Histoire couleur terre; Kim Dong-Hwa

Par Sylvielectures
J'ai bien aimé ce sunjung (manhwa destinés à un public féminin) .
Il nous promène dans la Corée paysanne du XXe siècle en nous faisant suivre deux personnages féminins très attachants qui sont une jeune mère veuve et sa fille qui a 7 ans dans le premier tome et en aura 17 dans le dernier.

Dans le tome 1 nous découvrons une femme qui regarde sa fille grandir avec tendresse, patience et un brin d'émerveillement.
En même temps commence pour elle une nouvelle histoire d'amour qu'elle ne cache pas à la compagne de ses jours.
Leur relation s'émaille de confidences intimes qui ne manquent pas de poésie, et nous font voir des échanges secrets et sincères dans lesquels se déploie un amour mère/fille généreux et ouvert.La nature, la pluie et les fleurs les aident à trouver des images pour communiquer sur la sexualité naissante de l'une, et renaissante de l'autre.
De très belles images accompagnent ces dialogues simples mais justes.
""Jeunes ou vieilles, les femmes sont des créatures bien étranges. A Chaque pluie de printemps, leur curiosité devient un peu plus grande"


Dans le Tome 2, la petite fille devient pré-adolescente puis adolescente.
Le mariage est son seul espoir d'accomplissement. Sa mère l'éduque à sa future vie de femme.
Entre soins du corps, travaux d'aiguille et travaux domestiques, elle tente de mettre en garde sa fille contre les coups du sort et de la vie, de l'initier à la méfiance et à la résistance vis à vis des mœurs de la société coréenne qui ne sont pas tendres envers les femmes.
Au centre de ce gros volume, nous découvrons un conte initiatique pour les filles qui se marient et vont vivre dans leur belle famille. Il ne se termine pas par "et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants", lisez plutôt cette fin pimentée qui a un drôle de goût aigre :
"Voici pour vous la bile, chère belle sœur. vous qui êtes sujet à la jalousie.
Voici pour vous les pattes, mon cher époux, vous qui n'êtes jamais là

Quand on a besoin de vous. Et je garde pour moi le cœur.

Car un trop plein de chagrin a fini par briser le mien.
Il n'existe pas de pire épreuve que le vie de la femme mari
ée.
Mes larmes ont fini par déteindre sur les dix pans de ma jupe.
Mes larmes ont fini par chiffonner les manches de mon beau corsage."

Cette mère courage qui vit seule et arrive à savourer sa liberté gagnée par le travail malgré les quolibets et les médisances, donne à sa fille une éducation pétrie de contes, de symboles et de métaphores champêtres qui distillent une sagesse traditionnelle.
Le cœur serré, elle la prépare à partir pour suivre un futur époux.
La jeune fille rencontrera son cher et tendre, s'initiera aux secrets que son corps recèle, connaîtra le désir amoureux, et deviendra papillon de feu.


Dans le tome 3, l'adolescente attend le retour de son bien aimé et partage ainsi avec sa mère les tourments de celles qui pensent à l'absent.
Tout le volume est centré autour de cette posture de vie, l'attente, décrite ici comme un destin féminin."-Sais-tu qu'il n'y a rien de plus douloureux que l'attente ? C'est une souffrance de tous les instants qui nous ronge de l'intérieur. Le moindre bruissement des feuilles mortes nous fait trembler de l'espoir le plus fou. Crois-moi, ce n'est pas une vie !
-Tant pis, j'en prends le risque."
...
"La vie d'une femme est une longue succession d'attentes. Enfants, nous guettons le moment où notre mère nous prendra dans ses bras. Devenues adultes, nous attendons le retour de notre époux et parvenues à la vieillesse, nous espérons la visite de nos enfants...
Cesserons nous d'attendre lorsque nous serons mortes et enterrées ?"

Cette série aigre douce se termine par un mariage et l'épanouissement de l'héroïne dans ce dernier évènement qui l'éloigne de sa mère et la fait entrer dans sa vie d'adulte.
Nous avons l'occasion de découvrir un mariage traditionnel coréen, où rien n'est laissé au hasard et où les symboles et les rites ponctuent la journée de part en part.
Le jour du mariage de sa fille, la jeune veuve aura la joie de vivre le retour de l'amant qui décide de s'installer définitivement avec elle... Tout est bien qui fini bien :))
La lecture de cette bande dessinée est plaisante.
Certaines planches sont magnifiques, et le récit se construit avec finesse et poésie sur un scénario très simple. L'auteur peint et fait vivre ses personnages féminins avec beaucoup de tendresse et de compassion. Il s'en dégage douceur et sérénité.
Une belle chronique d'Yvan pour le premier tome sur Coin BD.com,
Fantabulle y parle joliment du tome 2, et du tome 3,
De belles critiques de lecteurs également sur scénario.com, pour le Tome 1, de Marie pour le Tome 2, de Sbuoro pour le tome 3,
M. Natali écrit :" Histoire couleur terre transporte dans un ailleurs qui paraît pourtant familier tant le propos et la complicité d'Iwha avec sa mère sonnent juste" pour le T.1 sur BDGest,
"En utilisant les formes, les couleurs, les odeurs et la symbolique de la nature, Kim Dong-hwa va parvenir à exprimer des émotions intimes avec une délicatesse extrême.", nous dit Y. Tilleuil, pour le tome 3.
"on s'attache terriblement à ces 2 femmes durant les 900 pages que l'on tourne sans s'en rendre compte, et même avidement tant on a hâte de connaître le dénouement. Voilà donc une jolie découverte et une très bonne lecture!" nous écrit Gaëlle,
Pour Joëlle, "Ce récit en 3 tomes est une petite merveille de poésie et d'amour",
Cathe a beaucoup aimé cette BD aussi : "Les dessins sont magnifiques et l'histoire, toute de subtilité, de fraîcheur et de douceur, ne cache pas non plus la trivialité de la vie quotidienne et le concret de la vie sexuelle."
Michel en parle, et Marco aussi, tout comme floaimelesmots,
Goelen est très enthousiaste : "C'est d'une beauté et d'une poésie incroyable. C'est tout simplement fin et on sent presque toutes les odeurs des plantes dont il nous parle. Un petit bijou !"