Ce 25 septembre je courais mon tout premier marathon, et c’est par Berlin que j’ai choisi de commencer. Bien que je m’étais habituée à gravir les marches de Fourvière lorsque je faisais mes études à Lyon, la capitale allemande est malgré la monotonie de son relief, la piste idéale pour courir sur des longues distances et faire péter quelques chronos. Ce qui fait de Berlin l’endroit parfait pour se lancer dans les 42,195km de son premier marathon.
Malgré sa popularité qui ne cesse d’augmenter, je ne me suis pas lancée sur une distance de marathon du jour au lendemain. Je cours depuis déjà 5 ou 6 ans de façon assez fréquente et participe à des courses régulièrement. C’est quelques semaines après mon premier semi-marathon il y a 3 ans, que je me suis promis de courir un marathon au moins une fois dans ma vie – et autant vous dire qu’à cet instant là, je me pensais bien loin de réussir ce challenge -. Pour des questions d’entraînement, de manque de temps et aussi d’âge, j’ai finalement passé le cap pour mes 24 ans, ce qui reste tout de même jeune pour un premier marathon.
La course a confirmé de nombreuses choses que j’entendais concernant le marathon: bien que l’entrainement et la forme physique soient essentiels, de nombreux imprévus peuvent tout venir chambouler en l’espace de 42km, et personne n’est à l’abri. J’en ai fait l’énervante expérience durant le mien lorsque j’ai commencé à avoir le syndrome de l’essui-glace après à peine 5km. Étant habituellement une obsédée du chrono autant à l’entraînement qu’en compétitions, ce premier marathon a été la première course pendant laquelle j’ai eu le sentiment de ne plus me battre contre les autres mais contre moi-même. J’y ai également gagné une bonne leçon d’humilité en achevant les 42km en 4h49 au lieu des 3h50 que je m’étais fixées initialement.
Malgré cet imprévu, l’expérience n’en reste pas moins unique et enrichissante sur tous les plans. La partager ici me tenait à coeur et je vous en dis plus sur ma préparation à ce premier marathon, tant sur le plan de l’entraînement que de l’alimentation.
Ma préparation
Bien qu’étant plus douée en demi-fond & longue distance que sur sprint, rester motivée pour m’entraîner sur des distances > à 15km relève parfois du défi: manque de temps, fatigue ou ennui -oui oui-, j’aurai toujours une bonne excuse, ce qui m’inquiétait assez pour ma préparation au premier marathon. Ajoutons le fait que je ne sois pas une personne du matin, cela limite encore + mes possibilités. J’essaie généralement de caler mes entraînements longs avec ma team – lorsque je réussis à sortir de mon lit assez tôt -, ce qui me motive beaucoup plus à faire des longues distances en dehors des courses. Autrement, je prends toujours ma paire d’écouteurs lorsque je cours seule, même pour 5km.
Pour les raisons mentionnées ci-dessus, j’ai beaucoup tardé à attaquer ma préparation. Après un arrêt de quelques semaines dû à un gros manque de temps et de la fatigue, je m’y suis mise 2 mois avant la course. Je courais généralement entre 6 et 12km tous les 4-5 jours. J’intercalais parfois des séances de fractionné sur piste – ma seconde bête noire après le sprint…-. J’ai commencé les séances spécifiques au marathon début août avec une première sortie de 34km (6’/km) sur terrain mixte, puis une 2e de 32km (5’35″/km) sur route 3 semaines avant le marathon.
L’idée que j’avais de la préparation au premier marathon était surtout les entrainements longs, et c’est dès le 2ème que l’essui-glace a commencé à apparaitre vers mon genou droit, puis est réapparu de + en + tôt lors des derniers entrainements courts; ce qui me pousse à penser qu’hormis pour m’aider à gérer ma vitesse sur les 42km, j’aurai sans doute pu m’en passer et continuer un entraînement « normal », m’évitant de forcer sur mon tendon et minimisant les chocs pour mon corps – qui étaient également une découverte pour moi lors de l’entrainement -.
© Fátima Gonzalez-torres
© Fátima Gonzalez-torres
Ma course
Pour le petit point frustration, ma course se serait vraisemblablement déroulée parfaitement sans ce syndrome de l’essui-glace: temps parfait, allure régulière – du moins jusqu’à ce que la douleur arrive du -, aucun souci d’ampoules, de digestion, ou d’hypoglycémie. Je suis partie sur une allure de 5’40″/km avec pour objectif de finir la course en 3h50/4h. La douleur a commencé dès le 5 ou 6ème kilomètre. Bien qu’elle ne soit pas intense à ce moment là, je me suis doutée que la course serait beaucoup plus dure à gérer. La douleur est devenue aigüe après une quinzaine de kilomètres, et ce pendant les 20 suivants, et s’est – pour ma plus grande joie – étendue sur tout le tendon jusqu’au fémur.
C’est assez difficile de décrire à cet instant là quelle est la partie la plus dure à supporter: physique ou morale. Inévitablement mon allure a dégringolé entraînant mon espoir de chrono dans la foulée; le seul qui me restait était de réussir à terminer la course jusqu’au bout. Je me suis débrouillée pour continuer à courir sans m’arrêter ni marcher car je savais que je n’aurai pas été capable de repartir. Les derniers kilomètres ont été légèrement moins pénibles, avec l’arrivée qui approchait, les encouragements de ma team, et la douleur dont je ne me préoccupais presque plus.
Mon après-course
Contre toute attente je n’ai presque pas eu de courbatures suite à la course, en revanche il fallait s’y attendre, mon genou est devenu complètement enflé et impossible à plier pendant les 5 jours suivants. Après de la glace et une consultation le lendemain, j’ai dû prendre des anti-inflammatoires et éviter les flexions la semaine qui a suivi, ainsi que mon mal en patience puisque je n’ai toujours pas pu reprendre l’entraînement – tu les sens, les calories arriver avec la saison des raclettes?! -, un arrêt d’au moins 3 à 4 semaines m’ayant été conseillé. Vu que la patience n’est pas mon fort et que je n’aime pas sponsoriser la BVG – les Berlinois qui payent les transports comprendront.. -, j’ai re-sauté sur mon vélo après 8 jours et m’en contente pour l’instant, mais je devrais reprendre tranquillement la course d’ici la semaine prochaine si tout se passe bien.
© Fátima Gonzalez-torres
Ce que j’en tire
Au delà de mes péripéties de genou qui m’ont mené la course dure, mon premier marathon était tout de même une bonne expérience. L’une des choses qui m’a le plus marquée est la diversité des coureurs croisés au long de ces 42km. En réalisant la difficulté d’une telle course pour quelqu’un en bonne condition, je nourris une admiration sans fin pour les personnes la courant en ayant 3 fois mon âge, ou ne disposant pas de toutes les conditions optimales pour courir une si longue distance.
Concernant mon prochain marathon, qui j’espère sera celui de New York en Novembre 2017, je pense cette fois opter pour un entrainement légèrement plus intensif en volume et étalé sur une plus longue période, sans réaliser cette fois-ci des sorties trop longues qui ont sans doute favorisé l’apparition du syndrome de l’essui-glace lors de mes derniers entrainements. J’ai également une fâcheuse tendance à négliger les échauffements et étirements avant et après mes séances, ce qui n’aide sans doute pas à prévenir ce genre d’incidents.