Cette année, le Comic Con Paris avait plein d’invités que j’aimais beaucoup. Comprendre : il y avait l’équipe de The Wicked + The Divine. Certes, elle était déjà à une rencontre organisée par Glénat le jeudi soir au Point Éphémère, mais au CCP il y avait des conférences, ce qui me permettait d’assouvir une grande passion : écouter Kieron Gillen parler de trucs.
Rien ne s’est vraiment passé comme prévu, mais ce fut pour le mieux : j’ai pu parler avec des amis, passer du temps avec des créateurs et tout simplement prendre le temps de profiter du salon. Voici un compte-rendu très personnel de ma journée.
Habitué des conventions davantage focalisées sur les comics papier, j’avais un plan : arriver au moins à 7 h 30 donc avec 2 h d’avance, pour être sûr de rentrer rapidement et d’avoir le temps de faire un peu le tour des stands avant de repartir faire la queue pour un programme chargé en signatures et surtout en conférences.
Forcément, j’ai mal réglé mon réveil et me suis réveillé avec 2 h… de retard @_@
J’arrive donc légèrement en stress devant la Grande halle de la Villette quelques minutes après l’ouverture du salon (généralement ça signifie ERREUR FATALE si on veut un dessin de tel ou tel artiste immédiatement pris d’assaut). En plus il y a plusieurs files d’attentes, parfois tellement longues qu’on ne peut pas savoir immédiatement laquelle correspond à quoi (le stress). Heureusement, un membre de la sécurité me conseille de rejoindre la file d’attente cosplayeurs (qui n’en contenait pas tellement en fait) et qui serait sans doute la plus rapide. Du coup je rentre assez vite finalement.
Arrivé à l’intérieur, il est déjà trop tard pour la conférence de Katchoo avec Terry Moore (Strangers in Paradise, Rachel Rising…) alors je fais plusieurs fois le tour du salon au pas de course pour repérer où sont les artistes et notamment David Lopez qui dédicace à 10 h 45 (le stress). Un tirage au sort déjà en cours au stand Panini me laisse penser que c’était fichu (LE STRESS) mais en fait non c’est pour Marco Checchetto, alors que Lopez est à l’espace Signatures. Mais OÙ est donc ce fichu espace ?!
Bon en fait il suffisait de lever les yeux (ou – comme je l’ai appris un peu plus tard – de prendre un des NOMBREUX plans disponibles et disposés EN EVIDENCE à plusieurs endroits) pour découvrir que cette année, le CCP occupait aussi les mezzanines de la Grande halle de la Villette. C’est là que je salue M, qui avait déjà pu voir plusieurs auteurs et artistes tellement il y avait peu de monde autour de leurs tables. Quelques minutes plus tard et après être passé par l’escalier avec une grosse pancarte EXIT ONLY, on me redirige enfin vers l’ENTRÉE du fameux espace Signatures (qu’est-ce qu’on est con quand on est stressé).
Et donc là, discussion très amicale et détendue avec David Lopez, qui signe mon TPB de Captain Marvel (Higher, Further, Faster, More) et dessine Laura Kinney AKA All-New Wolverine dans mon bullet journal. Le tout pendant qu’on parle de la définition d’une madeleine et d’un muffin en France et en Espagne, qu’il évoque ses projets avec PanelSyndicate et que je promets de ramener des cookies le jour où j’aurai tous mes comics en numérique et plus rien à faire signer.
Laura Kinney AKA Wolverine in my bullet journal. Thank you so much @davizlopez! #ComicConParis2016 pic.twitter.com/s5relMKKQt
— Great Cakes Avenger (@midnight_peanut) 22 octobre 2016
Un peu plus loin, le très gentil Marcus To (Hacktivist, Joyride et bientôt Nightwing chez DC) est en train de dessiner un buste de Flash. Toujours épaté par la finesse de son trait, je lui demande s’il est possible de commander un dessin, sachant que je ne suis là que le samedi. Pas de problème (o_O), j’ai juste à repasser vers 18 h pour le récupérer (j’ai vraiment stressé pour rien). Je règle et continue à me promener.
Au stand Comixology, j’aperçois ainsi Pia Jacqmart, à qui je demande notamment des nouvelles du podcast Badass (il revient !). Brenden Fletcher (Gotham Academy, Black Canary et Batgirl chez DC et bientôt Motorcrush et Isola chez Image) est également là. M pense l’avoir raté, mais celui-ci s’est en fait attardé assez longtemps après la fin de son créneau à leur stand, ce qui permet à M et lui de discuter amplement.
