Les démineurs reviennent sur le devant de la scène et secouent fort. Charbon RDV le 25 novembre 2016 22h-4h A la Coop. Leur filon : l'intolérance et l'obscurantisme
Voici le teaser de la Charbon Paillettes #2 ! Un grand merci à Voluntas Films et à Sacha Claudius Pan Wilson, quel performeur!
Charbon Paillettes #2 //God save the queer// 25 novembre 2016 22h-4h A la Coop (croisement rue Neyron et rue du Treyve)
En 2015:
-104 cas d'homo-bi-trans-phobie dans les commerces et services.
-208 cas d'homo-bi-trans-phobie dans la famille et l'entourage proche.
-804 cas d'homo-bi-trans-phobie sur internet.
-228 cas d'homo-bi-trans-phobie dans des lieux publics.
-97 cas d'homo-bi-trans-phobie dans le milieu scolaire.
-23 cas d'homo-bi-trans-phobie dans la santé/médecine.
-158 cas d'homo-bi-trans-phobie dans le milieu professionnel.En 2015, 107 cas de personnes en mal de vivre.
Je suis arrivé en avance au rendez-vous, mais elles l'étaient encore plus. Du coup, on s'attendait mutuellement à l'intérieur du café, et on a mis quelques minutes à comprendre que j'étais le type de Pourparlers et qu'elles venaient me présenter l'association Les Démineurs.
Elles, c'est Lucie et Anaïs, respectivement présidente et secrétaire des Démineurs, la toute nouvelle association LGBTH de Saint-Etienne. LGBT, c'est pour lesbien, gay, bi et trans. Souvent, on ajoute le Q de queer ; là, c'est le H... d'hétéro.
- C'est que nous ne faisons pas de notre orientation sexuelle l'élément principal de nos personnes, explique Lucie, étudiante au Conservatoire d'art dramatique. Il y a bien une culture LGBT et nous souhaitons la mettre en valeur, mais pour un large public et tout le monde peut venir nous aider. Les hétéros sont bienvenus !
Creusons ensemble les mines de l'indifférence, les galeries de l'intolérance
Ce refus d'un communautarisme exacerbé, on le retrouvera dans tout l'entretien. Pour Anaïs, travailleuse sociale :
- C'est l'ignorance, des autres ou de soi-même, qui amène au rejet ou au mal-être.
La solution : amener les gens à se rencontrer, et Les Démineurs sont là pour ça. Pourquoi ce nom, au fait ?
- Dans " démineurs ", il y a " mineurs "... C'est une sorte de référence à Sainté.
Bien sûr, ici, il ne s'agit pas des mêmes mines. Celles que l'association se propose d'ôter du paysage, ce sont celles qui explosent à la figure, qui font mal. L'ignorance, donc, et plus généralement tout ce qui empêche les gens de se considérer libres et égaux en droit. Anaïs lâche le mot, en même temps que la profession de foi des Démineurs :
- Nous sommes une association culturelle et festive destinée à lutter contre l'obscurantisme.
Cette double facette, culturelle et festive, on ne tarde pas à se rendre compte qu'elle est profondément inscrite dans l'ADN de nos Démineurs. D'un côté, on ne peut pas s'empêcher de trouver un côté " on est une bande de jeunes, on s'fend la gueule ", quand Lucie raconte les débuts :
- C'est la trésorière de l'asso qui a été à l'origine de notre rassemblement, après les polémiques liées au mariage pour tous. On était deux filles et un garçon, et on s'est dit : " Pour les jeunes LGBT, à Sainté, y a pratiquement rien, c'est trop dommage ! "... On a déposé les statuts de l'association en août 2015 et, dès septembre, on organisait un pot de rentrée au Méliès St-François avec 50 personnes. Dans la foulée, à l'occasion de Sainté accueille ses étudiants, on a fait des crêpes au Fil.
Résultat ?
- Tout le monde était trop content !
Notre projet chercherait donc à exposer et à réconcilier deux visages de Sainté : celui des ouvriers et celui des jeunes LGBT, qui chanteraient à l'unisson : " Ne cherchons pas à nous décrasser, soyons fier de ce que nous sommes "
- "Moi je viens de Marseille, intervient Anaïs. J'ai pris la décision de m'engager quand j'ai vu qu'il y avait peu de choses à St Etienne, en matière d'offre culturelle et associative LGBT à destination du public jeune."
