La Dame de Pic

Par Gourmets&co

La belle à la cuisine dormante…

Il est toujours plaisant de se retrouver chez une dame, surtout lorsqu’elle s’appelle Madame Pic. Pourtant, malgré son aura, sa notoriété, sa communication européenne, le restaurant parisien de la chef est toujours resté en demi-teinte. Certes, la concurrence est rude, même dans ce quartier de cette rue du Louvre insupportable de bruit, de circulation et de pollution, mais au vu de la personnalité d’Anne-Sophie Pic ce devrait être un des restaurants phare de la capitale. Ça ne l’est pas.

Les raisons ? Le pourquoi du comment ? Difficile à dire. Peut-être une sorte de demi-teinte qui flotte dans le restaurant, la salle, les cuisines, l’assiette, certes superbe mais un peu calme, un peu lisse… comme un lac de montagne. Confirmation de cette ambiance lors d’une visite récente.

Certes, l’accueil et le service sont toujours aussi enjoués, le décor, chic et discret, toujours agréable à l’œil, la vaisselle originale et d’un goût parfait, mais la carte est toujours aussi sobre et presque monacale… On s’ennuie presque à sa lecture. Pourtant l’amuse-bouche est en effet amusant et frais comme il se doit en cette fin d’été.

Les fameux Berlingots étaient ce jour au coulant de Pélardon légèrement fumé, courgettes rondes de Nice, cardamome, petites pousses mentholées. Parfaitement construite dans l’assiette, l’entrée s’avère plutôt douçâtre malgré le fromage frais d’ailleurs trop présent. Une définition du style du restaurant : agréable, fin, doux, mais un manque de pep’s qui relèverait et animerait le plat et l’ensemble.

Saint-Pierre de petit bateau rôti au beurre de baies de passion, tomates couleurs, verveine fraîche. Belle pièce, bien saisie, subtile, d’une grande finesse, et un parfum d’herbes qui enveloppe l’ensemble. Un grand plat.

Canette de Challans rôtie au thym, pêche de vigne, amandes fraîches, jus comme une bigarade. Une variation subtile et épurée sur le canard à l’orange avec toujours cette association du sucré avec le canard. Ici, un peu gâchée par une cuisson un peu asséchante, une construction assez disparate pour un plat qui manque de chaleur pour s’y régaler. Cette « distance » donnée par certains chefs à un produit est souvent frustrante…

Poire Guyot pochée, crème légère et glace à la vanille de Madagascar, sauce chocolat-sumac (épice au goût de vinaigre léger). Un dessert fort savoureux, bien construit, sur une belle variation de la poire Belle Hélène.

Un point final en beauté qui définit cette cuisine sophistiquée, recherchée, très travaillée au niveau des cuissons et des présentations mais qui reste souvent en-deçà des produits et reste discrète sur les goûts mais sévère pour l’addition. Finalement, une cuisine d’aujourd’hui, comme une belle endormie…

20, rue du Louvre
75001 Paris
Tél : 0142 60 40 40
www.ladamedepic.fr
M° Louvre
Voiturier
Ouvert tous les jours

Menu déjeuner (en semaine) : 59 € (3 plats)
Menu Plaisir : 105 € (deux entrées, un plat, un dessert)
Menu Gourmandise : 135 € (4 plats)