Le Pixel XL de Google, le téléphone presque parfait

Publié le 18 octobre 2016 par _nicolas @BranchezVous
Exclusif

Google balaie du revers de la main la gamme Nexus en introduisant un nouveau produit haut de gamme, le Pixel. Cet appareil peut-il se mesurer aux produits phares de ses concurrents?

Ce téléphone est robuste. C’est immédiatement ce que j’ai ressenti lorsque j’ai tenu en main le Pixel XL de Google la première fois. Certes, son design est manifestement inspiré de l’iPhone, et quiconque prétendra le contraire n’a clairement pas les yeux en face des trous. On se retrouve toutefois devant un téléphone définitivement haut de gamme dont l’expérience utilisateur n’a absolument rien à envier à iOS.

Avec le Pixel, Google souhaite combattre Apple sur son propre terrain.

Car avec le Pixel, Google trace une ligne nette le séparant des produits du programme Nexus. On a cherché ici à unir l’aspect logiciel et matériel sous une même enseigne, à l’instar de ce que peut se permettre Apple en gardant la main mise sur la conception du produit de A à Z. Le Pixel est peut-être fabriqué par HTC, mais il est conçu par Google; ce qui n’était pas le cas des Nexus auparavant.

Au fond, Google souhaite combattre Apple sur son propre terrain. Non pas que ce soit nécessaire – Android demeure le système d’exploitation avec la plus grande part de marché. Mais Google était mûr pour un changement, et seul le créateur d’Android peut réellement s’attaquer à l’iPhone en adoptant une approche similaire.

Il faut maintenant déterminer si l’entreprise y parvient.

Design et prise en main

Vue de face, la silhouette du Pixel rappelle celle de l’iPhone : ses coins arrondis respectent le même rayon, et c’est tout juste si les deux produits ne sont pas de la même taille. En comparaison avec l’iPhone 7 Plus, le Pixel XL est légèrement plus petit.

C’est lorsqu’on le regarde de dos que le Pixel parvient à se distinguer. Alors que sa coque en aluminium à la finition satinée rend l’appareil plutôt glissant, la plaque de verre qui occupe un peu plus du tiers de l’espace améliore grandement sa prise en main, et invite l’utilisateur à y poser son index. Ça tombe bien, c’est exactement à cet endroit que l’on retrouve son lecteur d’empreinte digitale. Par conséquent, déverrouiller le Pixel est d’une facilité déconcertante.

De profil, le Pixel XL peut agacer par son épaisseur de 8,5 mm, plus épais que le Galaxy S7 (7,9 mm) et l’iPhone 7 Plus (7,3 mm). Il intègre en revanche une pile de plus forte capacité, et sa caméra principale ne dépasse aucunement les limites du boîtier. Ses biseaux lui confèrent également un look un peu plus distinctif.

C’est vraiment dommage que Google ait choisi d’adopter des bordures de plastiques identiques à celles de l’iPhone en guise d’antennes. Une ligne droite en bas, et une autre cachée par sa plaque de verre en haut, on aurait pu faire autrement.

Enfin, si le Pixel est offert en noir ou argent au Canada, le marché américain a droit à une troisième couleur, un bleu vif. De toute façon, l’étui dans lequel il sera rangé aura tôt fait de rendre les Pixel argent et bleu identiques, étant donné que la face de ces deux modèles est blanche.

Matériel

Le Pixel XL que nous avons testé arbore un écran AMOLED de 1440p de 5,5 pouces qui affiche une forte densité (534 ppp) et un excellent niveau de contraste. La restitution des couleurs paraît fidèle, le tout est bien calibré (ni trop chaud, ni trop froid) bien que la saturation semble plutôt surélevée, particulièrement si on s’amuse à augmenter sa luminosité. C’est toujours moins agaçant que le contraire, et de toute façon, la vérité est dans l’œil de celui qui regarde. Sur Branchez-vous, l’orange de notre logo est tellement orange qu’il agresse – contrairement à ce que l’on peut observer sur le Galaxy S7 par exemple.

La saturation élevée de son écran est plus visible en personne.

