Deux ans après la pionnière américaine Digit, une jeune pousse britannique s'empare aujourd'hui du concept d'épargne automatique. Et, pour mieux séduire les jeunes qui constituent sa cible, l'application mobile de Chip surfe sur la grande tendance du moment, en adoptant une interface conversationnelle et ludique à base de « chatbot ».
Afin de remplir sa mission, le service demande d'abord à l'utilisateur de « connecter » son ou ses comptes bancaires (une dizaine de grandes banques sont supportées). Une fois cette étape franchie, les algorithmes de la startup vont analyser régulièrement (à intervalles de quelques jours) les dépenses enregistrées, déterminer le montant qui peut être mis de côté sans risque (de l'ordre de 5 à 15 livres sterling, en moyenne) et effectuer le transfert correspondant sur un compte d'épargne ouvert dans ce but.
Les concepteurs sont tellement sûrs de la qualité de leur système qu'ils affirment que, dans le cas où un des transferts réalisés par l'application provoquerait un découvert, ils retourneront l'argent immédiatement, prendront en charge les frais facturés par la banque et verseront une prime de 10 livres. En outre, l'épargne accumulée reste entièrement disponible et peut être retirée à tout moment, instantanément, sans aucune limite de montant… et gratuitement (comme l'ensemble des fonctions disponibles, d'ailleurs).
Attardons-nous maintenant sur l'application, assez particulière, de Chip (qui est le seul point d'accès au service). En effet, à l'exception de la procédure initiale de création de compte, son mode de fonctionnement repose exclusivement sur un « chatbot ». L'utilisateur interagit avec celui-ci par l'intermédiaire de messages écrits (à quand une interface vocale ?) et obtient en retour des réponses informelles, enrichies de nombreuses émoticônes et autres images animées, qui rendent les échanges plus agréables.
Ce choix original explique-t-il le taux élevé de transformation (64% d'ouvertures de compte parmi les personnes installant l'application) dont se vante un des fondateurs de la startup ? Est-ce, plus simplement, sa promesse d'épargne sans soucis et sans risques ? Toujours est-il qu'il soulève une question déterminante : quitte à implémenter un « chatbot », pourquoi ne pas l'intégrer dans les plates-formes de messagerie existantes, et profiter ainsi de leur popularité auprès des jeunes mobinautes ?
Sur le plan du service financier offert, les réflexions que suscite Chip sont d'un tout autre genre. Est-il vraiment possible pour un acteur émergent de prospérer sur un modèle d'épargne automatisée alors que les banques ont en leur possession tout ce qu'il faut pour proposer un service au moins aussi performant ? Dans l'affirmative (et je crois à cette hypothèse), ce serait encore une opportunité gaspillée…