Fibromyalgie et syndrome de fatigue chronique sont 2 pathologies fréquemment associées et qui restent mal connues et mal diagnostiquées. Cette nouvelle étude qui révèle l’association de ces conditions à certains traits ou profils de personnalité pourra intéresser les patients mais aussi aider les spécialistes à mieux les diagnostiquer. Des données présentées dans la revue PeerJ qui vont permettre d’améliorer à la fois l’évaluation et le traitement des patients en fonction de leurs symptômes spécifiques mais aussi de mieux prendre en charge leurs besoins psychologiques.
Le syndrome de fatigue chronique (SFC) qui se caractérise par une extrême fatigue, durable, est fréquemment associé à de nombreuses autres maladies, ce qui contribue à rendre son diagnostic très complexe. Sa prévalence jusque-là estimée entre 0,1 et 0,3% entraine un lourd fardeau sanitaire. Les symptômes de fatigue persistante, faiblesse musculaire, douleurs, troubles de la mémoire et du sommeil sont handicapants pour les patients. Enfin, rappelons que cette affection un peu mystérieuse bien que reconnue par l’Organisation mondiale de la santé depuis 1992, dispose de peu de marqueurs diagnostiques. Des anomalies cérébrales spécifiques ont identifiées par une étude étude
La fibromyalgie est décrite comme un syndrome de douleur généralisée et des symptômes caractéristiques, dont des troubles du sommeil, la fatigue, la raideur, des troubles de l’humeur, des maux de tête, des paresthésies, et, dans de nombreux cas, le syndrome du côlon irritable. Sa prévalence est estimée entre 2% et 6% chez les patients de consultations de médecins généralistes, de 5% à 8% chez les patients hospitalisés et de 14% à 20% chez les patients de consultations en rhumatologie. La recherche progresse aussi dans l’étude de la fibromyalgie, qui non seulement apparaît de plus en plus comme une pathologie fréquente, multimodale, et systémique touchant à la fois le système nerveux central et les » petites fibres nerveuses « .
Ce syndrome douloureux est associé à lafatigue devenue chronique, ce qui en fait une pathologie complexe et souvent invalidante.
Cette étude est basée sur l’hypothèse que les différences de personnalité résultent aussi de la façon dont chacun apprend dans des situations de nouveauté, à la récompense mais aussi face au danger, ou…à la douleur . Quelques recherches, soulignent les auteurs du Tel Aviv Sourasky Medical Center et de l’Université Ben-Gurion du Negev (Israël) ont tenté de lier certains traits de personnalité au développement de la fibromyalgie, mais sans résultat. Ici, l’équipe tente une approche différente pour explorer comment des différences de personnalité peuvent affecter la fibromyalgie.
L’étude a porté sur 344 patients atteints de fibromyalgie et du syndrome de fatigue chronique, invités à renseigner leurs symptômes par questionnaire.
260 participants (75,6%) répondaient aux critères de diagnostic de la fibromyalgie, tels qu’évalués par une échelle reconnue (Fibromyalgia Criteria and Severity Scales- FCSS).
Les autres participants, s’ils ne répondaient pas à ces critères présentaient des niveaux élevés de douleur chronique généralisée, de fatigue et d’autres symptômes de la fibromyalgie, ce qui suggère un développement en cours de la maladie.
Parmi les participants diagnostiqués, 90,4% étaient des femmes.
Les chercheurs ont utilisé le test Temperament and Character Inventory Revised (TCI-R) pour évaluer les personnalités sur 7 traits différents ainsi que le questionnaire Type D personnality et l’échelle Positivity Orientation Scale.
4 aspects ou facteurs de personnalité ont été analysés :
· alexithymie ou la difficulté à identifier, différencier et exprimer ses émotions,
· la personnalité de type D ou la tendance à éprouver des émotions négatives en les gardant pour soi,
· la positivité ou la confiance en soi,
· et le soutien social.
L’analyse montre :
· L’absence de différence dans la proportion de participants avec personnalité de type D entre les groupes, avec ou sans diagnostic de fibromyalgie.
· Cependant, l’analyse des traits de personnalité permet de répartir les participants en 2 groupes, dont un groupe aux symptômes plus sévères :
· Ce groupe, de 97 personnes, caractérisé par des niveaux inférieurs d’auto-détermination et de capacité à coopérer, à entretenir des relations harmonieuses avec les autres et par des niveaux élevés d’agressivité, d’égoïsme et d’hostilité. Ces patients montrent également une capacité inférieure de persévérance face à la fatigue ou à la frustration. Ils éprouvent moins de sentiments, sont plus susceptibles d’être timides, facilement fatigués, inquiets et pessimistes. Enfin, ils sont plus » alexithymiques « , bénéficient de moins de soutien social, de moins de positivité. Ils présentent plus fréquemment une personnalité de type D par rapport aux patients de l’autre groupe.
L’étude définit ainsi 2 profils de personnalité distincts de patients atteints de fibromyalgie et de syndrome de fatigue chronique corrélés à la sévérité de la maladie. Ce faisant, l’étude met en exergue l’importance chez ces patients de répondre aux besoins et aux faiblesses psychologiques de chaque patient, dans la ligne actuelle d’une médecine mieux personnalisée.
Source: PeerJ 2016 Sep doi: 10.7717/peerj.2421 Distinctive personality profiles of fibromyalgia and chronic fatigue syndrome patients
Plus d’études surla Fibromyalgie, le Syndrome de fatigue chronique
Lire aussi :FIBROMYALGIE et FATIGUE chronique: Des troubles de l’épuisement immunitaire?