[Critique] Don’t Breathe – La Maison des Ténèbres

Par Wolvy128 @Wolvy128

Pour échapper à la violence de sa mère et sauver sa jeune sœur d’une existence sans avenir, Rocky (Jane Levy) est prête à tout. Avec ses amis Alex (Dylan Minnette) et Money (Daniel Zovatto), elle a déjà commis quelques cambriolages, mais rien qui leur rapporte assez pour enfin quitter Détroit. Lorsque le trio entend parler d’un aveugle (Stephen Lang) qui vit en solitaire et garde chez lui une petite fortune, ils préparent ce qu’ils pensent être leur ultime coup. Mais leur victime va se révéler bien plus effrayante, et surtout bien plus dangereuse que ce à quoi ils s’attendaient… Tel est le pitch de Don’t Breathe – La Maison des Ténèbres, nouveau thriller horrifique de Fede Alvarez.

Déjà à son aise dans le remake d’Evil Dead en 2013, le réalisateur uruguayen Fede Alvarez délivre à nouveau une superbe mise en scène dans Don’t Breathe, se laissant même aller à de somptueux plans séquences. J’en veux par exemple pour preuve la formidable scène d’entrée dans la maison. Techniquement, le film est parfaitement maîtrisé et exploite de belle façon le terrain de jeu – une maison plongée dans l’obscurité – que lui offre le récit. Seul problème ? Les qualités du long-métrage s’arrêtent là… Passé la réalisation soignée, le thriller s’inscrit effectivement dans la parfaite lignée de la plupart des productions horrifiques récentes. A savoir celle d’un film enchaînant les incohérences et les décisions stupides avec une facilité déconcertante. En même temps, avec un trio de cambrioleurs aux motivations plus que douteuses et à l’intelligence pour le moins limitée, pas étonnant que l’opération parte si rapidement en cacahuète. Plus sérieusement, toutes les scènes susceptibles de bousculer un tant soit peu le spectateur sont provoquées de manière factice par des choix discutables des personnages, affaiblissant du coup leur impact.

Le film verse aussi régulièrement dans l’opportunisme primaire en accumulant beaucoup trop les circonstances « arrangeantes » (bruit opportun, panne/absence de téléphone, chance anormalement élevée…) que pour rester crédible sur la durée. Et que dire des personnages si ce n’est que l’énorme manque d’épaisseur dont ils souffrent les rend tous extrêmement antipathiques. Non seulement ils ne parviennent jamais à nous rallier à leur cause mais on se désintéresse aussi rapidement de leur sort, un comble pour un huis clos censé nous faire frissonner avec ses protagonistes. Sur base d’un tel constat, il est évidemment difficile pour le casting de faire bonne impression. On retiendra néanmoins la performance charismatique de Stephen Lang, seul acteur à marquer les esprits. Tout du moins quand il reste silencieux car il devient un tantinet ridicule dès qu’il se met à parler. Au regard de ces nombreux défauts d’écriture, le long-métrage échoue donc à insuffler une véritable tension, tout au plus parvient-il à installer un contexte angoissant. Malgré tout, le rythme enlevé dont il jouit le rend moins désagréable qu’on aurait pu le craindre au départ.

Plus huis clos angoissant que véritable film d’horreur, Don’t Breathe – La Maison des Ténèbres est donc un long-métrage dans la veine des productions horrifiques récentes. A savoir celle d’un film plutôt attrayant sur la forme mais terriblement idiot et factice sur le fond. Dommage car la réalisation de Fede Alvarez vaut franchement le détour !