[Critique] À FOND
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Note:
Origine : France
Réalisateur : Nicolas Benamou
Distribution : José Garcia, Caroline Vigneaux, André Dussollier, Charlotte Gabris, Jérôme Commandeur, Vincent Desagnat, Florence Foresti…
Genre : Comédie
Date de sortie : 21 décembre 2016
Le Pitch :
C’est les vacances ! Toute la famille embarque dans la voiture flambant neuve direction la côte. Néanmoins, les choses se compliquent quand le régulateur de vitesse du véhicule se bloque à 160 km/h. Plus rien ne répond, ni les freins ni le système électronique. À bord, c’est la panique…
La Critique :
Nicolas Benamou se lance à nouveau en solitaire, après les deux Babysitting, réalisés avec Philippe Lacheau, 5 ans après la sortie de son premier film, De l’huile sur le feu. Avec À fond, le cinéaste français s’appuie sur un postulat qui n’est pas sans rappeler Speed, le blockbuster explosif de Jan De Bont avec Keanu Reeves, Sandra Bullock et Dennis Hopper. C’est d’ailleurs le principal argument publicitaire du long-métrage ! Attention, les yeux, voici le Speed français ! Une voiture est bloquée à 160 km/h sur l’autoroute. Rien ne peut l’arrêter, ni les freins, ni la police, absolument rien.
Cela dit, À fond n’est pas un film d’action mais avant tout une comédie. Une comédie bien de chez nous qui plus est, avec tout ce que cela sous-entend de bon vieux gags franchouillards et d’approximations diverses et variées. On adore José Garcia mais il faut avouer qu’il a quand même tendance à jouer dans des films qui se ressemblent tous. Celui-là en rappelle d’autres et le personnage que campe l’acteur de donner le La à une aventure familiale convenue, pas non plus hilarante et surtout hyper bancale. On s’en aperçoit d’ailleurs très vite, dès l’introduction, même si le film a le bon goût de rentrer dans le vif du sujet sans attendre.
Un exemple particulièrement flagrant : la bagnole de la famille, qui va se bloquer à 160 sur l’autoroute. Un véhicule de marque fictive, entièrement informatisé, dont « l’intelligence artificielle » se manifeste avec une voix absolument pas crédible et par le biais d’un grand écran placé sur le tableau de bord qui évoque les productions télévisuelles américaines des années 80/90. En d’autres termes, on y croit pas vraiment. Ce n’est pas réaliste. Ok c’est un film mais ce qu’ont oublié les scénaristes, c’est qu’il faut en toutes circonstances soigner les petits détails si on ne veut pas au final se retrouver avec une intrigue qui fuit de toutes parts à cause d’un manque flagrant d’application. Résultat des courses, avec cette voiture factice, le film ressemble très tôt à un sketch un peu fauché, qui ne fait même pas semblant d’essayer de s’appliquer.
Le pire étant que le long-métrage ne cesse de confirmer son statut d’œuvre gentiment anecdotique aux ambitions aussi limitées que l’imagination d’un Luc Besson en pleine rédaction du script de Taxi. Les faux raccords sont nombreux et au fond, tout le monde semble s’en foutre, avant que le dénouement ne vienne confirmer l’aspect terriblement vieillot de cette production qui croit visiblement que nous sommes encore dans les années 70. Et oui, on pense ici notamment à la cascade finale, pas vraiment impressionnante, qui conclut l’histoire de manière peu spectaculaire. Une scène en forme de renoncement qui finit de faire d’À fond, une comédie familiale poussive et brouillonne.
Mais au moins, est-ce que c’est drôle ? On connaît la capacité de José Garcia à en faire des caisses et quand on l’apprécie ou qu’on éprouve à son égard un tant soi peu de sympathie, ça fonctionne. Grâce à lui et à son énergie, mais aussi grâce à un André Dussollier amusant dans un rôle sympathique et à une Charlotte Gabris certes prévisible mais rigolote, À fond limite les dégâts. Merci également à Vincent Desagnat, lui aussi toujours drôle à un moment ou à un autre, y compris quand comme ici, aucun soin particulier n’a été apporté à une écriture quant à elle bloquée sur le pilotage automatique. Mais cela dit, certaines scènes s’avèrent plutôt drôles. Surtout une fois qu’on a accepté que le coup du régulateur de vitesse n’est qu’un prétexte en carton pour faire passer quelques gags et pour dispenser une morale bien bâclée. À fond peut ainsi s’avérer très con et finalement, c’est comme ça qu’il gagne ses quelques gallons. D’ailleurs, le film aurait pu s’appeler À l’usure, vu que c’est ainsi qu’il parvient à se montrer un tant soi peu efficace.
En Bref…
Comédie française typique, sans originalité ni audace, À fond n’est pas forcément désagréable, mais son côté brouillon et son incapacité à se sortir de clichés qu’il n’essaye jamais de s’approprier en font un produit anecdotique, qu’on oublie aussitôt après l’avoir vu.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Wild Bunch Distribution