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Opération recrutement chez les Fintech

Publié le 27 octobre 2016 par Vincentpaes
les Fintech se taillent la part du lion : SlimPay affiche 4 068 % de croissance sur quatre ans, Yomoni gère six millions d’euros d’encours après seulement un an d’existence tandis que le numéro un français du prêt en ligne Lendix part à la conquête du marché espagnol. Et pour faire face à cette envolée, elles sont de plus en plus nombreuses à devoir renforcer leurs équipes. Comme l’observait récemment le président de France Fintech, Alain Clot, « les Fintech recrutent en permanence ». Au Royaume-Uni, les cabinets et autres plateformes de recrutement, comme Efinancialcareers.com, ne s’y sont d’ailleurs pas trompés en proposant très tôt des services dédiés aux besoins très spécifiques des Fintech. Bref, qu’elles soient plateformes de prêt, robo-advisors ou bien solutions de paiement, les jeunes pousses sont à l’affut de talents prêts à les suivre dans leurs aventures. Reste que la réalité du marché du recrutement est souvent bien loin de leurs espérances. Crédit : fintech par Shutterstock Crédit : fintech par Shutterstock Crédit : fintech par Shutterstock Aaron O'Hearn, fondateur du Startup Institute, dresse un bilan sans appel : « Il est alarmant de constater l'ampleur des difficultés de recrutement au sein de la communauté des start-ups ». En Allemagne, 73 % des jeunes pousses reconnaissent avoir des difficultés à recruter du personnel dans leur univers (enquête du cabinet d’audit et de conseil PwC). Les Fintech se livrent alors à une compétition effrénée pour recruter la perle rare. Résultat, le data scientist, nouveau talent très convoité du numérique, évolue tel un mercenaire passant d’une entreprise à une autre et glisse entre les doigts des startupers.

Pourtant, les Fintech proposent un environnement propice au développement de ce type de profil. L’autonomie, la liberté d’orienter la stratégie R&D, l’implication dans la mission de l’entreprise sont autant d’avantages qui peuvent convaincre les data scientists de rejoindre une Fintech. Chez Finexkap, il nous a fallu plusieurs mois avant de parvenir à mettre la main sur la bonne personne. Comme d’autres Fintech la data science est un enjeu majeur de notre technologie, pierre angulaire de notre valeur ajoutée. Au-delà des seules considérations technologiques, les Fintech recherchent des talents à la hauteur de leurs ambitions qui puissent allier expertise financière et esprit d’innovation. Et c’est là où le bât blesse : concilier les deux dimensions se révèle plus compliqué que prévu. Très vite, c’est une véritable quête du Graal qui se met en place.
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Avec l’ambition de casser les codes et de repenser l’expérience utilisateur, les Fintech doivent s’appuyer en interne sur des expertises issues des métiers de la finance ; que ce soit l’industrie du prêt, des moyens de paiement ou en encore de la gestion privée. Et, en général, la plupart de ces profils se dénichent entre les murs d’établissements traditionnels. Seul hic : ces derniers, confrontés à un véritable fossé culturel, peinent à s’adapter au mode de fonctionnement des startups. Leurs grilles de lecture, leurs méthodes et leurs réflexes acquis tout au long d’années d’expérience ont la dent dure et se révèlent stériles au sein d’organisations agiles, à la hiérarchie horizontale. Pour Alice Zagury, CEO et co-fondatrice de The Family, beaucoup de personnes dans les grands groupes « plafonnent en ce moment et les startups peuvent être une soupape extraordinaire. Ils savent travailler, ils ont de l’expérience et du réseau, mais ils sont peu opérationnels et veulent résoudre tous les problèmes du monde par l’argent ».

Pour y remédier, l’incubateur a lancé un programme de formation au travail en startup. L’objectif : enseigner à des personnes déjà formées ou expérimentées ce que développement, gestion de la croissance et opérationnel veulent dire. En observant de plus près on s’aperçoit que les Fintech ont tendance à faire évoluer leur management au rythme de leur croissance. A l'image d’un LendingClub dont le directoire s’est vu peuplé de figures du secteur plusieurs années après son lancement pour faire face à des problématiques de plus grande ampleur. Idem pour FundingCircle qui vient de débaucher un senior de la Barclays, Jerôme Le Luel, en qualité de credit risk officer. Dans leurs stratégies de recrutement, le regard des jeunes Fintech se tourne surtout vers les digital natives, dont les sociologues ne cessent de décrire l’audace, l’initiative, la recherche de sens et la force de proposition permanente. Comme l’explique Marylène Delbourg-Delphis, une des premières femmes entrepreneures à avoir investi la Silicon Valley, « ils ont envie d’être le porte-parole de ce qu’ils créent au sein de l’entreprise, de porter le flambeau en quelque sorte, et surtout d’être passionnés ». Une attitude impliquée bien différente de celle de leurs aînés, censés cultiver un rapport plus conventionnel et distant avec leur travail. Poussés vers le monde entrepreneurial par les Xavier Niel, Jean-Baptiste Rudelle et autres Frédéric Mazzella, ces jeunes talents ne maîtrisent pourtant pas les expertises financières requises par les Fintech.

Ces dernières déploient alors des formations en interne afin de les aider à comprendre les enjeux opérationnels et assurer leur montée en compétence. L’enseignement supérieur réfléchit de son côté à la création de cursus adaptés pour répondre aux besoins des startups de la finance. L’Ecole supérieure d’ingénieurs Léonard de Vinci (ESLV) a par exemple ouvert en septembre dernier une filière « Fintech ». Dans un communiqué de presse, l’école souligne que « les étudiants de la filière « Fintech » seront polyvalents et opérationnels » et espère même « que certains créeront les startup Fintech de demain ». A la croisée des chemins entre les univers de la finance et des nouvelles technologies, les Fintech ont des besoins de recrutement nouveaux qui évoluent tout au long de la croissance de l’entreprise. S’il est pertinent, durant les phases d’amorçage et de développement, de s’entourer de profils dotés d’une fibre à la fois entrepreneuriale et technologique, il faudra se tourner vers des profils pourvus d’une expérience finance solide une fois l’entreprise parvenue à maturité. Dans quelques années, cumuler esprit entrepreneurial, technologique et financier ne relèvera plus de la gageure. En attendant il faut réussir à trouver le bon équilibre entre tous ces profils. Mais comme l’a dit très justement Alan Kay : « la meilleure façon de prédire l’avenir, c’est de l’inventer ». Alors, inventons.

A propos des auteurs :  Arthur de Catheu et Cédric Teissier sont dirigeants fondateurs de Finexkap.

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