La beauté retrouvée du photon

Par Videopaper

La photographie ou le film numérique est étrange. Le capteur qui équipe la plupart des appareils photos et caméra, ne sait pas enregistrer la couleur car il ne capte que l’intensité lumineuse (la « luminance ») ; pourréaliser une image couleur, on superpose au capteur une grille dites de Bayer composées de filtre Rouge / Vert / Bleu.Comme chaque pixel ne recevantpas l’intégralité des composantes B/V/R, il va falloir interpréter mathématiquement « l’intensité » de la couleur de chaque pixel avec ceux adjacents pour déterminer sa couleur. La couleur n’est donc pas capturée mais calculée. Elle n’est pas réelle, mais construite sur des approximations.
La réparation physique des filtres RVB de la grille Bayer sur le capteur fait que seulement 25% du rouge et du bleu  et 50 % du vert du sujet est utilisé pour déterminer la couleur « réelle » . Donc le rendu colorimétrique des belles images que nous voyons, n’est qu’une partie  de la réalité photographiée et sur laquelle on va appliquer des algorithmes d’interprétation pour calculer l’ensemble la couleur de l’ensemble des pixels. La couleur ainsi construite ne peut être celle réellement du sujet, c’est une approximation. 

Ce qui est extraordinaire c’est que c’est un formidable bond en arrière par rapport au film argentique, dont chaque partie élémentaire ( que l’on pourrait comparé à un pixel), recevait lui l’’ensemble des composants R/V/B de la couleur du sujet. De plus quelque soit la puissance des algorithmes mathématiques, sur des sujets possédant une même couleur mais avec des millions de nuances, de part la structure même de la grille de bayer il y aura une perte irrémédiable des nuances et détails.

Donc depuis des lustres les industriels de l’image numérique  nous fourguent une image dont les couleurs  sont une approximation de ce qu’elles sont  en réalité. Et par nos regards floués, nous croyons percevoir le monde.

Cette réalité construite à partir d’algorithmes mathématiques me troublait et le temps passant  le rendu colorimétrique de mes images m’attirait de moins en moins, et leur transformation en N&B me décevait…Par hasard sur le WEB, je suis tombé sur des images N&B étonnement belles, leurs nuances de lumière, leur dégradés étaient un festin pour le regard. Approfondissant ma recherche, je découvrais que ces photographies avaient été prise avec un appareil SIGMA équipé d’un capteur « Foveon » dont le fonctionnement est radicalement différent de celui des capteur à grille de bayer.  En fait, comme un film argentique, chaque pixel reçoit sa vraie quantité de R/V/B ce que implique que le rendu colorimétrie n’a pas à être interprété mathématiquement, car il représente la réalité de la lumière du sujet. La couleur est capturé pleinement. Totalement, dans une sorte de fusion « analogico-numérique ». Les images sont somptueuses car elles ont les millions de nuances de la réalité,  cette richesse de nuances, donne un N&B fastueux avec une palette de noirs, de gris, de blancs très proche  de ce qu’un film argentique fournissait. Sans parler de la Balance des Blancs qui est d’une précision sidérante, car le blanc est capté et non calculé comme avec un capteur à grille de Bayer.  A mes yeux, c’est une sorte de renaissance de la lumière photographique et étonnement c’est sa subtilité qui donne la force à l’image et ce rendu particulier n’est pas seulement beau, mais il est émouvant.

J’ai donc fais l’acquisition d’un SD Quattro avec un 30 mm ART. Les dimensions du boitiers contraste avec la petitesse du Sony A7 par exemple. Mais la main trouve sa place naturellement sans contorsion inutile  et maintient fermement le boitier. L’ergonomie des commandes est parfaitement pensé, et le bouton On/Off sur le fut du boitier m’a tout de suite séduit, car ayant manipulé souvent des Black Magic,  cet endroit m’a toujours paru parfait pour ce type de bouton !  L’ergonomie des menus et de l’écran complémentaire est là aussi étonnement bien pensé. Sur ces brochures et site web Sigma se dit être un artisan, confectionnant des instruments de photographie et non des boitiers et bien pour une fois, ces dires marketing sont vrais !  

On ressent dans l’usage que ce boitier a été pensé, réfléchi. Cela fait tellement du bien, de se retrouver avec un boitier que l’on aime, avec lequel on va faire corps.  Evidement avec un tel boitier, fini la » photographie Lucky Luke » (la street photographie..)  où on sort son appareil plus vite que son ombre. Je l’ai pratiqué encore récemment, mais il me semble que  l’instant décisif cher à Henri Cartier Bresson, n’est pas dans la rapidité, mais dans la construction de son regard.  Ce n’est pas l’instant décisif du sujet, mais celui du regard qui fait la photographie. Et celui là demande maturation, lenteur en quelque sorte. Il émane peu à peu de notre esprit, grandit, s’épanouit. Il faut du temps pour capter l’instant. Et puis, la beauté des images du Sigma et du 30 mm ART me donne envie que de ramener que celles la.


Nous sommes dans un monde où l’image numérique est reine et pourtant notre regard s’éloigne de la beauté par la confrontation quotidienne à la laideur du rendu colorimétrie  de la télévision, de youtube, du web, des appareils compacts, des smarphones et particulièrement dans ce dernier domaine, l’image  est sous la férule du marketing où le traitement logiciel semble être la pierre philosophale de l’imagerie numérique et qui nous impose une beauté qui n’est que marchande.
L’appareil photographique Sigma, redonne aux images  une émotion quelque peut émoussée par les  algorithmes, le marketing  l’industrialisation de l’image. Alors, la lumière, la couleurs redeviennent ce qu’elles ont toujours été des ondes aux formes douces vent s’échouer sur nos rétines, et la photographie une poésie visuelle.