Cette étude University of East Anglia répond oui, sans détour et révèle même combien la capacité des enfants à élaborer des jugements moraux a souvent été considérablement sous-estimée. On a longtemps cru que si pour développer un jugement moral, l’adulte a plutôt tendance à se concentrer sur l’analyse des intentions plutôt que sur les conséquences des actions, le jugement moral chez le petit enfant est principalement basé sur les résultats, plutôt que sur les intentions des personnes impliquées. Cependant cette étude présentée dans la revue Cognition, montre que très jeune l’enfant intègre aussi de manière très précoce la notion d’intention.
– Dans un cas, l’intention était bonne et le résultat mauvais,
– dans l’autre l’intention était mauvaise, mais le résultat bon.
Les histoires, les photos et les questions étaient identiques à celles des études originales, à l’exception que chaque participant était interrogé à 2 reprises, avec la question originale, basée sur les résultats et une seconde question intégrant la notion d’intention.
· Lorsque la question du jugement est basée essentiellement sur les résultats ou les conséquences, les jugements des enfants, comme ceux des adultes sont axés sur les résultats, quelle que soit l’intention en jeu. Ainsi, le jugement moral sera positif si les effets sont positifs, et négatif si les effets sont négatifs.
· Mais lorsque la question est reformulée autour de la personne à l’origine de l’action, les jugements des enfants prennent en compte l’intention :
– Les enfants âgés de 4 à 5 ans se montrent influencés au même niveau par les résultats et les intentions,
– Les intentions l’emportent chez les enfants âgés de 5 à 6 ans.
Ainsi, à partir d’environ 6 ans, l’enfant développe un sens moral de type adulte : si quelqu’un fait quelque chose de mal délibérément, c’est pire que de l’avoir fait accidentellement… Des données qui suggèrent que des enfants jeunes intègrent déjà la notion d’intention dans le jugement moral, et pas seulement les résultats d’une action ou d’une situation.
Source: Cognition, Sept 2016 DOI: 10.1016/j.cognition.2016.08.019 The influence of intention, outcome and question-wording on children’s and adults’ moral judgments