La banque en question, Banque Edel (que je ne connaissais pas, jusqu'à maintenant, honte à moi…), est le bras financier de l'enseigne de grande distribution E. Leclerc, dont le Crédit Coopératif détient un tiers du capital. Parmi ses différents métiers (tous en relation avec les activités de son actionnaire de référence), elle intègre une plate-forme monétique de « pré-acquisition » sous la marque Paywe.L. Celle-ci porte, logiquement, le partenariat avec Alipay, qui devient ainsi accessible à tous les commerçants.
La promesse associée est alléchante. Les quelques 1,7 millions de touristes chinois visitant la France chaque année représentent des montants significatifs de dépenses et la forte proportion de ceux qui sont équipés du porte-monnaie mobile d'Alibaba (450 millions d'utilisateurs au total, à ce jour) constitue une opportunité à saisir. Le seul fait, pour un commerce, de leur permettre de régler leurs achats avec leur mode de paiement préféré (ou, pour le moins, le plus familier) est en effet un moyen simple de les séduire.
Concrètement, c'est une solution complète d'acceptation que Banque Edel propose à ses clients. Elle comprend, en particulier, un terminal d'encaissement – en réalité, une mini tablette dédiée (et sécurisée) sous Android, mise à disposition gratuitement – même si une intégration dans les systèmes existants est également possible, par l'intermédiaire d'une API (on peut regretter l'« oubli » – temporaire ? – d'une version entièrement logicielle, qui pourrait être installée sur un smartphone ou une tablette personnelle).
Outre l'absence d'impact sur les équipements en place, la mise en œuvre contractuelle se veut aussi peu intrusive que possible. Il n'est pas nécessaire d'ouvrir un compte auprès de la banque, les fonds étant dans ce cas versés sur le compte bancaire habituel du commerçant. Enfin, la solution s'accompagne d'une garantie de paiement et de facilités de gestion des transactions (suivi en temps réel, prise en charge des annulations et remboursements…) qui devraient rassurer les utilisateurs face à un outil « exotique ».
À ce stade, « Alipay by Banque Edel » est déployé en mode expérimental sur une poignée de sites parisiens (4 hôtels du groupe Accor, 2 boutiques de maroquinerie de luxe et 2 espaces spécialisés du centre E. Leclerc SO Ouest de Levallois). Cette phase pilote devrait rapidement aboutir à une commercialisation à grande échelle, qui visera non seulement le territoire national mais aussi tout le continent, de manière à accompagner les commerçants à la recherche d'une offre pan-européenne homogène.
Je ne reviendrai pas ici sur les conclusions à tirer de l'arrivée d'Alipay de notre côté de la planète, et la capacité du géant chinois à y imposer sa solution de paiement via mobile au nez et à la barbe des acteurs locaux. Si ce n'est que la démarche retenue par Banque Edel vient renforcer cette hypothèse avec une offre totalement intégrée, simplissime à souscrire et installer (la seule inconnue concerne les coûts) : quel commerçant résisterait à la possibilité de capter une clientèle attractive dans ces conditions ?