Les amateurs savent à quel point la Bourgogne a connu un millésime proche du désastre sur pas mal de climats qui ont subi grêle, gel, maladies et cie… :-(
Les amateurs savent aussi à quel point, toujours en Bourgogne, il existe à côte de sérieuses concurrences, un certain esprit de solidarité pas toujours évident ailleurs.
Résultat des courses : une nouvelle - un article signé Christophe Tupinier - qui justifie cette affirmation de solidarité et que je copie ci-dessous avec l'autorisation et le © de la revue BOURGOGNE AUJOURD'HUI :
"Conséquence du gel d'avril dernier, 6 domaines et pas des moindres (Romanée-Conti, Comtes Lafon, Leflaive...) ont décidé de joindre leurs maigres récoltes pour produire... deux petites pièces de Montrachet grand cru, le roi des vins blancs de Bourgogne.
Le Domaine de la Romanée-Conti, le Domaine des Comtes Lafon, le Domaine Leflaive, Guy Amiot, Lamy-Pillot et le domaine Fleurot...
A eux 6, ces domaines exploitent 1,25 hectare dans le grand cru Montrachet, le "seigneur" des vins blancs de Bourgogne, qui couvre au total 7,8 hectares sur les communes de Chassagne-Montrachet et Puligny-Montrachet, en Côte de Beaune (21). Conséquence du gel sévère de la fin avril, ils ne produiront en 2016 que... deux petites pièces de 228 litres au total, 600 bouteilles, alors qu'ils auraient pu en espérer 10 à 15 fois plus.
Difficile de vinifier dans de bonnes conditions d'aussi petites quantités, alors pour des raisons pratiques facilement compréhensibles, les 6 ont donc décidé d'unir leurs maigres récoltes de Montrachet sous une même bannière, le temps d'un millésime. Les raisins ont été achetés au franc symbolique à chaque domaine par l'activité de négoce du domaine Leflaive, qui va vinifier et élever les vins avant de revendre les 600 bouteilles aux 6 domaines et toujours pour le franc symbolique.
Peut-on rêver de pouvoir acheter un jour sous un nom commun, ou sous le nom de chaque domaine, la "cuvée des 6" de Montrachet 2016 ? Rêver aussi de goûter un Montrachet dans lequel auront été mélangés les raisins provenant des vignes de quelques-uns des plus grands domaines de Bourgogne ? Et bien non ! "Les vins seront impossibles à trouver et donc à acheter", assure Brice de la Morandière, le gérant du domaine Leflaive, avec l'effet garanti d'un climatiseur en plein pic de canicule.
Arrêtons donc immédiatement de rêver et tout simplement parce que la législation douanière et fiscales, dans les détails de laquelle nous préférons vraiment ne pas rentrer (rappelons que nous sommes en France...), ne permet pas, a priori, dans le cas de figure de vendanges mises en commun, de revendre les vins tout court. Les domaines pourront toujours partager leurs bouteilles avec des clients, des amis, des parents, des journalistes... mais pas les vendre.
Une belle histoire à la conclusion un peu triste..."
A ma connaissance, et selon un autre schéma, à rapprocher de deux millésimes des années 1880 où les anciens de Bouchard Père & Fils avaient pu vinifier chez eux l'ensemble du Clos Vougeot qu'ils voulaient acquérir, l'affaire ayant capotée eu égard à l'indélicatesse d'un notariat.
Nous avions eu la chance, avec quelques membres du GJE de pouvoir déguster ce Clos de Vougeot unique lors de ces soirées mémorables de vieux millésimes, du temps où Bouchard Père & Fils était dirigé par Bernard Hervet parti ensuite chez Faiveley.
Toute une époque, du temps des grandes heures…
:-)
Et, petite histoire pleine de leçons de choses : avec la même somme prévue pour cette acquisition, ces propriétaires de l'époque ont acquis une surface équivalente en appellation Moulin à Vent en Beaujolais !