J'ai aimé ce bouquin, court et rempli d'oxygène, sans grand discours moralisateur mais qui invite à la réflexion et à affûter le regard sur notre quotidien. Tesson y creuse son sillon, original et séduisant, et plusieurs fois j'ai pensé que j'aurais aimé partager un bivouac avec lui dans ces forêts de France pour parler de tout et de rien et surtout profiter de l'instant présent. Le temps qu'on oublie et qu'on saccage sans cesse.
Le seul petit écueil toutefois, constitue son usage du passé. Il donne à ce récit une ambiance particulière qui fige le texte dans une nostalgie un peu inutile. Un présent aurait peut être donné plus de force encore à ces pérégrinations.
Extrait : "La carte est le laissez-passez de nos rêves. Ces tracés en étoile et ces lignes étaient des sentiers ruraux, des pistes pastorales fixées par le cadastre, des accès pour les services forestiers, des appuis de lisières, des vies antiques, souvent laissées à la circulation des bêtes. La carte entière se veinaient de ces artères. C'étaient mes chemins noirs. Ils ouvraient sur l'échappée, ils étaient oubliés, le silence y régnait, on n'y croisait personne et parfois la broussaille se refermait aussitôt après le passage.. Certains hommes espéraient entrer dans l'histoire. Nous étions quelques-uns à préférer disparaître".