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Une chercheuse rochelaise se bat pour la justice climatique

Publié le 31 octobre 2016 par Blanchemanche
#justiceclimatique
Publiéle 31/10/2016  par Agnès Lanoëlle
Une chercheuse rochelaise se bat pour la justice climatiquePour Agnès Michelot, juriste et enseignante à l’université de La Rochelle, la justice climatique est un enjeu de société. L’idée : le réchauffement va creuser les inégalités, il va donc falloir anticiper© PASCAL COUILLAUD / « SUD OUEST »

 Agnès Michelot entend faire de la justice climatique un enjeu de société. Elle vient de co-signer un rapport avec le climatologue Jean Jouzel

En 2010, il n'y a donc pas si longtemps, la juriste et chercheuse rochelaise Agnès Michelot avait dû trouver un autre titre à sa conférence consacrée à la « justice climatique ». C'est dire si son sujet était encore confidentiel et peu dans les feux de l'actualité. « Personne ne voyait de quoi je voulais parler. J'avais fini par baptiser ça : équité et environnement » se souvient-elle, pas rancunière. Membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE), elle vient de cosigner un rapport de 70 pages avec le célèbre climatologue Jean Jouzel.

Une question éthique

Le binôme aux compétences complémentaires a passé tout l'été à auditionner des experts, des économistes, des élus, des associations humanitaires à l'image d'ATD Quart Monde ou de la fondation Abbé Pierre pour rédiger un avis. Les deux signataires viennent de le présenter devant l'Assemblée nationale à Paris et le défendront encore lors de la COP 22 à Marrakech, au Maroc, du 7 au 18 novembre. Pour Agnès Michelot, il ne s'agit plus de convaincre les sceptiques de l'urgence climatique : on y est. Mais il faut maintenant que les politiques et le grand public comprennent que les dérèglements climatiques vont creuser des inégalités.Le sujet de la justice climatique n'est pas encore véritablement rentré dans tous les esprits mais le débat avance grâce, entre autres, à des personnalités éclairées comme cette enseignante-chercheuse à l'université de La Rochelle, directrice de laboratoire et présidente de la Société française pour le droit à l'environnement. Ces dernières années, cette spécialiste en a fait son cheval de bataille. Son constat est simple : la question climatique, souvent abordée sous l'angle des modèles économiques et des évolutions technologiques, mérite également d'être envisagée sous l'angle des valeurs et de l'éthique. En résumé, c'est un sujet qui n'avait jamais été mis sur la table.

Déni de démocratie

Les accords de Paris, fin 2015, ont participé à le mettre en lumière. « L'objectif de la justice climatique, c'est de tout faire pour que le réchauffement n'accroisse pas les inégalités. On sait aujourd'hui, que les changements climatiques peuvent avoir des conséquences sur les populations les plus démunies », explique-t-elle. Concrètement, cela signifie quoi ? « Si les canicules reviennent tous les quatre ou cinq ans au lieu de tous les ans, un sans abri ne saura pas se protéger ni s'adapter. Bref, les plus démunis sont les plus exposés aux changements climatiques et les moins capables de s'adapter », assure la chercheuse.Sa réflexion ne s'arrête pas là et veut bousculer les idées. « Si on ne met pas ça au cœur des politiques publiques, c'est une sorte de déni de démocratie. Oui c'est un enjeu de société très fort, de solidarité et de cohésion sociale », martèle-t-elle sans peur d'être excessive. Elle ne manque pas d'exemples d'injustices climatiques et va les chercher là où on ne s'y attend pas toujours : entre homme-femme parce que « la femme est économiquement plus vulnérable » ou entre secteurs économiques.

Près de chez nous

Pour populariser son propos, la juriste a aussi compris qu'il ne fallait pas toujours aller chercher bien loin. La justice climatique ne concerne pas seulement les populations des pays en voie de développement, elle est aussi ici en France. Chez nous, la viticulture ou la sylviculture n'échapperont pas aux dérèglements du climat et vont devoir s'adapter, dit-elle. Dans son petit bureau de l'université rochelaise à quelques mètres de la plage, Agnès Michelot est une scientifique combative. Vaut mieux. « Porter ce sujet-là en France n'est pas évident. Mais il y a une prise de conscience. Cet été, lors de la rédaction du rapport, la société civile, les syndicats, le Medef… se sont appropriés le sujet », se réjouit-elle.Ces derniers temps, la juriste regrette de s'être un peu éloignée du terrain et des voyages qu'elle faisait alors jeune chercheuse. C'est en se rendant en Afrique ou en Inde pour le compte de l'Unesco qu'Agnès Michelot s'est forgée la conviction que la survie de certaines populations étaient liée à la problématique environnementale. « Vous prenez conscience que certaines actions vont avoir des conséquences graves sur les populations les plus démunies. Que le climat a un impact direct sur la faune, les ressources et donc l'Homme. » Il y a quelques années, ses interlocuteurs ne voyaient pas toujours de quoi elle parlait. Aujourd'hui, la juriste a l'impression d'un peu moins prêcher dans le désert.http://www.sudouest.fr/2016/10/31/la-justice-climatique-un-enjeu-2552793-4723.php

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