En vue de son projet de renforcer son aspect communautaire, Allociné a invité hier soir au cinéma Pathé Wepler les membres les plus actifs de sa blogosphère et de ses forums ainsi que d'autres blogueurs ou journalistes cinéma. Les heureux élus, dont je faisais partie, se sont vus offrir un cocktail dinatoire mis en place pour permettre aux différents membres de la communauté de faire connaissance. Le cocktail étant bref et la timidité parfois de rigueur, les échanges furent tout de même assez limités bien que plaisants. L'occasion pour moi de recroiser une Cinémaniac ou de faire connaissance avec une blogueuse adepte des dernières séances. Quel rapport avec Wall-E me direz-vous. C'est tout simple : afin de gâter ceux qui contribuent avec passion à rendre Allociné interactif , les membres du site ont offert à tous une projection en exclusivité du dernier Pixar. Après le succès retentissant de Ratatouille l'an dernier, il est temps de faire connaissance avec ce nouveau héros, petit robot découvrant l'amour...
La critique
Un film d'animation engagé, pour petits et grands, cinéphiles exigeants et grand public : universelDans un futur assez éloigné, le petit robot Wall-E passe son temps à nettoyer ce qu'il reste de la Terre, c'est à dire une quantité assez phénoménale de déchets. Menant une existence très solitaire, il se met à rêver d'amour en regardant le film Hello Dolly. Le hasard faisant bien les choses, voilà que débarque un robot féminin et très moderne, d'une blancheur éblouissante et qui répond au doux prénom de Eve. Wall-E tombe instantanément amoureux de ce petit bout dont la mission consiste à chercher si de la verdure, donc de la vie, peut encore pousser sur la planète. D'abord très sauvage, Eve se laisse peu à peu approcher par notre maladroit héros. Puis voilà qu'elle trouve une petite plante prête à pousser. Pas le temps de s'expliquer, Eve est directement propulsée sur son vaisseau spatial. Wall-E parvient à la suivre et découvre une population humaine complètement lobotomisée , vivant dans une sorte de supermarché géant. Le commandant propriétaire de Eve est stupéfait de la voir ramener ce bout de verdure, promesse d'une vie possible sur la Terre. D'abord frileux à l'idée de quitter son petit coin de paradis (qui s'apparente au final à un bel enfer) , il va peu à peu se passionner pour la Terre, ses coutumes, ses humains. Mais les machines, qui ont pris le contrôle, ne semblent pas vouloir le laisser quitter le vaisseau. La lutte commence alors tandis que Wall-E se met à espérer une belle histoire d'amour avec Eve...
Avec Wall-E , Pixar ne se contente pas de livrer un nouveau film d'animation divertissant et visuellement épatant. Les créateurs de ce nouveau héros archi mignon et attachant ont pris de véritables risques dans le fond comme dans la forme et positionne désormais clairement les films d'animations d'aujourd'hui comme des oeuvres susceptibles de toucher tous les publics, des plus jeunes aux plus âgés. Quelques minutes seulement suffisent pour créer une véritable atmosphère, un univers, à la fois beau et inquiétant. Car mine de rien en découvrant le quotidien de Wall-E nous assistons à la fin de la Terre. Les humains ont laissé la place aux robots et aux déchets. En débarquant dans le vaisseau d'où vient Eve, Wall-e découvre une société assez effrayante. Les gens sont des êtres humains qui baignent dans un univers asceptisé, qui fait certes rêver de par ses couleurs et son côté pratique mais qui nous rappellent aussi et surtout à quel point la société de consommation est une menace pour la Planète entière. Les habitants du vaisseau sont une caricature assez osée de l'américain débile de base comme certains se plaisent à les imaginer. Gros, assisté, toujours devant un écran et en train de manger de la junk food. Les méthodes de promotion des supermarchés sont devenues leur mode de vie, une règle indispensable à leur survie. Ces bonhommes grassouillets sont tellement lobotomisés et assistés qu'ils ne parviennent même plus à marcher ou penser par eux-mêmes. Ils se déplacent dans des fauteuils futuristes, ne passent leur journée qu'à consommer selon ce que les médias leur dictent et ne savent même plus ce que le mot "relation" signifie. Enfermés dans un monde individualiste pronant une fausse liberté , ils sont revenus à un état primitif qui fait froid dans le dos. C'est simple : Wall-E et Eve, les robots, sont beaucoup plus humains que ces gens là qui en sont arrivés à faire des "holo rencontres" (le digne successeur de la rencontre internet?) qui riment la plupart du temps avec échec.
La société de consommation comme danger pour l'environnement mais aussi et surtout pour l'homme : un propos assez surprenant que l'on n'attendait guère dans un film Disney/Pixar. Il s'agit donc là de l'un des films les plus engagés du studio. Et l'innovation ne s'arrête pas là. Sur sa durée totale, le film doit comprendre au maximum 10 minutes de dialogues. Un film d'animation muet ? Presque ! Wall-E réussit l'exploit de faire passer une quantité infinie d'émotions (amour, humour, tristesse) par le simple mais énorme pouvoir de ses images. Tout est montré, tout est suggéré et au final tout est dit. Pixar refait l'histoire de l'humanité sur fond d'amour universel et ça fonctionne de bout en bout. De ce film mignon bourré de qualités, on ne pourra retenir que très peu de défauts. Si on veut chipoter on pourra dire qu'en plein milieu le film subit une petite baisse de régime. Mais l'ensemble est tellement novateur, bien fichu et bien pensé que l'engouement à la sortie de salles est de mise. Une belle réussite et un tournant pour le genre...
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