Le voilà qui déboule, moulé dans son T-shirt lacéré taille 10 ans ½. Il arrive de son pas chaloupé, balançant ses hanches bronzées au son d’un groove qui tue sa race que même 50 Cent enragerait de pas pouvoir faire la même chose. Il s’approche donc en slidant dans ses Vans dernier modèle, le baggy un peu en berne, mais c’est pour montrer son Calvin Klein qui déchire la mort. Il vient vers toi, oui toi, toi qui me lis les yeux ouverts et ronds de surprise, toi qui va bientôt les fermer à demi et te laisser entraîner vers une extase profonde, un plaisir indicible, une moitié d’orgasme un peu douloureux tellement c’est bon. Il vient te susurrer à l’oreille « A présent j'entrevois / Les courbes de ton corps / Comme j' les ai rêvées / Me laissent sans voix / En toi je vais puiser ma force / De ressentir ton souffle / Sur ma peau et bien plus encore »
Et là j’ai envie de dire « Oh bébé, fais moi du bien ». Parce qu’il faut bien l’avouer, depuis que Mathieu Tota a arrêté de jouer au football, depuis qu’il a quitté les Linkup avec qui il avait gagné une Popstar d’anthologie en 2003, sacré par Santy et Mia Frye, bref, depuis qu’il est devenu M Pokora, je dois bien avouer que nous sommes en présence du seul (et je pèse mes mots), du seul et unique véritable phénomène de la R’n’ B à la française. Tous les autres peuvent aller se moucher. MP, comme il se fait affectueusement appeler par ses fans, MP donc, les surpasse et de loin par une classe de dandy qui lui est de plus tout à fait naturelle, une aisance dans ses pas de danse, c’est parce qu’il était fan de Michael Jackson à 7 ans quand il a découvert Bad, un lâcher face à l’objectif ou à la caméra qui font de lui une vraie bête de la photogénie. Nonobstant le fait qu’il se soit fait la gueule de Justin Timberlake (chut, faut pas dire ça, c’est Justin Timberlake qui essaie de ressembler à M Pokora le pauvre), nonobstant ses tatouages super éthniques dans le cou qui font que, yeah baby il en est à mort, et que même Henri Rollins aurait voulu les mêmes mais le pauvre il a plus de place sur son corps pour les avoir, nonobstant tout ça, notre M Pokora national sait rester vachement modeste et vachement français, et même vachement strasbourgeois.
Ce qui ne l’empêche évidemment pas de se lancer dans une carrière internationale. Avec une audace folle, il ose se frotter aux plus grands en chantant She’s dangerous en duo avec Timbaland qui squatte le haut des charts internationaux et s’apprête à sortir son troisième album, MP3, aux US. Une folle rumeur a même couru le temps d’un moment selon laquelle EMI aurait dépensé 800 000 $ pour le produire. Quand on aime on ne compte pas. Mais elle fut rapidement démentie par l’intéressé lui-même. Plus rien ne semble entraver l’irrésistible ascension du Cary Grant des fonds de rayons musique des supermarchés*, plus rien ne semble pouvoir enrayer la formidable machine que ce petit Frenchie blondinet a mis en branle un jour de 2003 en accédant à la popularité grâce à la 6ème chaîne hertzienne et qui depuis va crescendo. M Pokora, ou Mat pour les intimes, a su prendre son fabuleux destin en main. Un petit brin de voix, une jolie petite gueule ne suffisent pas pour venir taquiner les plus grands showmen américains. Ne nous y trompons pas, mes lecteurs favoris, nous sommes bel et bien devant un phénomène qui n’a pas fini de ravager la planète musique. Une sex touch pour emballer les plus jolies filles, une French touch pour convertir les plus snobs, une fine touche hip hop pour achever de convertir les plus récalcitrants, M Pokora est la big thing de demain qui nous fera relever la tête et nous rendra fiers d’être français.
M Pokora, je pokora également. Demain, vous pokorerez tous, que vous le vouliez ou non.
* Propriété industrielle de Choléra
Mes Petites Fables