Entre ce dernier et le nouveau, notons toutefois plusieurs EPs et des bandes originales (dont celle de Dheepan, de Jacques Audiard), ainsi qu’une collaboration avec Dave Harrington ayant accouché d’un splendide Psyche sur lequel chacun des deux artistes s’exprimait merveilleusement, cela sous le nom de Darkside.
Sirens arrive donc après un long, tortueux, mais pas forcément compliqué, chemin de la part du jeune New-yorkais.
Évidemment, impossible pour moi de ne pas lire la phrase « Ya dijimos no pero el sí está en todo » directement en écho avec ce qu’il se passa dans les années 80 au Chili, alors sous le régime dictatorial de Pinochet : à savoir, le fameux référendum qui permettra aux Chiliens de dérouter le dictateur en 1988 par la voix démocratique. Notons par ailleurs que la photo d’illustration de la couverture et prise par Alfredo Jaar, le père de Nicolas, date à 1987 ; peut-être est-ce là justement une manière de symboliser le fait que la famille Jaar ne vivait plus au Chili depuis le coup d’état de 1973 ? Mais, attention car, si tous ces événements remontent à avant la naissance de Nicolas Jaar, ils l’auront malgré tout particulièrement affectés.
Ainsi, trois décennies après cette décennie du changement, l’artiste new-yorkais d’origine chilienne n’oublie pas ses racines, ni l’histoire, celle d’un peuple, mais aussi et surtout la sienne.
Si Nicolas Jaar avait déjà utilisé à quelques reprises la langue de Cervantes dans sa musique (« Mi mujer »), c’est la toute première fois dans un album. Ainsi, la moitié des morceaux, « Leaves », « No » et « Three sides of Nazareth » sont interprétés en espagnol, les autres, en anglais.
Les mélomanes seront ravis de savoir que Nicolas Jaar joue tous les instruments sur le disque, qu’il a par ailleurs entièrement écrit, enregistré et mixé. Une exception : il a utilisé sur « No » un sample du harpiste paraguayen Sergio Cuevas, la harpe étant l’un des symboles identitaires du Paraguay.
Voilà, il ne vous reste plus qu’à écouter les six morceaux de Sirens, qui vous rappelleront souvent Space Is Only Noise, tout en en s’éloignant encore plus souvent.
(in heepro.wordpress.com, le 20/10/2016)
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