Ils se ressemblent mais sont nés sous des étoiles opposées : d'un côté, Fivory, lancé par le Crédit Mutuel en 2014 et de l'autre, Wa!, annoncé par BNP Paribas, mais pas encore opérationnel. Dans les prochaines semaines, les deux porte-monnaie mobiles portés par des banques françaises fusionneront au sein d'une application commune.
Sur le plan technique, l'opération tombe sous le sens tant les solutions ont de similitudes, notamment dans leur ambition de prendre en charge non seulement les paiements mais aussi les coupons de réductions, programmes de fidélité et autres services complémentaires. Et la relative lenteur du déploiement de Fivory auprès des commerçants confirme qu'il est préférable pour les acteurs en lice de joindre leurs forces plutôt que de s'épuiser chacun de leur côté dans une bataille qui restera rude.
D'un point de vue opérationnel, la fusion sera concrétisée par la création d'une société commune (avec, également, les actionnaires historiques de Fivory : Oney, Total et MasterCard) – dont la marque sera dévoilée à la fin de l'année – et le lancement, au début de 2017, d'une nouvelle application destinée aux consommateurs. Celle-ci sera alors immédiatement utilisable dans les réseaux de partenaires des deux solutions d'origine, comprenant notamment les enseignes des groupes Auchan (associé depuis quelques mois avec le Crédit Mutuel) et Carrefour (pour BNP Paribas).
Incidemment, l'annonce de l'union donne l'occasion, grâce à une interview publiée par Les Échos, de mieux comprendre l'articulation entre le futur porte-monnaie mobile et la solution interbancaire PayLib (que le Crédit Mutuel est désormais résolu à rejoindre), dont la fonction de paiement de proximité devrait arriver prochainement sur le marché. En effet, selon T. Laborde (BNP Paribas), un des avantages essentiels de la nouvelle venue est sa capacité à fonctionner sur iPhone alors que PayLib ne pourra y opérer, faute d'un accès à l'interface sans contact (NFC) du téléphone.
Comme il est difficile de croire que les banques françaises vont baisser les bras si facilement face à la résistance d'Apple, peut-être faut-il voir plutôt dans cette double approche un désir de prendre position (plus ou moins) rapidement, en attendant que le paysage s'éclaircisse et que la situation se stabilise. Dans cette hypothèse, les solutions finiront certainement par converger vers un modèle unique. En parallèle, il est de plus en plus apparent que les banques ont besoin de collaborer entre elles pour réussir…