D'abord chapeau bas pour l'organisation de ce salon russe à Abrau-Durso. Non seulement les dégustations à l'aveugle étaient hyper-professionnelles, avec deux MW dont le très connu Oz Clarke (avant tout un chanteur amoureux du baroque), mais surtout on pouvait ressentir cette fameuse âme russe si bien décrite aussi bien par Eisenstein que Tourgueniev.
Le Guide des vins russes (en anglais) que venait de publier Arthur Sarkisyan peut être sans souci cité comme une totale référence par sa présentation particulièrement didactique. Il est vrai que le consommateur russe a encore du chemin à faire et donc lui dire comment servir un vin, sa température, ses possibilités de vieillissement, tout cela est à développer.
Parmi les vins servis à l'aveugle, et histoire de voir un peu où les locaux se situaient, les organisateurs avaient mis une Frédéric Emile, un Echézeaux, un Segna (Chili) Talbot et Massetto. Si ce dernier a clairement dominé la session (en tout cas chez bibi avec le local Fantom), on peut dire que la sélection proposée n'avait pas du tout à rougir face à ces grands noms du vin.
Au bord d'un lac italienissime, à 4 km de la mer noire, une cité estivale d'une propreté à faire pleurer Juppé L'âme russe dans sa peinture au premier degré : on a le droit d'aimer : gemütlich comme pas permis ! On me traduit ? Oz Clarke et une salle de dégustation tip-top Tan Ying, membre du jury, de Singapore, MW. Ancien avocat, maintenant journaliste et conférencier Joseph Darrell, journaliste "vins" américain vivant à Vienne (Autriche) : une voix pour Boris Godounov : j'étais jaloux ! Arthur Sarkisyan et mon pote Anatoly Korneev importateur majeur en Russie, qui sera au VDEWS
Leonid Popovitch (ça ne s'invente pas) à droite, un peu le Luigi Veronelli de la Russie du vinLes traductrices étaient de charmantes dames pleines d'attention :-) Service à la russe : on pioche ici et là. Tout en fraîcheur et c'est très bon ! Valery Troÿtchuk et son fils : c'est simple : de très loin, le meilleur vin de Russie en rouge : FANTOM Un assemblage - pas tous les ans - de cabernet-sauvignon et d'un cépage local : le KRASNOSTOP ZOLOTOVSKY.José Vouillamoz avait sélectionné ce Domaine au VDEWS pour illustrer ce cépage indigène russe. Un vin à la fois riche et superbement équilibré, noir de couleur, mais ayant en finale une fraîcheur inattendue. Sans problème, au niveau de très bons crus classés bordelais. Oui, oui : l'étiquette est bizarre. Mais bon, il doit y avoir une raison. Il y avait dans cet événement une ingénuité particulière mais jamais d'orgueil mal placé. Le seul point énervant c'est d'arriver dans un pays dont on ne parle pas la langue. C'est frustrant comme pas possible. Les taxes sur les vins importés sont de 50 % et cela facilite probablement la vente des crus locaux, le Domaine où nous étions produisant plus de 30 millions de cols par an… mais essentiellement des effervescents allant du type prosecco au cuvées champenoises sans oublier de curieux Charmat qui ne m'ont pas époustouflé. Je dois aussi mentionner un riesling de toute belle tenue : Château Tamagne :
Manifestement venu d'un terroir plus similaire à l'Alsace qu'à l'Allemagne On l'aura compris : j'ai passé 4 jours en Russie, loin de tous les blablas à la spounz du politico-médiatique parisien pour apprendre un peu ce dont le vignoble russe est capable. Et le tout dans une ambiance à la fois professionnelle et avec des gens soucieux de lever dignement leur verre en l'honneur de Bacchus !On peut généreusement conclure par un euphémisme majeur : "c'était pas triste". :-)
HORS SUJET : Un mien ami, qui vient pour des raisons business de fréquenter quelques *** macarons parisiens se dit simplement effaré par la cuisine qu'on y propose. Quasi du n'importe quoi, avec une morgue affligeante, des coûts délirants sans même oser parler du prix des vins. Une exception :
Eric Fréchon.Il va falloir sévir, et grave ! L'influence néfaste de ces cuisines étrangères, fournisseurs officiels de services d'urgence, qui bénéficient de classements aqueux sans queue ni tête si ce n'est de courir les fameux "réseaux sociaux". Un vrai beurre blanc va devenir notre madeleine de Proust : ça va pas tarder ! Fan de zou !
Mais dans quelle époque on vit ! Le retour sera sévère et du coup faut vite courir chez
Alain Pégouret au Laurent pour son lièvre à la royale qui ne va pas tarder !