A l'automne 2007, Jende Jonga, immigrant d'origine camerounaise décroche enfin un emploi stable de chauffeur chez Clark Edwards, riche banquier chez Lehman Brothers. Cela lui permettra d'obtenir sa carte verte et d'assurer les études de pharmacie de sa femme Neni ainsi que le quotidien pour son fils Liomi. Tous pourront ainsi devenir américains ! Jende amorce les démarches nécessaires, d'autant plus que des liens de confiance s'établissent entre lui et son patron, un homme abîmé par le travail et les difficultés professionnelles. Le rêve américain semble à portée de mains. Malheureusement, la crise des subprimes n'est pas loin, et tout risque de basculer...
Les destins des deux familles se croisent : celui de la famille américaine lisse d'apparence mais cachant des failles que la faillite du mari va mettre à jour et les immigrants camerounais qui s'imaginent que les Etats-Unis sont un Eldorado doré et se retrouvent déçus par les réalités rencontrées :
"Même après avoir vu Boyz'n in the Hood et Do the Right Thing, rien ni personne ne put ébranler ses certitudes ni la convaincre que le mode de vie des Noirs dépeints dans les films n'était pas représentatif de leur vie réelle, de la même manière que les Américains comprenaient très certainement que les images de guerre ou de famine en Afrique qu'ils voyaient à la télévision n'étaient pas représentatives de la vie là-bas." p. 348
Jende et sa famille ont dû quitter leur pays à cause de la pauvreté et des conflits familiaux, pour vivre à présent dans la peur incessante de l'expulsion, avec une épée de Damoclès au-dessus de leur tête, et subissant le manque d'argent impardonnable dans ce pays. Ils vivent incessamment tiraillés entre l'espoir d'un monde neuf et la nostalgie du pays natal.
"C'est la peur qui nous tue, Leah, dit Jende. parfois, il nous arrive de mauvaises choses, mais la peur est encore pire." p. 205
Que sont-ils prêts à supporter pour rester dans ce pays qui semble les rejeter ? Faudra-t-il finalement décider de plier bagages et rentrer au pays quitte à subir les remarques de ceux qui les ont vus partir ? Jusqu'où faut-il assumer ses choix ? Quand faut-il renoncer ?
Imbolo Mbue est elle-même américaine d'origine camerounaise et elle puise dans sa propre expérience pour nous conter le destin de ces immigrants confrontés à l'American Dream et à ses revers. Son point de vue nuancé éclaire les contradictions des uns et des autres.
- Le contraste entre la période d'avant la crise, période idyllique où tout semble sourire aux uns et aux autres, et la suite assez désenchantée est un peu trop marqué.
- De même, les clichés sur la famille américaine frôlent la caricature.
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Merci à l'éditeur
Voici venir les rêveurs, Imbolo Mbue, traduit de l'anglais (Cameroun) par Sarah Tardy, Belfond, août 2016, 440 p., 22 euros