Malheureusement, ce téléphone n’est équipé d’un seul haut-parleur, situé au bas de l’appareil. Il est puissant, mais manque définitivement de graves lorsque vient le moment d’écouter de la musique. Heureusement, le Pixel à l’avantage d’avoir conservé la prise audio casque analogique, et la qualité sonore transmise est tout simplement impeccable.

Au banc des disparus, on retrouve malheureusement le lecteur microSD, pourtant si vénéré par les adeptes d’Android. Son absence n’est pas surprenante : Google souhaite que ses utilisateurs hébergent leurs données sur le nuage. Cela dit, les irréductibles qui refusent cette proposition ont toujours l’option de choisir le modèle doté de 128 Go.

Caméra

Impossible de parler du Pixel sans saluer son appareil photo de 12,3 mégapixels intégrant le capteur Sony Exmor IMX378. À cet égard, il s’agit d’une mise à jour du IMX377 que l’on retrouve dans le Nexus 5X, mais on ignore toutefois précisément ce qui a été révisé. Sur papier, les deux caméras semblent identiques. DxOMark confère au Pixel la note de 89, soit la plus élevée jamais observé sur un appareil mobile, alors que le Nexus 6P (qui possède le même capteur que le 5X) arrive à 84, possiblement dû à son application Caméra moins évoluée à l’époque.

Par conséquent, c’est au niveau logiciel que Google semble tirer profit de son appareil photo. Le géant de la recherche vante que sa caméra peut capter une image en HDR+ instantanément, ce qui est à la fois vrai et faux. En réalité, l’image est traitée en arrière-plan (un traitement observable lorsque l’on bascule immédiatement pour voir le résultat du cliché). Néanmoins, ce traitement ne ralentit aucunement l’application : vous pouvez continuer à photographier à votre guise.

Photo prise avec le Pixel XL (voir le fichier original).

Il est intéressant de noter que l’application Caméra (version 4.2) du Pixel a été compilée par la communauté XDA pour le Nexus 5X. Nous n’avons malheureusement pas l’appareil sous la main pour en faire une comparaison directe. Il est possible que le HDR+ soit traité par un processeur d’imagerie absent du Nexus 5X cela dit.

Photos prises avec le Pixel XL et l’iPhone 7 (voir le fichier original de gauche et de droite).

Lorsque l’on confronte l’appareil photo du Pixel avec celui de l’iPhone 7 Plus, on note que le rendu du premier est supérieur au second en terme de détails, surtout dans les zones ombragées (voir les cheveux dans l’exemple ci-dessus). Les fichiers JPEG de cet Android sont d’ailleurs moins compressés que du côté iOS. Cependant, lorsqu’il est question de fidélité, les couleurs captées par l’iPhone 7 Plus respectent davantage la réalité. Du côté du Pixel, tout est légèrement trop jaunâtre, voire verdâtre, sous un éclairage artificiel. C’est d’autant plus vrai lorsque la capture se fait dans un environnement peu éclairé.

L’éclairage de cette ruelle était beaucoup plus orangée dans la réalité (voir le fichier original).

En capture vidéo, le Pixel bénéficie d’une stabilisation qui tire profit de son gyroscope. Le résultat est impressionnant, particulièrement lorsque l’on se déplace (en faisant tout de même attention). Mais il serait faux de croire que le résultat est équivalent à la stabilisation optique. Alors que les caméras pourvues de stabilisation optique ont souvent de la difficulté lors de déplacements, quand vient le moment le filmer en restant immobile, la capture demeure supérieure à ce que le Pixel propose. À noter aussi que le Pixel est capricieux pour ce qui est du foyer en mode vidéo : il est préférable de toucher la portion de l’image où vous souhaitez voir le focus être établi.

Avec sa caméra frontale de 8 mégapixels, Google s’adresse directement aux adeptes de selfie, et il était temps. Cet appareil photo est supérieur à celui de l’iPhone 7 (7 mégapixels) et du Galaxy S7 (5 mégapixels), bien qu’il ne s’agit pas ici du téléphone avec la meilleure caméra frontale. Mais on peut enfin cesser de privilégier la caméra principale lorsque vient le moment de se prendre soi-même en photo, une pratique qui a tendance à produire un cliché avec un cadrage déficient.

On voit que je suis parfaitement à l’aise à me prendre en photo (voir le fichier original).

