Municipales au Chili : au bonheur de la droite et de l’abstention

Publié le 24 octobre 2016 par Anthony Quindroit @chilietcarnets

Michelle Bachelet voit la gauche battue par la coalition de droite et plombée par l’abstention (photo Wikimedia Commons)

Les élections municipales au Chili se sont déroulées ce dimanche. Un scrutin en forme de désaveu pour la présidente de gauche Michelle Bachelet : la majorité des nouveaux édiles sont issus de la droite et du centre-droit.
La locataire de la Moneda avait bien senti le vent tourner ces dernières semaines, laissant son camp stigmatiser l’abstention avant même le début des élections. Et il est vrai que cette donnée s’est avérée cruciale : seuls 34,9% des électeurs sont allés voter ! Soit à peine plus de 4,9 millions – 4 924 334 – votants sur 14 121 316 inscrits. Soit une participation en baisse par rapport à 2012, quand 43,2% des 13 404 084 Chiliens inscrits sur les listes électorales s’étaient rendus dans les isoloirs.
Forcément, une aussi faible participation permet aux perdants de trouver un bouc émissaire et de relativiser la victoire des adversaires. Pour les spécialistes de la politique chilienne, l’abstention est désormais une composante à part entière des scrutins chiliens et ne devrait pas s’assécher avant un moment ; sauf si, comme certaines voix le réclament au Chili, le vote redevenait obligatoire, comme il l’était encore jusqu’en 2012. Et le mouvement lancé par des étudiants « Ellos no son Chile » – « Ils ne représentent pas le Chili » – a le vent en poupe. Car ça souffle du côté des politiques chiliens : à droite, le financement de la campagne de Sebastián Piñera en 2010 pose problème avec de lourds soupçons de détournement qui pèsent sur des responsables de l’Unión demócrata independiente (UDI). Du côté de la gauche, Michelle Bachelet peine à se remettre des frasques de son fils et de sa bru impliqués dans une affaire de trafic d’influence et ses réformes n’ont jamais vraiment trouvé leur public. Bilan des courses, elle qui quittait le palais présidentiel avec plus de 80% d’opinions favorables en 2010 plafonne désormais à 15%.
Sans oublier que 500 000 Chiliens ont été dans l’incapacité de voter suite à une erreur de saisie informatique…
En attendant, la gauche chilienne repasse derrière la droite qui, au sein de l’alliance Chile Vamos (qui réunit l’UDI, Renovación Nacional – RN, l’Evolución política et le Partido regionalista independiente), décroche 144 mairies. La gauche de la Nueva Mayoría (la coalition qui a porté la socialiste Michelle Bachelet à la Moneda) en cumule 141.
Le grand gagnant reste le parti conservateur UDI (52 mairies) dont fait partie Evelyn Matthei, l’ex-candidate à la présidentielle de 2013 désormais maire de la très chic Providencia, voisine de Santiago. Elle y bat Josefa Errazuriz, figure emblématique de la gauche. Quant à la capitale Santiago, où se représentait Carolina Tohá Morales (Partido por la democracia – gauche), elle bascule dans le giron de la RN menée par Felipe Alessandri Vergara.
Ces élections municipales étaient le premier scrutin depuis les législatives et la présidentielle de 2013. Sont-elles un indicateur de la présidentielle de novembre 2017 ? L’ex-président Sebastián Piñera (RN), veut y croire, lui qui se verrait bien porter à nouveau l’écharpe tricolore. Mais la présidente en poste croit, elle, en un trou d’air pas en un désaveu. Quant au politologues chiliens, cités par différents titres de presse, ils s’accordent sur un discours à peu près similaire : « Les politiques ne font plus rêver les Chiliens », assènent-ils, tablant sur une participation oscillant entre 40% et 45% pour la présidentielle. La démocratie chilienne, encore jeune, est décidément en pleine forme…

Les résultats complets des élections municipales au Chili sont disponibles ici : http://www.emol.com/especiales/2016/actualidad/nacional/elecciones-municipales/resultados.asp#a4101