Le temps passe, le storytelling demeure… traité comme s’il venait d’apparaître sur la scène des outils de management, marketing, développement personnel et tutti quanti.
Du storytelling en boucle
Je veux dire par là qu’inlassablement, les articles qui en parlent répètent sensiblement les mêmes choses basiques -grosso modo, une explication de ce qu’est le storytelling. Je simplifie, mais c’est quand même un peu, beaucoup ça. Je veux bien que tout le monde ne sache pas encore ce dont il s’agit, mais quand même. Personnellement, cela fait depuis 2009 que je propose des services de storytelling : évidemment, je croise des gens qui arrivent par exemple en formation en disant qu’ils viennent pour découvrir le storytelling, mais de moins en moins. On n’en est plus au stade de l’introduction, de la découverte, mais de la maturité, même si, comme d’habitude, nous avons un train de retard par rapport aux anglo-saxons.
Je vois ces pratiques dans les articles interviewant des professionnels, et dans les articles que publient ces professionnels eux-mêmes. Certains de ces professionnels sont relativement récents dans le storytelling, mais par pitié, qu’ils ne fassent pas comme si leurs lecteurs l’étaient aussi ! Le comble survient quand ils écrivent que “le storytelling a toujours été en nous etc.” Et bien alors : pourquoi tourner en boucle sur une définition du storytelling maquillé en “how to” ?
Oui aux publications qui font avancer le storytelling
Svp, entrants récents dans le storytelling, ne faites de duplicate content. Les étudiants en communication des 5 années écoulées (au minimum) ont déjà exploré les bases en réalisant des mémoires, et épuisé ces bases : pour preuve, plus aucun étudiant ne contacte les professionnels du storytelling pour les aider dans leurs recherches de mémoires. (Et avant les étudiants, les premiers entrants dans le monde du storytelling l’avaient aussi fait -alors on en est à la troisième vague de répétition).
Faisons avancer le storytelling en explorant de nouveaux usages, ou en nous inspirant (s’inspirer, pas copier, hein !) des réflexions innovantes d’un Michael Margolis, par exemple, ou d’un Raf Stevens : ils font avancer la discipline (ce sont deux exemples, il y en a plein d’autres). Pareil dans les interviews : provoquez le “waouh !” chez les journalistes en leur disant des choses un peu inattendues. Personnellement, c’est ce que j’ai fait récemment, et cela m’a valu une page complète dans un magazine (à paraître tout bientôt -je partagerai le lien).
Et si vous tenez à tout prix à parler de “déjà vu”, suivez les conseils de ce qui se fait dans le bon journalisme : des liens.
Pourquoi est-ce que je redeviens un “storytelling advocate” ?
Il se trouve que, depuis un an, je suis engagé dans la recherche universitaire sur la narration, le storytelling. Et je pense que c’est un tic positif de chercheur que d’être agacé par tout ce qui n’apporte rien au schmilblick. Cela ne veut pas dire que toute publication doit être entièrement nouvelle : on a coutume de dire, dans le milieu de la recherche, que seulement 10% de ce qu’on écrit est complètement neuf. Mais au moins, que ces 10% soient présents ! Car ces 10% transforment complètement les 90% de contenu restant.
Svp, merci.