L'idée de départ, bien que potentiellement dérangeante pour une partie de la population, ne semblait pourtant pas beaucoup plus intrusive que bien d'autres – dont les assurances ajustées selon le comportement de conduite, qu'Admiral propose également, sans créer l'émoi. En résumé, il s'agissait de compenser l'absence d'historique des débutants par une analyse « scientifique » de leur compte Facebook (principalement sur le style et contenu des messages publiés), de manière à évaluer leur personnalité et, par comparaison avec un échantillon représentatif, leur niveau de prudence au volant.
À la clé, une réduction de prime comprise entre 5 à 15% aurait récompensé les candidats considérés comme les moins « dangereux ». Le tout était assorti des précautions d'usage, depuis une garantie d'accès ponctuel (non récurrent) aux informations sur le réseau social jusqu'à la sécurisation des données traitées, en passant par le contrôle laissé à l'internaute de décider librement de ce qu'il souhaite partager avec la compagnie (au détriment, potentiellement, de ses espoirs de réduction sur les prix, bien entendu).
Las, le plan s'est effondré et Admiral ne devrait finalement proposer qu'une option d'identification par le compte Facebook, destinée uniquement à faciliter la transmission des informations d'identité. Entre temps, une association de défense des droits des consommateurs s'est en effet élevée contre les pratiques de l'assureur, tandis que Facebook s'inquiétait d'une possible violation de ses conditions générales d'utilisation (qui interdisent explicitement des réductions de taux de crédit selon le profil, entre autres).
Il restera, malgré tout, quelques fonctions originales à sauver dans le naufrage de FirstCarQuote (quand il sera effectivement commercialisé, s'il survit). Ainsi, j'aime particulièrement – dans la mesure où il serait réellement personnalisé – le principe de recommandation d'un véhicule adapté au conducteur novice (dans le cas où il n'en possède pas encore), lui permettant de minimiser le coût de son assurance.
Comme dans les affaires précédentes (parmi lesquelles celle d'ING est présente dans toutes les mémoires de banquiers), il subsiste une part de mystère dans le déclenchement de l'hostilité vis-à-vis d'initiatives relatives à l'exploitation des données personnelles. En l'occurrence, on peut émettre l'hypothèse d'une réaction particulièrement virulente (au Royaume-Uni ?) à l'accès aux contenus publiés sur Facebook. Mais il faudrait alors souligner l'ambiguïté qu'il y a pour les consommateurs (et les associations) à accepter des applications similaires (voire pires) de la part du réseau social…