Trump vs Clinton : quel est le plus écolo des deux ?

Publié le 25 octobre 2016 par Bioaddict @bioaddict
L'écologie est-elle un thème phare de la campagne présidentielle américaine ? Quels sont les engagements de Donald Trump et d'Hillary Clinton concernant le réchauffement climatique, les énergies vertes, les OGM, les pesticides, l'agriculture biologique ? Enquête.

Après étude des programmes et propositions des deux candidats qui s'affrontent dans la course à la Maison Blanche aux Etats-Unis, une chose est sûre... on ne peut que constater que l'écologie n'est vraiment pas une priorité ni même une thématique d'avenir. Pour Donald Trump, climato-sceptique, elle est un frein à l'économie qu'il promet de desserrer au plus vite. Pour Hillary Clinton, elle se limite à la lutte contre le réchauffement climatique. La candidate affiche un ambitieux projet pour développer les énergies renouvelables et réduire la consommation de pétrole des Américains, tout en soutenant l'exploitation des gaz de schistes. Les deux candidats ne disent peut-être pas tout à fait ce qu'ils pensent sur le sujet...

L'écologie n'est pas un thème phare de la campagne présidentielle américaine. Il suffit de regarder les sites des deux candidats pour s'en convaincre. Sur celui de Donald Trump, le sujet n'est pas abordé. Pas un mot. Hillary Clinton affiche quant à elle de grandes ambitions mais seulement pour le climat. Le réchauffement climatique, seul aspect de l'écologie abordé pendant la campagne, est un point de clivage entre Républicains et Démocrates. Les Républicains sont majoritairement climato-sceptiques -et frileux sur les questions environnementales- alors que les Démocrates sont davantage prêts à s'engager. Pour les observateurs américains, le poids des lobbies pétroliers dans la course à la présidentielle rend difficile tout programme environnemental ambitieux. Le débat tourne surtout autour des questions de sécurité et d'immigration.

Pour Donald Trump, le réchauffement climatique est un canular mais il en tient compte

Donald Trump, dès le début de sa campagne, s'est positionné contre l'écologie. Il a défini le changement climatique comme un hoax, un canular, selon PolitiFact. Il a même estimé que " le concept de réchauffement climatique a été créé par les Chinois et pour les Chinois afin de rendre l'industrie manufacturière américaine moins compétitive ". Puis il a nuancé ses propos face aux attaques du camp adverse et pour ménager les électeurs de son camp sensibles au climat, en déclarant : " Evidemment, c'était une blague ". Cependant, " le changement climatique est une forme de taxe très très chère " a-t-il regretté, et si les Chinois ne l'ont pas inventée " ils en bénéficient ".

Pas question de renforcer les mesures en faveur de l'écologie. Au contraire. S'il est élu président, Donald Trump taillera dans le budget des agences fédérales de régulation, à commencer par l'Environmental Protection Agency qui crée " des normes à tout-va " et freine l'économie. Il a promis à ses électeurs de réduire le budget des agences de 70%, son conseiller a rectifié ensuite le tir pour annoncer une baisse de 10%, rapporte le magazine économique américain Fortune.

Il veut extraire plus du charbon, de gaz de schistes et dénoncer l'accord de Paris

Pire : Donald Trump remettrait en cause les mesures visant à limiter l'impact environnemental de l'exploitation du charbon, prises par l'administration Obama. " Les régulations qui ferment des centaines de centrales à charbon et bloquent la construction de nouvelles, quelle stupidité ! ", a-t-il jugé. Idem pour les gaz de schistes : le candidat des Républicains veut assouplir la réglementation du secteur pour rendre plus compétitives les entreprises de forage. " Si nous ne développons pas la fracturation hydraulique, nous resterons dépendants du Moyen-Orient pour notre énergie ", estime-t-il. Il n'est donc pas surprenant qu'il soit favorable au projet d'oléoduc géant Keystone XL enterré par Obama, conçu pour transporter les sables bitumineux de l'Alberta au Canada jusqu'aux raffineries du Golfe du Mexique. Il projette de l'autoriser " sans hésitation ".