- Très vite, reprend Lucie, on a lancé les groupes de travail... On ne peut pas se détacher de l'aspect militant.
C'est l'autre casquette des Démineurs, et l'on comprend tout de suite qu'il y a du fond, que cela devient très vite sérieux une fois la fête passée.
Sur le thème du droit à l'indifférence ?
- Je pense qu'il est majoritaire dans l'association... Après tout, on peut très bien penser que notre sexualité n'est considérée comme différente que parce qu'elle est minoritaire. De toute façon, l'idée est vraiment de lancer des discussions entre les gens, d'être des facilitateurs de dialogue.
Pour cela, les Démineurs ne s'interdisent aucun débat, y compris religieux.
- Une jeune femme, catholique pratiquante, est venue nous voir... pas du tout parce qu'elle réprouve l'homosexualité, mais au contraire, parce qu'elle s'inquiète de la radicalisation de sa sœur, catholique également, depuis la manif' pour tous.
Décidément, mariage d'un côté, manif' de l'autre, on y revient.
- A ce moment-là, d'ailleurs, complète Anaïs notre trésorière était présente à Jean-Monnet, quand une bande d'extrême-droite a fait irruption pour perturber un débat...
On en profite pour lui faire remarquer qu'elle parlait d'obscurantisme tout à l'heure, un mot qui a une connotation religieuse... Et tant qu'on y est, que pensent-elles de l'élection de Laurent Wauquiez à la région ?
- Si quelqu'un, chez nous, a voté pour lui, c'est qu'il y a malentendu, répond Lucie tout net.
C'est dit. "Mais pour l'instant, les Démineurs s'occupent bien davantage de rencontrer élus, officiels et acteurs associatifs (notamment associations et structures stéphanoises LGBT), pour parler de leur projet : traquer l'ignorance, avec persévérance et bonne humeur, jusque chez les LGBT eux-mêmes."
"Il nous est arrivé de discuter avec des personnes homosexuelles qui s'auto-dénigrent, qui ont elles-même une image de l'homosexualité fausse et infériorisante. On remarque que même au sein de la population LGBT, il y a du travail." Où chercher les raisons d'un tel auto-dénigrement ? L'éducation ou le profil socio-culturel ? Tout naturellement, la discussion s'engage, passionnante, entre Lucie et Anaïs. C'est vrai que l'on échange beaucoup, chez les Démineurs, et ça donne tout de suite envie de se joindre à eux. Tant mieux, ils ne demandent que ça."
- Pour l'instant, nous en sommes à 55 adhérents, à 5 € l'année. Des étudiants et des actifs, des jeunes et des moins jeunes... notre aîné à 67 ans ! Bref, des LGBTH dans toute leur diversité !
Avant de partir, on passe en revue les projets 2016, de janvier à avril : une projection avec une association locale, un café-lecture, une soirée festive et une participation aux Olympiades étudiantes, sans oublier la mise au point d'un teaser pour présenter l'association
Pour rire, on leur suggère de terminer l'année en faisant venir Christine and the Queens en concert à Saint-Etienne.
- Oh Ouaaais ! répondent-elles en chœur, et on se dit qu'avec ces Démineurs-là, rien n'est vraiment impossible.
Je les regarde s'éloigner. Sous leurs pieds, l'arc-en-ciel revient.
.[author] [author_image timthumb='on']http://www.pourparlers.eu/wp-content/uploads/2015/11/Mickael-petit-e1449481311711.jpg[/author_image] [author_info]Né en 1978, artiste-peintre de formation, Mikaël Petit met en scène le corps humain dans des encres et des peintures exposées en France et à l'étranger. Il est aussi écrivain et a publié 2 romans : La Peau de l'ours et La Paire et le maire. Il a illustré Les Coquineries gagasses, sur les brasseries et maisons closes stéphanoises. Son dernier livre L'ombre entière de ton corps ( Abatos) est disponible Mikaël Petit vit et travaille à Saint-Etienne[/author_info] [/author]
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