Les Sept Samouraïs

Par Tinalakiller

réalisé par Akira Kurosawa

avec Toshiro Mifune, Takashi Shimura, Keiko Tsushima...

Drame, aventure, action japonais. 3h27. 1954.

sortie française : 30 novembre 1955

Au Moyen-Age, la tranquillité d'un petit village japonais est troublée par les attaques répétées d'une bande de pillards. Sept samouraïs sans maître acceptent de défendre les paysans impuissants.

Je suis censée écrire la critique du film indispensable pour n'importe quel cinéphile (oui je tente de me valoriser un peu et d'oublier la tonne de films que je dois rattraper histoire d'être moins inculte) depuis un moment, grâce au Movie Challenge, mais finalement ce n'est pas une mauvaise chose de l'écrire et la publier maintenant. En effet, est actuellement en salles Les Sept Mercenaires d'Antoine Fuqua, le remake du film éponyme de John Sturges (sorti en 1960), lui-même donc le remake des Sept Samouraïs d'Akira Kurosawa. Ce long-métrage japonais a remporté le Lion d'or en 1954 à la Mostra de Venise et a reçu deux Oscars (meilleurs décors et costumes). Je ne vais pas vous mentir (et c'est certainement pour cette raison que j'ai mis du temps pour rédiger ce billet), je n'ai pas adoré ce long-métrage malgré son statut de chef-d'oeuvre même si cela n'empêche pas d'avoir aimé et donc aussi lui reconnaître ses qualités (pour vous rassurer à ce début de chronique, ne tirez pas la tronche s'il-vous-plaît !). La chose qui m'a le plus rebutée (oui commençons directement par ce qui m'a dérangée, au moins c'est fait) est clairement la longueur. Oui j'ai tout de même senti les plus de trois heures ce film, notamment au cours de la seconde partie qui pourtant en théorie est plus chargée en scènes d'action. La longueur est quelque chose qui m'a toujours rebutée en général (c'est même un critère qui peut me décider d'aller voir ou non un film), je ne m'en suis jamais cachée même si cela ne m'empêche évidemment pas d'aimer voire même d'adorer des films trèèès longs (tout comme je peux m'emmerder royalement devant des films ne dépassant pas les 1h30). Pourtant, paradoxalement, je comprends cette longueur. Il faut bien du temps pour exposer le problème de base, réunir les différents samouraïs du titre, se préparer à la guerre et combattre. Il y a aussi un autre facteur qui, selon moi, est entré en jeu : la différence culturelle. J'aime pourtant le cinéma asiatique (enfin, c'est quand même large et varié, on est bien d'accord, mais je fais de mon mieux pour en regarder), je fais toujours de mon mieux pour m'intéresser à la culture (et pas qu'asiatique) ou au contexte historique lorsque je découvre des films. Je ne dis pas que j'ai été paumée en découvrant Les Sept Samouraïs, non, mais j'ai tout de même parfois senti une sorte de distance avec ce film à cause de cette lourde charge contextuelle à prendre en compte. Cela dit, en dehors de ces quelques remarques de ma part, il s'agit tout de même d'un très bon film. La mise en scène est tout d'abord remarquable même si, en ce qui concerne ce point, il ne s'agit ni d'une surprise ni d'un scoop !

Les acteurs sont également tous excellents (au passage, il s'agissait de la 7e collaboration entre Kurosawa et Mifune), ils donnent tous de l'humanité et de la complexité aux personnages qu'ils incarnent. Il y a quelque chose qui fonctionne dans leur interprétation à la fois individuellement et collectivement. Les scènes de bataille (même si on ne peut pas résumer ce film à ça - c'est évident vu sa durée !) sont également impressionnantes, très bien foutues, surtout pour l'époque. Il faut dire aussi que Kurosawa utilisait parfois plusieurs caméras simultanées pour certaines scènes, notamment pour la bataille sous la pluie. Ca contribue beaucoup à donner un certain rythme (heureusement d'ailleurs vu la durée) mais aussi comme le disait Kurosawa, c'était un moyen pour les acteurs d'avoir un jeu plus naturel. Il y a donc aussi un remarquable travail de montage. Ce qui m'a le plus convaincue, au-delà de qualités techniques évidentes et d'une interprétation impeccable, c'est toute sa lecture sociale même si encore une fois je ne prétends pas avoir été à l'aise du point de vue historique et que ça reste ici un avis très modeste. Ne pas être à l'aise ne signifie pas pour autant dénigrer ou ne pas être sensible avec ce qu'on me propose. Il est alors intéressant de voir la figure du " héros " dans ce long-métrage. Le " samouraï " (je mets des guillemets car si on regarde bien ce ne sont pas réellement des samouraïs mais plutôt des rônins) a beau être un personnage honorable, déterminé et courageux (il ne défend pas des seigneurs mais des paysans), c'est avant tout un homme avec des doutes, des faiblesses, confronté à la pauvreté. Mais il y a surtout des interrogations autour de la place de chacun (samouraïs, paysans, bandits) dans la société, sur leur évolution ou non au coeur de la société japonaise à l'époque (n'y a-t-il pas des résonances plus contemporaines ?). Les relations nouées entre les paysans et les samouraïs sont d'ailleurs aussi à prendre en compte pour mieux comprendre cette peinture sociale. L'histoire d'amour présente est également à prendre en compte dans la réflexion autour de la séparation des classes. C'est peut-être aussi pour cette raison que le film est très long. Finalement, on constate que Kurosawa se réapproprie d'une mythologie autour de ces figures japonaises notamment avec les codes du western. Bref, aucun choix ne semble anodin, que ce soit dans l'écriture ou encore dans la mise en scène. Bref, pour moi il s'agit d'un bon film, d'un film vraiment à voir, cela est évident et je ne le renie pas. Juste que je n'ai pas adoré comme je l'espérais. J'espère ne pas être seule dans ce cas et c'est pour ça que j'écris aussi cette chronique, histoire de décomplexer et ne pas se sentir obligés de dire un avis juste pour suivre le reste du monde !