À souligner que Google offre aux propriétaires de Pixel et Pixel XL un stockage illimité dans le nuage de l’intégralité de leurs photos et vidéos en pleine résolution. Cette synchronisation est active par défaut et se ne concrétisera que lorsque le téléphone est connecté à un réseau Wi-Fi. À ce chapitre, difficile de faire mieux.

Performance et autonomie

Le Snapdragon 821 qui le propulse semble être parfaitement adapté aux tâches du quotidien. Nous n’avons pas été en mesure d’observer de surchauffe en sollicitant l’appareil avec des applications conventionnelles. Cela dit, d’autres utilisateurs auraient été témoins de surchauffe exagérée dans certains cas, mais difficile ici de savoir exactement quelles étaient les applications employées.

L’examen d’AnTuTu Benchmarks lui confère la note de 137589, ce qui est inférieur au OnePlus 3 (dont le Snapdragon 820 arrive à 140288), inférieur aussi à l’iPhone 7 Plus (qui atteint 172644), mais supérieur au Galaxy S7 (qui se limite à 134599).

Le Pixel vient avec un câble USB-C à USB-C, un câble USB-C à USB-A, un adaptateur USB-A femelle à USB-C, et son chargeur mural.

Par rapport au Snapdragon 820, le 821 peut être cadencé à 2,4 GHz. Néanmoins, Google a choisi de le limiter à 2,2 GHz, possiblement au bénéfice de l’autonomie. D’ailleurs à cet égard, l’autonomie du Pixel XL est très surprenante. Il survit facilement une journée entière en étant fréquemment sollicité. Déjà que le 821 est présenté par Qualcomm comme un processeur plus écoénergétique que le 820, si vous décidez de laisser le mode économie d’énergie actif en tout temps, ce n’est qu’après deux bonnes journées (voire plus selon votre utilisation) que vous partirez à la recherche d’un câble d’alimentation.

D’ailleurs, le Pixel vient avec un câble USB-C à USB-C, un câble USB-C à USB-A, un adaptateur USB-A femelle à USB-C pour importer les données de votre ancien téléphone, et son chargeur mural. Les câbles fournis sont d’une bonne épaisseur, et résisteront certainement à l’épreuve du temps.

Enfin, Android Nougat offre une expérience sans aucun ralentissement, le téléphone pouvant basculer à travers une foule d’applications sans le moindre mal.

Conclusion

Le Pixel XL est décidément un téléphone haut de gamme. Il n’est toutefois pas parfait. Difficile de ne pas critiquer son niveau de protection, qui se limite à IP53 – il résiste aux éclaboussures, mais c’est tout. L’écran du modèle que nous avons testé est aussi légèrement désorienté vers la droite, ce qui nous sème le doute quant à sa qualité de fabrication.

Problème d’alignement de la bordure droite par rapport à celle de gauche. Ne pas tenir compte de l’effet moiré, invisible en personne.

En revanche, son processeur répondra aux utilisateurs les plus exigeants, et si sa caméra principale impressionne par sa sensibilité, sa caméra frontale est nettement plus remarquable et satisfaisante pour les besoins d’aujourd’hui. Le fait de pouvoir stocker sans limites l’intégralité de ses photos et vidéos est un atout non négligeable. Avec le temps, Google finira par se démarquer davantage avec son assistant personnel intelligent de nouvelle génération, une fois que celui-ci aura appris à comprendre et parler français.

Bien entendu, si vous êtes plus sensible à votre vie privée et n’avez aucunement l’intention de bénéficier des services connectés de Google, l’attrait du Pixel XL disparaît rapidement. D’autres téléphones sur le marché pourront alors mieux répondre à vos besoins à plus faibles coûts, notamment en proposant un lecteur microSD.

La question du prix de ce téléphone (affiché à partir de 899$) est d’ailleurs ce qui peut chicoter à première vue. S’il est vrai que les bénéfices de sa caméra frontale peuvent être aussi exploités avec le Nexus 5X, le Pixel peut toujours se défendre avec un processeur plus efficace.

Si vous êtes curieux de voir comment se démarque le Pixel avec l’iPhone 7 et le Galaxy S7 du point de vue de ses caractéristiques techniques, nous vous invitons à lire notre comparatif paru la semaine dernière.