Intéressants développements dans la campagne présidentielle américaine : le FBI vient de rouvrir l’enquête sur Clinton. Ou plus ou moins…
Soyons honnête : pour l’observateur extérieur, il devient compliqué de comprendre quelque chose dans les positions du FBI, et dans l’impact qu’elles peuvent avoir sur les très prochaines élections américaines. Par voie de conséquence, il devient impossible de faire des prévisions un tant soit peu solides sur le résultat de ces élections qui promettent, en tout cas, une solide dose de spectacle et d’imprévus.
Et avec les dernières déclarations de Comey, le directeur du FBI, c’est à un nouveau rebondissement de ce spectacle qu’on assiste. En substance, ces déclarations reviennent sensément à signaler à l’ensemble du corps électoral que la candidate Clinton pourrait avoir du souci à se faire ; c’est en tout cas la théorie séduisante tenue par Scott Adams, l’auteur du cartoon Dilbert, qui explique que dans chacune de ses interventions, Comey aurait toujours placé les intérêts de son pays avant tout le reste.
Au final, cela revient à mettre les États-Unis dans une situation délicate puisque celle qui pourrait devenir présidente pourrait aussi se retrouver emberlificotée dans une enquête fédérale à peine élue, enquête qui aboutirait potentiellement à sa destitution (« empeachment »). Le peuple américain se retrouve à devoir factoriser dans son vote ce risque délicat à évaluer.
Une autre théorie tout aussi séduisante serait que Comey et le FBI sont un peu mieux au courant des courants d’opinion que les médias traditionnels, quasiment auto-intoxiqués par leur ferveur presque unanime à voir Clinton élue. Pour Comey, lâcher de telles informations à quelques jours du vote reviendrait à prêter allégeance à la future administration Trump.
Finalement, peu importe laquelle de ces deux théories (ou toute autre qui vous plaira) est la bonne. Il n’en reste pas moins que les sondages actuels, ceux-là même qui donnaient Clinton gagnante de façon quasi-certaine il y a une semaine, s’en tiennent maintenant à une victoire plus serrée. Pour d’autres, les scores des deux candidats sont à ce point proches qu’ils sont dans les marges d’erreur, rendant l’exercice particulièrement illisible. Enfin, il est difficile de totalement ignorer un phénomène de sous-déclaration de la part des votants penchant pour Trump, qui n’est pas sans évoquer celui qui avait encore cours en France pour le Front National il y a quelques années.
Autrement dit, si, sur le papier, le score de Clinton lui permet d’être élue dans un fauteuil, l’actuel paysage politique américain, ses sondages, les affaires criminelles et la nature même du vote américain (avec ses grands électeurs et ses « swing states ») rendent l’ensemble hautement imprévisible.
En pratique, tout ceci a un parfum de Brexit : tout comme pour ce référendum qui en attrapa plus d’un par surprise, les messages des deux camps se sont fort polarisés. Tant pour le Brexit que pour Trump, les opposants n’ont pas hésité à ressortir les accusations de racisme, de xénophobie, de repli sur soi. Tant pour le Brexit que pour Trump, la presse aura souvent présenté les partisans comme des personnes pas toujours informés, voire intellectuellement amoindries. Tant pour le Brexit que pour Trump, la structure des paris chez les bookmakers anglais et américains donne à réfléchir, avec 71% de l’argent misé sur une victoire de Clinton, mais avec, en nombre, une large majorité (65%) de paris pro-Trump.
En conséquence de ces éléments, je ferai une prévision, relativement périlleuse (soyons joueur), celle que Trump sera élu. J’ai, bien sûr, de gros risques de me planter en faisant un tel pari et si c’est le cas, je le reconnaîtrais d’autant plus aisément que ni Trump, ni Clinton ne représentent une quelconque victoire pour qui que ce soit, ni ici, ni Outre-Atlantique.
En effet, pour le libéral que je suis, le programme proposé par Trump ne permet pas de voir la fin du tunnel d’interventionnisme tous azimuts ; quant au programme de Clinton, il est rempli des mêmes âneries économiques que celui d’Obama, ce qui continuera de pousser l’Amérique vers les bourbiers de la sociale-démocratie la plus pâteuse. Si on peut se rassurer de la relative neutralité de Trump vis-à-vis des Chinois et des Russes, son inexpérience complète sur le plan international laisse planer des doutes sur sa capacité à résoudre des crises qui surviendront inévitablement, à commencer très probablement par celle qui secouera les marchés s’il est élu. A contrario, Clinton fera indéniablement preuve de plus d’expérience dans la résolution de conflits internationaux, mais on est en droit de se demander si elle ne sera pas directement responsable de les avoir créés en premier lieu.
Bref, l’un comme l’autre semblent, au moment où ces lignes sont écrites, à peu près équivalents en terme de médiocrité. Peut-être le FBI en sait-il suffisamment plus long sur Clinton pour lui préférer Trump ?
Quoi qu’il en soit, et malgré les perspectives assez peu réjouissantes que ce couple de candidats offre à l’Amérique, une victoire de Trump représenterait cependant au moins une raison de se réjouir : avec un tel résultat, voilà une belle catastrophe pour les instituts de sondages, devenus incapables de sonder ; voilà une grosse gamelle pour nombre de médias trop massivement pro-Clinton qui n’ont pas réussi, avec toute leur puissance de feu, à faire barrage au candidat honni.
Trump élu, on peut s’attendre dans les médias à un instant d’effroi tout à fait comparable à celui qui a suivi le surprenant Brexit, la même réalisation que leur rôle est de moins en moins pertinent et que l’argent qui est investi en eux n’est plus du tout aussi bien investi que dans d’autres supports, d’autres méthodes.
Par ailleurs, et n’en déplaise à ceux qui ne voyaient dans le Brexit qu’un message xénophobe ou de repli sur soi nationaliste, n’en déplaise à ceux qui ne voient en Trump qu’un populiste xénophobe offrant un facile repli sur soi nationaliste, le fait qu’une majorité d’électeurs fasse un choix si peu consensuel, si fracturant, malgré la bordée de qualificatifs négatifs qui lui sont attachés, implique que ces formes bien spécifiques de politiquement correct ont vécu.
Or, toujours dans cette hypothèse de Trump élu, on peut parier sur la non prise en compte obstinée de ce changement drastique de l’opinion par les médias. Vous verrez qu’à l’instar des descriptions larmoyantes de ceux qui avaient voté le Brexit sur le mode « ils n’ont pas compris ce qu’ils votaient », nous bénéficierons de reportages sur ces idiots utiles qui regrettent d’avoir voté Trump (larme à l’œil) et qui « n’ont pas compris ce qu’ils votaient ». Parions aussi qu’on nous ressortira l’un ou l’autre reportage sur des Rednecks idiots détenteurs d’armes à feu qui se réjouiront niaisement de leur nouveau président, qu’on les prendra comme exemple du citoyen américain moyen, bas du front donc méprisable, qui ont poussé leur pays dans la folie du racisme, de la xénophobie, du nationalisme et du repli sur soi, gnagnagna…
Certes, Trump président, ce n’est vraiment pas la grande classe pour l’Amérique. Mais la déconfiture magistrale du Camp du Bien qui l’accompagnerait adoucira grandement ce résultat.
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