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Dire que "Mercenaire", long métrage remarqué à la Quinzaine des réalisateurs du dernier festival de Cannes et primé au festival d’Angoulême, était attendu par les calédoniens serait un euphémisme. Car le film, tourné en partie sur le Caillou, dessine le subtil portrait d’un enfant du pays d’origine wallisienne qui ose braver la violence de son père pour aller tenter sa chance dans le sud-ouest de la France. En perspective, l’espoir de devenir joueur de rugby professionnel. Un rêve commun à beaucoup de jeunes sportifs en Nouvelle-Calédonie où les projets cinématographiques sont inexistants. La sortie de ce film ne pouvait donc susciter qu’enthousiasme et intérêt. A raison, puisque le premier bébé artistique de Sacha Wolff frappe fort. Le réalisateur de 34 ans pose, en effet, un regard extrêmement réaliste et bienveillant sur Soane, personnage principal interprété par Toki Pilioko.
Loin des clichés des joueurs riches et célèbres qui foulent le gazon sous les tonnerres d’applaudissement du public, c’est la réalité ordinaire du milieu du rugby qui jaillit: la brutalité des clubs amateurs qui marchandent un gamin d’à peine 20 ans telle une pièce de bétail, le salaire mensuel misérable de 400 euros, les produits dopants qu’on le force à avaler afin de gonfler sa carrure ou encore l’ignorance des joueurs métropolitains qui sombrent dans des amalgames et confondent polynésiens et maoris, haka et folklore ...
De sport à proprement parler il n’en est jamais question. A la manière de "Million dollar baby" de Clint Eastwood, c’est la question identitaire qui résonne tout au long du film. Et nous étourdis, comme après un marron en pleine figure que l’on n’avait pas appréhendé.
"Mercenaire" de Sacha Wolff avec Toki Pilioko, Iliana Zabeth, Laurent Pakihivatau, Mikaele Tuugahala, Petelo Sealeu - 1h52 actuellement au Ciné City de Nouméa, Nouvelle-Calédonie.