Magazine Société
La peur et le sentiment d’abandon ont gagné les policiers.
Contre l’avis de leurs syndicats, malgré les réprobations de leurs supérieurs, ils ont manifesté leur ras le bol, ce lundi 17 octobre, sur les Champs-Elysées.
Cette manifestation nocturne, à la lueur des gyrophares, s’est par la suite propagée dans de nombreuses villes où, désormais, les rassemblements sont quotidiens.
La petite goutte qui fit déborder le vase est l'attaque au cocktail Molotov de quatre de leurs collègues. C’était le 8 octobre, à Viry-Châtillon (Essonne), après une éprouvante année d'état d'urgence.
Les gardiens de la paix ne l’ont plus, elle leur échappe par manque de moyens, d’effectif et surtout d’autorité !
L’uniforme a cessé de les protéger ! Ils travaillent la peur au ventre et le découragement les gagnent lorsque la justice relâche trop facilement les délinquants dont l’arrestation leur a procuré tant de mal et occasionné tant de risques.
Depuis une semaine, le gouvernement s'emploie à lénifier la colère et à repousser d’un revers de la main (gauche) les diatribes d’une opposition remontée comme un ressort à quelques mois d’une grande échéance !
Une partie de bras de fer entre les représentants de l’ordre et ceux qui les dirigent semble s’instaurer avec un arrière-goût de méfiance.
Certains socialistes, comme le premier secrétaire du PS, Mr Cambadélis, supputent un mouvement dirigé par le Front National.
Les flics s’en défendent et arguent qu’ils ne font que présenter des doléances légitimes à un gouvernement qui n’inspire plus confiance.
Dans une ambiance d’insécurité et d’état d’urgence, l’insurrection policière nous parle de la fragilité d’une démocratie ballottée entre son besoin de sécurité et la peur d’accorder trop de moyens à la force coercitive ; surtout lorsque s’immisce le risque de ne plus voir personne apte à la contrôler. Des flics ont manifesté sous la surveillance De gendarmes assermentés : c’est si beau la France ! Cinq cent vingt manifestants, clame la police Plus de mille assurément, selon la police…
C’est la peur des sauvageons les plus assassins Qui fait battre le pavé chez nos argousins Feu de Viry-Châtillon, cocktail Molotov C’est bien loin des bisounours et du « Peace and love ».
Brûlures, coma, dépression, c’est le lot damné Pour qui se voyait, enfant, gardien de la Paix L’autorité se libère d’uniformes bleus Dans les banlieues brigandines, au plus noir des cieux.
Les poulets volent sans ailes, la peur chevillée A ce corps souvent rebelle aux autorités Qui adorent le beau veau de la procédure En ignorant le terrain de l’âpre ; oh, c’est dur !
Les policiers dans la rue ne décolèrent pas L’acrimonie interpelle chacun de leurs pas Guidant une main courante en forme de poing Pour frapper de doléances les pouvoirs éteints
Pour eux jaillit l’évidence de toute extinction Au sommet républicain de leur promotion Oubliés ou mal aimés, les voilà nantis D'obsolètes boucliers au feu mal nourri.
Archaïsme de moyens pour mener de front Prévention, état d’urgence, flux d’arrestations L’indéracinable angoisse d’engendrer bavures Plonge en affres sépulcrales de mortelles augures
Qu’on n’insinue pas qu’ils crient sans désespérance Au nom d’une « je ne sais quoi » conviction d’errance Pour les lauriers d’un parti attisant les braises Les ragots justifieraient que nul ne s’apaise !
L’âme des commissariats ne veut simplement Que briller de son éclat à l’abri des vents Qui secouent le juge blanc de souffles laxistes Aptes à libérer sur l’heure le vil activiste.
Des flics ont manifesté sous la surveillance De gendarmes éberlués, en tous coins de France. Une fronde salutaire en leurs cœurs blessés Quand le moral se noircit d’inutilité...