de près à son protagoniste central. En racontant son passé notamment ou en se focalisant sur son autisme, traité d’une façon particulièrement originale, même si tout est trop survolé. Complexe, le comptable constitue le centre névralgique d’un scénario qui a malheureusement vite fait de le noyer dans une somme de retournements de situation parfois complètement aux fraises, sans pour autant que ce dernier ne faillisse.
Rain Man + Jason Bourne = Mr Wolff
Et oui, car le gars, si il doit accomplir tout un tas de petits rituels pour pouvoir évoluer en société, est aussi une machine à tuer redoutable. Peut-être jaloux des exploits accomplis par son camarade Matt Damon dans la saga Bourne, Affleck met ici les bouchées double et fait parler tout autant ses poings que la poudre. Une action qui met du temps à arriver mais qui, au fil de bastons parfaitement chorégraphiées et particulièrement brutales, arrive à convaincre sans problème, quitte à semer le trouble encore un peu plus quant à la bonne tenue d’une histoire étrange car beaucoup trop marquée par de multiples virages pas toujours bienvenus. Derrière la caméra, Gavin O’Connor fait du bon boulot, mais peine à justifier les détours du récit, et fatalement, au bout d’un moment, c’est la sortie de route, comme le démontre cette fin assez ridicule, qui laisse un goût amer. Avec plus de simplicité, Mr Wolff aurait été beaucoup plus percutant et efficace. En l’état, il est juste très brouillon.
Bilan comptable
Rien de déshonorant dans ce film d’action qui prend des airs de drame teinté de thriller. Tout ceci est un poil prétentieux et si on ne peut s’empêcher de penser que Mr Wolff a le cul entre deux chaises (voire trois ou quatre), on peut aussi parvenir à se laisser entraîner par un script néanmoins généreux en séquences tendues et donc réussies et vibrer devant les performances de comédiens droits dans leurs bottes.
Néanmoins, au final, Mr Wolff ne raconte pas grand chose. C’est l’histoire d’un comptable autiste qui tue aussi des méchants et qui un jour tombe sur une nana qu’il veut protéger. Entre les deux s’agitent des tueurs et des enquêteurs mais beaucoup font du surplace. À la fin, rien n’a vraiment changé. Les personnages prétextes sont trop nombreux. Difficile de l’ignorer. Mr Wolff, sous ses airs tapageurs, brasse beaucoup trop de vent pour s’imposer comme le choc qu’il prétend être.
En Bref…
À mi-chemin entre le drame pur, le thriller, l’histoire d’amour contrariée et le gros film de baston, Mr Wolff ne choisit vraiment jamais et préfère noyer le poisson en nous racontant une histoire qui finit par n’avoir ni queue ni tête et qui en plus s’avère prévisible. L’absence de second degré n’aide bien évidemment pas. Néanmoins, le spectacle est souvent brutal et la maîtrise du réalisateur et de ses acteurs emportent la mise. Et au fond, ça suffit à passer un bon moment. Quitte à tout oublier aussitôt le générique terminé.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Warner Bros. France