Tu sais, vieux Max, maintenant que je suis un idiot sur une langue de sable, tout me manque, la Révolution, Paris, les galops à l'aveugle, les nuits d'une heure, et même ton air de curé, tes bésicles avec le reflet terrible et finalement touchant de Saint-Just dans tes verres, le temps qui nous perd, la poussière de nos lois. Je suis las, Robespierre, et j'ai très faim et très soif dans mes habits de terre. Fais un effort, faux frère, vis encore un peu, viens dans mon île boire un verre de malbec ou de thé noir : je t'attends, crapule, j'ai confiance.
Thierry Froger, Sauve qui peut (la révolution), Actes Sud, 2016.