Consacrer une exposition visuelle à un auteur dont l’oeuvre reste majoritairement littéraire : voilà le défi que s’est lancé le Petit Palais pour célébrer l’ « impertinent absolu » jusqu’au 15 janvier 2017. Un portrait éloquent de l’écrivain et surtout du personnage.
« La modération est une chose fatale. Rien ne réussit mieux que l’excès. » D’emblée, le Petit Palais annonce la couleur. Dandy désinvolte, esthète, romancier, poète et critique d’art : si les étiquettes attribuées à Oscar Wilde sont nombreuses, aucune n’en saisit aussi parfaitement l’essence que ses propres propos. Car se plonger dans les écrits wildiens signifie bien souvent se retrouver à crayonner la totalité des pages. Ponctuée de citations, l’exposition n’échappe pas à cette règle tout en proposant bien plus qu’une simple présentation de manuscrits ou de correspondances écrites. Au-delà de l’hommage, elle ressuscite ce grand écrivain via un parcours chronologique en le faisant dialoguer avec les photos, les lettres, les tableaux et le contexte historique qui ont marqué son existence.
On y apprend ainsi ce qu’Oscar Wilde pensait des oeuvres Orphée et Eurydice de Watts, d’Electre sur la tombe d’Agamemnon ou encore de L’Amour et la Jeune Fille de Stanhope, où il aurait souhaité que cette dernière soit « simplement vêtue de blanc ». Son idéal de beauté ? Saint-Sébastien de Guido Reni, exposé lui aussi au Petit Palais pour l’occasion. Enfance, voyage en Amérique, procès, prison et exil en France, le visiteur se fait emporter d’un seul souffle dans la traversée d’une vie qui fut bien trop courte. Suite au témoignage vidéo de son petit-fils en fin d’exposition, on ressort de cette visite avec l’impression d’avoir emporté un peu de l’aura du célèbre dandy avec soi. Seul bémol : on en redemande, quitte à jouer la démesure. Raison de plus pour prolonger l’expérience au Père Lachaise, où ce parisien de coeur fut enterré. Un coup de projecteur pertinent sur une personnalité qui a toujours aimé être au centre de l’attention.