James Ensor

Publié le 04 novembre 2016 par Jigece

James Ensor, peintre et graveur Belge né en 1960 à Ostende et mort dans cette même ville en 1949, est un artiste d’exception. Génial et fantastique, il atteint la pleine maîtrise de ses moyens dès l’âge de vingt ans, avant que sa prodigieuse imagination créatrice ne semble se tarir au tournant du XXe siècle. Mais durant les quelques vingt ans les plus productifs de sa carrière, il va allègrement passer du naturalisme à l’expressionnisme et au surréalisme sans oublier l’impressionnisme, le symbolisme ou le fauvisme – anticipant de vingt ou trente ans sur ces avant-gardes qui vont marquer et révolutionner la peinture au début du XXe siècle.

On ne peut donc pas associer son nom à un style pictural défini, puisqu’il les transcende tous. Mais le terme de « précurseur » prend avec lui tout son sens. Méconnu pendant ses années de génie, détesté par les critiques, qui lui reprochent à la fois son engagement social et le macabre de ses représentations, il fut fêté dans sa vieillesse, alors qu’il ne faisait plus, artistiquement parlant, que se survivre – le roi Albert 1er lui conféra même, en 1929, le titre de baron.
Bien qu’il n’ait pas formé d’élève, tous les peintres belges contemporains se reconnaissent une dette à son égard. Son influence fut très grande, notamment dans les pays germaniques et nordiques, et aux États-Unis. Il fut ainsi l’« inspirateur » de nombreux peintres : Frits Van den Berghe, Emil Nolde, Erich Heckel, Georges Grosz, Alfred Kubin, Paul Klee, Asger Jorn, Pierre Alechinsky ou Philip Guston…
Peintre des masques et des squelettes, individu solitaire, tourmenté par ses démons, il incarne l’inquiétude moderne, l’esprit de provocation, le conflit entre l’artiste et la société. Ses incursions dans le fantastique, sa fuite hors du réel touchent la sensibilité contemporaine – dans des tableaux qui, pour la plupart, n’ont rien perdu, ni de leur force, ni de leur magie, et continuent d’enchanter l’œil autant que l’esprit : Autoportrait au chapeau fleuri, Le Christ entrant à Bruxelles, Squelettes essayant de se réchauffer, L’intrigue, Les Musiciens tragiques ou encore Squelettes se disputant un hareng saur sont des œuvres majeures de l’histoire de la peinture.

Je me permets de vous mettre ci-dessous l’enregistrement d’une émission de France Culture, Les regardeurs, sur Ensor et son œuvre – pour moi la meilleure, la plus extraordinaire, la plus aboutie, la plus ensorienne – « L’intrigue » (ou l’on apprend également beaucoup de choses sur Ensor lui-même).