Voici l'impression après un premier débat des 7 candidats au poste suprême de notre République, ce 13 octobre au soir à la télévision: sept candidats contraints de rabaisser, caricaturer, défigurer, abimer la République et leur propre camp pour espérer l'emporter sur ce scrutin interne dont le vainqueur serait promis à une victoire inéluctable contre le président sortant. Car ce dernier vient de démissionner, sans le savoir.
Déchéance intime
Nicolas Sarkozy, Arnaud Montebourg et même Marine Le Pen sourient, blaguent, se racontent devant une animatrice habituée des agriculteurs en mal d'âme sœur. Près de deux heures de publicité maitrisée, dans un pays où la communication politique n'a pas le droit à la publicité télévisée, un véritable exploit. "Ambition intime", émission malsaine, communication massive.
Quelque 3 millions de téléspectateurs égarés suivent le spectacle.
Manuel Valls est loin, à Saint-Pierre-et-Miquelon. Il fait quelques promesses de dernières minutes. Au Parlement, une commission des lois vote une nouvelle taxe sur les revenus de Google et autres Gafa. Et Emmanuel Macron avance un peu plus ses pions vers une candidature qui n'est plus une surprise. On posera plus tard, bien plus tard, la question de savoir qui finance la campagne de l'ancien banquier.
Débat primaire
La primaire socialiste de 2011 avait passionné, la primaire de droite terrifie. Jeudi 13 octobre, ils sont sept sur TF1 pour un score d'audience plus qu'honorable, près de 6 millions de téléspectateurs. On retient le concours Lépine du charcutage de la fonction publique, quand la France se débat dans ses failles de solidarité ou son manque de forces de l'ordre, les 7 irresponsables de la droite dans ce débat primaire révèlent leur vraie nature: Sarkozy réclame 300 000 suppressions de postes, sans préciser dans quels ministères; Fillon dérape sur 600 000. Nathalie Kosciuko-Morizet chavire en expliquant que l'enseignement ne mérite pas d'être public.
Sans surprise, Fillon a sombré en tentant d'expliquer ce qu'était un "SMIC décent" selon lui. Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet se sont dégonflés. Et l'inconnu maire de Rambouillet, partisan de la suppression du ministère de la culture et du mariage gay, Jean-Frédéric Poisson, a eu son moment de gloire.
Sans surprise, Sarkozy a usé de ses habituelles vacheries, mensonges et autres coups bas. L'homme mérite d'être évacué rapidement. Un de ses anciens proches, Alexandre Djouhri, est mis en examen dans la semaine dans l'affaire du financement occulte de la campagne présidentielle de 2007 de Sarkozy par la Libye de Kadhafi.
La chasse d'eau se tire le 20 novembre.
Les sbires de François Hollande ne s'y trompent pas. Sur les ondes et les réseaux sociaux, oubliant l'ANI, la réforme des retraites, la loi travail, ou la déchéance de nationalité, les voici expliquant que ces candidats de droite sont plus à droite que leur mentor. Et qu'il ne faudrait pas voter, si l'on est de gauche, à la primaire de droite. Ils ont raison sur un point: Hollande a déplacé le curseur de la droite vers l'extrême droite. Et Alain Juppé va lui chiper, s'il est qualifié, le cœur de son électorat centriste.
Amen.
Masochisme présidentiel
Hollande est "prêt". Prêt à quoi, on ne sait pas, on s'en doute, une présidentielle de réélection. La couverture de l'Obs sur les kiosques de France avec cette affirmation en travers d'une photo de François Hollande est presque risible. Le président n'est pas au mieux. Un énième livre d'entretien avec deux journalistes a un effet plus dévastateur que les précédents. Les petites phrases du président qu'on y retrouve dans ce pavé de 672 pages sont telles des bombes à fragmentation. Elles emportent Hollande dans une mauvaise séquence qui font douter jusqu'à ses plus proches qui d'ailleurs ne sont pas épargnés. Non, Un président ne devrait pas dire ça... Politiquement, c'est une démission.
"En changeant de fonctions, je n’ai pas changé d’idées. Je suis de gauche. J’ai mené une politique de gauche." François HollandeSa pulsion auto-destructrice, certains appellent cela du masochisme, fascine. Dans la semaine, Hollande est obligé de s'excuser, oralement et puis par écrit, auprès de l'institution judiciaire, après l'avoir qualifiée d'"institution de lâcheté". Le Conseil des Barreaux n'en revient pas. Les magistrats non plus. Valls et Urvoas (l'inconnu qui a remplacé l'estimée Taubira) se précipitent pour justifier combien Hollande a laissé la Justice indépendante pendant son quinquennat, ce qui est sans doute vrai. Mais qu'importe !
Le mal est fait.
Sarkozy traitait les magistrats de "petits pois", Hollande de "lâches".
Les deux se sont trouvés dans l'Histoire. Un ancien monarque déséquilibré et un président faussement normal.
La démission politique de François Hollande cette semaine accélère le calendrier.
Ami citoyen, réveille-toi ! Il est temps de trier !