Du moment que ce n'est pas sexuel - Gudule

Gudule, prolifique auteur jeunesse, a publié un roman de littérature générale, Du moment que ce n'est pas sexuel, aux éditions [MiC_MaC].
Nora et Charlie forment un couple des plus singuliers. S'étant retirés dans une petite maison chancelante, lieu de leur thébaïde amoureuse, ils filent le parfait amour, entre la ville d'Auxerre où ils vont parfois pour des spectacles de comiques, idoles de Charlie, lui-même clown et homme-orchestre, et leurs balades dans les bois. Dans leur petit coin de paradis, ces deux amoureux de la nature vivent l'un pour l'autre, se soignant mutuellement de leurs fêlures enfouies. Nora, attendrie par les farces que Charlie confectionne quotidiennement en vue de ses prochaines scènes dans la région, inspire son aimé et est indispensable à son travail.
Et, alors que leur histoire d'amour bat son plein, qu'aucune ombre ne vient jamais planer sur leur amour, une représentation du célèbre Boris, modèle sacré de tous les "clowns de province" tels que Charlie, va faire bousculer ce quotidien dont la simplicité et la douceur semblaient inébranlables.
A la fin du spectacle, Nora et Charlie tentent d'aborder Boris dans les coulisses du théâtre. Ils y parviennent et réussissent même à boire un verre avec l’artiste. La conversation se prolonge et les deux hommes, discutant avec assiduité de leur passion, mettent littéralement la frêle Nora à l'écart. Celle-ci s'endort au coin de leur table. Elle apprendra à son réveil que Boris propose à Charlie de participer à sa prochaine tournée pour laquelle il a décidé de réunir plusieurs comédiens, histoire de créer un quatuor encore plus hilarant, bigarré et hétéroclite qu’un simple one man show. Les répétitions ayant lieu à Paris, Nora et Charlie sont contraints de quitter leur idyllique logis pour le petit studio parisien que la sœur avocate de Nora, Anne, met à leur disposition. Seulement, la perspective de rester seule des journées entières dans ce petit appartement inconfortable effraie Nora qui, boitant - elle eut un terrible accident étant jeune – se met à arpenter les rues de Paris, vagabondant de troquet en troquet.
Son errance la fera faire d'insolites rencontres, comme celle d'un "ange blond", amoureux d'une altière et mystérieuse danseuse, mais également Yvette, une clocharde acariâtre et néanmoins touchante, qui présentera Nora à ses amies, des écorchées vives trahies et bafouées par les hommes. Peu à peu, son lien si fort avec Charlie paraît s'étioler. Les absences de ce dernier font douter Nora qui, bientôt, ne lui donne presque plus signe de vie, sinon quelques "je t'aime" griffonnés dans son sillage.
Cette liberté retrouvée sera-t-elle réellement source d’épanouissement pour Nora ? Réussira-t-elle à faire à nouveau confiance à Charlie malgré qu’il l’ait négligée, obnubilé par l’accomplissement de sa carrière ? Ou sera-t-elle victime de ses pérégrinations parisiennes ?
Ce ton presque enfantin, mutin, dont on pourrait croire qu’il colle à la peau de Gudule, avant tout écrivain pour la jeunesse, pourrait apeurer le lecteur au début du roman. Mais cette charmante naïveté est celle d’un amour nullement désireux de vivre de manière romantique au sens pompeusement romanesque du terme, se nourrissant d’une poésie naturelle et charnelle. Gudule, de sa plume malicieuse (qui parfois a tendance a s’égarer dans quelques balourdises dont on ne lui tiendra cependant pas rigueur), nous embarque avec brio, avec cette palpable bienveillance presque maternelle pour son héroïne qui, au final, n’en est que plus bouleversante.