À l’heure où le nombre de travailleurs indépendants explose aux États-Unis, le mouvement entrepreneurial, si puissant en Californie, ne pourrait-il pas redonner un second souffle au rêve américain ?
La notion de « rêve américain » a été pour la première fois évoquée dans l’ouvrage de James Truslow Adams paru en 1931 intitulé « The Epic of America ». L’auteur le définissait alors comme la possibilité pour chacun d’accéder à une vie meilleure, plus riche, au delà de l’origine sociale. « Le rêve américain, selon Adams, revient à ne jamais cesser de croire aux opportunités », a souligné Theresia Gouw, fondatrice du fonds en capital-risque Aspect Ventures, lors de la conférence Tedx San Francisco. « À nous aujourd’hui de le raviver ! », a-t-elle poursuivi.
Nombreux sont en effet à mettre en lumière l’essoufflement du rêve américain. Si le PIB des États-Unis enregistre en moyenne 2 % de croissance annuelle, les inégalités de revenus grimpent en flèche, comme en témoigne le déclin de la part occupée par les classes moyennes. En matière de mobilité économique, les chiffres sont tout aussi peu reluisants. Bien que 84 % des Américains aient des revenus supérieurs à ceux de leurs parents au même âge, en moyenne seuls 4 % des enfants issus de la tranche de revenus la plus basse (1er quintile) parviennent à gravir l’échelle sociale. A l’inverse, 40 % des enfants nés en haut de l’échelle (5e quintile) y restent.
Less than 20% of founders and 6% of vcs are women. #diversity can fuel the economy in a much more bigger way @tgr #tedxsanfrancisco pic.twitter.com/B29wk75ouK
— Nathalie dore (@Nathaliedore) October 6, 2016
Le rêve américain selon la définition d’Adams semblerait donc montrer quelques signes de faiblesse. Et si, l’esprit entrepreneurial, si cher au peuple américain, pouvait alors lui donner un second souffle ? Aujourd’hui, le nombre de travailleurs indépendants ou « freelances » explosent aux États-Unis. Poussés par la croissance de l’économie à la demande, ils représentent en effet un tiers de la population active. Et le monde de l’entrepreneuriat ne ferait qu’accélérer le processus. « Partout dans le monde, la tech est en plein boom. Chacune des régions de la planète dispose de sa propre version du rêve américain. En tant que membre de l’écosystème entrepreneurial californien, il nous revient de montrer qu’en Silicon Valley, il existe des opportunités pour tous », a expliqué Theresia Gouw. Selon la fondatrice d’Aspect Ventures, les fonds d’investissement en capital risque (venture capital) ne représenteraient pour l’heure que 0,5% de l’économie américaine mais seraient responsables de la création d’un emploi sur dix aux États-Unis.
Adams, en parlant du rêve américain, ne néglige pas la question de l’égalité des sexes. Pour lui, le rêve américain se conçoit comme un terrain de jeu où toute femme et tout homme serait en mesure de parvenir à la hauteur de ses ambitions. Un beau chantier de départ pour la sphère tech aux États-Unis qui ne compte encore que 20 % de femmes fondatrices d’entreprises et 6% de femmes oeuvrant au sein de fonds d’investissement.