C'est étourdissant, vertigineux. Il aura fallu près de huit siècles après les faits pour l'Eglise catholique d'Ariège (sud-ouest de la France) demande pardon pour le massacre des Cathares. Massacres commandés par une Inquisition qui s'est livrée sur les populations aux pires atrocités en passant par le fil de l'épée femmes, vieillards et enfants, brûlant vif des centaines et centaines d'innocentes victimes.
Le pays beau c'est que 500 personnes assistaient dimanche à une "démarche de pardon" pour les massacres de Cathares, dans le village martyr de Montségur. Ils ont été attentifs au prêtre qui officiait cette célébration et qui a déclaré après près de 1000 années de condamnation de cette hérésie que "Les adeptes de cette voie ont été pourchassés et condamnés à de lourdes peines allant de l'emprisonnement à la mise à mort par le feu, lors de bûchers terribles comme ici, à Montségur". Il a demandé pardon à son Seigneur, le même au nom duquel ont été perpétrés ces massacres par ses prédécesseurs! Quel culot et surtout qu'elle indécente facilité devant des victimes mortes il y a un millénaire.
Rappelons que la croisade organisée par le pape Innocent III sur les terres languedociennes au début du 13ème siècle a prémédité, mis en pratique, de façon planifiée, de façon systématique, sur un critère idéologique et religieux, l'extermination de la totalité des cathares en tant que groupe humain : cela s'appelle évidemment un génocide parfait. Par le nombre de victimes il s'agit d'un crime de masse. La terrifiante phrase "Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens", prononcée par le légat du pape symbolise cette volonté génocidaire érigée sous la responsabilité du Pape. Et c'est même au quatrième concile œcuménique de Latran, en 1215, qu'à été confirmée très officiellement cette volonté et logique idéologique génocidaire en établissant des tribunaux et l'essentiel de la procédure pour juger les hérétiques, embryon de la future inquisition.
L'Eglise a organisé ce génocide car l'extermination des apostats et des hérétiques est une part essentielle de l'héritage canonique transmis par les fameux Pères de l'Eglise... L'Eglise s'est toujours référée aux textes de Saint Augustin en lien avec les hérésies des Donatistes aux 4ème et 5ème siècles. L'Eglise fonde sa survie sur un terreau idéologique monothéiste qui laissera toujours place à des objectifs théocratiques et totalitaires, elle impose à tout prix son monopole idéologique.
Et l'hérésie cathare vient déstabiliser ce pouvoir séculier et son emprise idéologique qui ne peut souffrir une contestation. Pour sa défense l'Eglise produit à cette époque un grand nombre d'articles en droit canonique dont le fondement raciste et totalitaire ont pour fonction de protéger la pureté raciale et religieuse de sa communauté. Relevons parmi ces articles çelui qui lors du douzième concile oecuménique édicte que " Des Chrétiens ont des rapports sexuels avec des femmes juives ou sarrasines. De façon que le crime d'un tel mélange maudit ne puisse plus avoir d'excuse dans le futur, nous décidons que les Juifs et les Sarrasins des deux sexes, dans toutes les terres chrétiennes, se distinguent eux-mêmes publiquement des autres peuples par leurs habits". C'est en sorte l'acte de naissance de la fameuse étoile jaune des nazis lors de la dernière guerre mondiale. Quand aux cathares ils ne bénéficieront pas d'un traitement seulement symbolique du part d'un habit distinctif puisqu'ils seront exterminés de façon planifiée, jusqu'au dernier. Les juifs quand à eux attendront quelques siècles l'extermination massive programmée par la solution finale et çe la avec la complicité passive du Vatican qui a fermé les yeux sur l'éradication du peuple qui dans l'histoire de l'Eglise porte à responsabilité de la mort du Christ.
Tout cela n'apparaît pas dans ce pardon de l'église ariégeoise et entre un massacre organisé il y a près de mille ans et par exemple le port d'une étoile jaune distinctive de race et de confession, de fracture entre appartenance à l'humanité ou rejet de celle-ci notre église catholique se refusera toujours à établir les liens et surtout reconnaître les aspects malfaisants de son dogme.