Et c’est là que ça me frappe vraiment : les allées sont noires de monde, mais comme assez peu de visiteurs sont là pour les comics VO, les scénaristes et artistes sont en fait très accessibles et disponibles. La différence est vraiment flagrante entre les énormes files d’attente au RDC sur les stands des éditeurs VF et les 5-6 personnes qui attendent à l’étage pour… parfois exactement les mêmes invités.
Le reste de l’après-midi consiste à discuter de comics avec M, l’accompagner à la signature de Pierrick Colinet et Elsa Charretier et se poser à la conférence 25 ans d’Image Comics. J’avoue avoir vraiment eu du mal à rester concentré, tellement il pouvait s’écouler de temps entre le moment où une question était posée en français et celui où la ou les réponses étaient traduites en français. De même, je ne suis pas sûr que les lecteurs chevronnés aient appris beaucoup de choses sur la différence entre Marvel/DC et Image par exemple. Enfin, il manquait sans doute une remise en contexte pour expliquer aux néophytes la différence entre creator-owned et work for hire.
Une fois sorti, il reste un peu de temps avant la conférence sur The Wicked + The Divine, alors je retourne voir Marcus To pour récupérer une magnifique commission de Squirrel Girl (je sais) et parler avec lui de sa venue sur Paris.
Squirrel Girl by @marcusto (AKA Mr Nicest Guy Ever) at #ComicConParis2016 #BecauseImSoPredictable pic.twitter.com/YhGp1Dj9oY
— Great Cakes Avenger (@midnight_peanut) 22 octobre 2016
La conférence sur WicDiv était plus intéressante que la précédente (Kieron Gillen a parlé de trucs !). Nous avons par exemple pu apprendre que la VF du premier tome de Phonogram sortirait en couleur et non en noir et blanc. Et donc là forcément je me demande comment ils ont approché sa colorisation étant donné que depuis la parution des deux premiers tomes, Jamie McKelvie et Matt Wilson ont énormément amélioré leur technique. Sauf que Gillen en a parlé dans la foulée, évoquant une approche assez Vertigo des années 90 mais sans donner uniquement dans les camaïeux de marron. Comment voulez-vous trouver une question à poser quand le scénariste parle déjà de tout le temps de sa série en long en large et en travers ?
Mon parcours de lecteur : faire la propagande de titres où les personnages s’habillent comme des artistes musicaux (de haut en bas : Angel Sanctuary, Nana et The Wicked + The Divine).
Ecouter les intervenants parler m’a cependant fait réaliser que The Wicked + The Divine n’est pas la première série que je suis à s’inspirer autant de la musique. Kaori Yuki, la dessinatrice du manga Angel Sanctuary, allait déjà s’inspirer des tenues des chanteurs de visual kei pour habiller ses personnages par exemple (et à l’époque je saoulais tout le monde avec). De même, les personnages de Nana d’Ai Yazawa sont des pop stars qui s’habillent en Vivienne Westwood (il se peut qu’en j’en aie aussi fait une grosse propagande quand c’est sorti). Dans mon parcours de lecteur, WicDiv s’inscrit juste dans une continuité très logique (et j’en fais bien sûr la pub à tout le monde hahaha… omg), mais je ne m’en étais jamais rendu compte.
Est-ce que les auteurs de WicDiv avaient déjà lu ce genre de mangas, ou est-ce que des lecteurs étaient venus les voir en leur parlant de cette continuité ? J’ai posé la question.
Kieron Gillen m’a répondu que les mangas faisaient certes partie de leurs influences, mais en tant que bande dessinée en général, pas spécifiquement. En d’autre termes : oui, leur génération a connu les mangas. Jamie McKelvie est d’ailleurs un grand fan de Naoki Urasawa. Il a toute la collection des 20th Century Boys, et il a piqué au mangaka plusieurs techniques de narration, notamment sa façon de rendre un simple dialogue visuellement plus intéressant.
Lorsque la conférence se termine, il est déjà 19 h passé. Le salon ferme ses portes, et c’est le moment de rentrer. A ce moment-là, je ne réalise même pas la chance que j’ai eu de pouvoir passer autant de temps avec des créateurs que j’admire beaucoup.
Ce Comic Con Paris 2016 fut donc très satisfaisant pour moi. Certes, on peut critiquer l’ouverture du salon à d’autres formes de pop culture n’ayant parfois qu’un lien très ténu avec les comics. Ou la relative absence de « grands noms » cette année (une notion assez subjective d’ailleurs). Mais honnêtement, en tant que lecteur on en profite énormément car les créateurs sont disponibles, sans avoir besoin de se lever aux aurores pour peut-être avoir la chance de les voir. On peut prendre le temps, flâner, discuter avec des amis qui eux aussi n’ont pas à passer tout leur temps dans des files d’attente… En un mot, on peut profiter.