Donald Trump veut encore remettre en cause d'autres décisions de l'administration Obama et notamment celle concernant l'accord de Paris sur le climat. " Je vais annuler l'accord de Paris sur le climat ", a-t-il promis. Ses raisons ? " Cet accord donne à des bureaucrates étrangers le contrôle sur la façon et la quantité d'énergie que nous pouvons consommer dans notre pays. Pas question ! ". Selon lui, les règles adoptées fin 2015 lors de la COP 21 à Paris, vont " tuer l'emploi et le commerce ". Pourtant, l'homme n'est pas inconscient des effets du réchauffement climatique. Pour preuve, il a fait construire un mur dans le but de protéger de la montée des eaux un de ses golfs, situé sur le littoral irlandais, selon le site Politico. Son discours, qui peut se résumer à " des jobs plutôt que le climat ", ne viserait-il qu'à séduire son électorat ?

Hillary Clinton, une pro-OGM proche de Monsanto

On ne peut pas dire non plus qu'Hillary Clinton soit écologiste. Ses liens avec Monsanto, son soutien des OGM, sont connus et lui ont valu la défection de supportrices dans l'Iowa, état où est cultivé en quantité le maïs OGM, selon le Washington Times. Des câbles WikiLeaks, analysés par l'ONG Food and Water Watch, ont révélé comment Hillary Clinton a poussé à l'expansion des OGM notamment dans les pays en voie de développement. Autre marque de proximité : elle a embauché un lobbyiste de Monsanto, Jerry Crawford, pour mener sa campagne électorale. Et Monsanto ainsi que l'entreprise d'agrochimie Dow chemical soutiennent généreusement la Fondation Clinton, selon le Huffington Post.
On peut en déduire sans risque d'erreur que la traçabilité des OGM et la réduction des utilisations de pesticides - et donc le développement de l'agriculture biologique - sont plus qu'improbables aux Etats-Unis si elle est élue.

Faire de l'Amérique " une superpuissance mondiale des énergies propres "

En revanche, l'ex-première dame des Etats-Unis annonce de grandes ambitions pour lutter contre le réchauffement climatique. "Je refuse de tourner le dos à l'un des plus grands défis faisant face à l'Amérique, et l'une des plus grandes opportunités", a déclaré Hillary Clinton en juillet 2016, dans l'Iowa. "Nous ferons de l'Amérique la superpuissance mondiale des énergies propres".

Elle veut installer un demi-milliard de panneaux solaires d'ici la fin de son premier mandat et développer suffisamment les énergies renouvelables pour alimenter tous les foyers américains, y compris les foyers modestes, tout en créant des emplois bien payés.

Autre axe de lutte : la chasse au gaspillage d'énergie dans les maisons, les écoles, les hôpitaux, les bureaux et les usines grâce à des équipements plus performants. Quant à la consommation de pétrole des américains, elle se fixe pour objectif de la réduire d'un tiers. Comment ? Grâce à des carburants plus propres et des voitures, camions, bateaux et chaudières plus performants. On devine que ce projet passe malheureusement par un accroissement de la production d'éthanol de maïs -OGM bien sûr- déjà considérable (1/3 de la récolte est transformé en éthanol) alors qu'il n'est pas un carburant propre et pose d'énormes problèmes alimentaires.

Des pétroliers parmi les donateurs de sa fondation

Elle annonce d'autres intentions sur son site : réduire les émissions de méthane, nettoyer 450 000 sites contaminés, créer un groupe de travail sur la justice climatique, renforcer la protection des ressources naturelles, accroitre l'accès aux parcs et terrains publics.
Le plan d'Hillary Clinton, le Clean Energy Challenge, serait doté de 60 milliards de dollars. Où trouverait-elle cet argent ? En piochant dans les milliards de subventions alloués aux compagnies pétrolières et gazières.

Mais son discours n'est pas sans contradiction. Certes, elle a pris tardivement position contre le projet KeyStone XL évoqué plus haut, mais elle ne remet pas en cause l'extraction d'énergies fossiles sur le sol américain et se dit favorable à la fracturation hydraulique pour extraire le gaz de schiste. Faut-il y voir un lien avec les généreux donateurs de sa fondation* que sont les entreprises pétrolières comme ExxonMobil et ConocoPhillips ?

Aussi, l'on est en droit de se demander si les ambitions climatiques d'Hillary Clinton ne sont pas destinées à séduire l'électorat du candidat écologiste Bernie Sanders. Et ce qu'il en restera si elle accède au pouvoir.

Anne-Françoise Roger

* lire les articles : "Oil Companies Donated To Clinton Foundation While Lobbying State Department" sur ibtimes.com, "The Clinton Foundation's Cozy Ties with Exxon" sur huffingtonpost.com, et "Les embarrassants donateurs de la fondation Clinton" sur liberation.fr.