Totem sonore par Claire Barrera

Claire Barrera, jeune diplômée de l’EBABX Bordeaux, présente Totem Sonore, un projet interactif liant plusieurs sens : la vue, le toucher et surtout l’ouïe. Le but est de créer, de tester des combinaisons visuelles et sonores à la fois.

Description du projet par Claire Barrera :

C’est un projet que j’ai développé durant ma dernière année de master. Il a débuté après mon stage chez le designer espagnol Sergio Mendoza. Ce stage a eu un effet libérateur puisque cela m’a donné envie de produire des formes, de sortir un peu de la recherche, qui parfois lorsque l’on est étudiant peut prendre le pas et bloquer des projets au stade de l’idée.

J’ai donc commencé par expérimenter différentes matières (plâtre, céramique, cire, bois..) en créant différentes formes : toujours cylindriques, empilables, qui tiennent dans les mains. Visuellement cela convoquait un peu le registre des arts de la table. En parallèle, j’avais fait cette série de photos, d’empilements de bols, de tasses comme des totem, comme un jeu.

Cette idée de jeu, j’ai voulu la conserver, mais je voulais sortir de ce registre un peu convenu peut- être des arts de la table. Pour cela, j’ai décidé d’embarquer de la (micro) technologie et de rendre le tout interactif.

Totem sonore se compose d’un socle en bois ainsi que de plusieurs pièces de couleurs, de formes et de tailles différentes, et chaque pièce est associée à un son. Au centre du plateau se trouve un réceptacle sur lequel l’utilisateur est invité à poser, superposer à sa guise les différentes pièces pour créer des sortes de totems. Ainsi, lorsqu’il pose une pièce sur le réceptacle, le son associé à celle-ci s’active, le son s’arrête lorsque la pièce est retirée. Lorsqu’une deuxième pièce est ajoutée, un deuxième son s’additionne et ainsi de suite …

Le but est de créer, de tester des combinaisons visuelles et sonores à la fois, comme des micro- architectures qui se créent au gré des assemblages. Ainsi, selon les différentes combinaisons choisies, les sons se mélangent et l’utilisateur peut finalement « tester » diverses sonorités, s’amuser, écouter, changer les pièces… Selon les combinaisons, cela peut évoquer des univers différents à l’utilisateur.

Je ne veux pas apprendre à l’utilisateur comment composer une musique mais plutôt l’inciter à écouter différentes sonorités, et peut-être parvenir à rendre matériels ces sons, donner la possibilité de jouer avec l’immatériel, soit au final une nouvelle manière d’appréhender et d’expérimenter le son.

Le fonctionnement : on pose les pièces sur un capteur de force (une sorte de balance = le réceptacle). Chaque pièce est associée à un poids précis et à un son. La balance mesure le poids de la pièce ajoutée, transfère l’information à l’ordinateur via une carte Arduino et c’est le logiciel MAX qui se charge de lancer les sons.

J’ai voulu des formes géométriques visuellement simples, lisses, pouvant s’associer, comme des modules pour créer, tester des combinaisons visuelles. La couleur vient ajouter une composante supplémentaire à la combinatoire.

On pourrait imaginer une application sur tablette/téléphone permettant à l’utilisateur de choisir le type de sons qu’il veut utiliser. Ou pour aller encore plus loin quel son il veut associer à chaque pièce et ainsi être encore plus maître et acteur de sa composition.

Un remerciement aux personnes qui ont pu m’aider dans ce projet : Pierre Cochard, Antoine Hubineau, et Gyorgy Kurtag (membre du SCRIME, Studio de Création et de Recherche en Informatique et Musiques Expérimentales), Catherine Gilloire et Laurent Décremps (ebabx), ainsi que et surtout Suguru Goto (membre de l’IRCAM).