De passage à Madrid pour une traditionnelle revue d'équipe, je me suis rendue dans le grand parc qui jouxtait notre résidence, lorsque je vivais là-bas avec ma famille. Il s'agit du Parc Juan Carlos situé à Campo de las Naciones. Il est immense, avec un jardin comptant plus d'une centaine d'oliviers, des grandes étendues d'herbe bien grasse et bien verte. Cela doit d'ailleurs coûter très cher à la ville de Madrid pour arroser tout cela, surtout lorsqu'il fait plus de 30 degrés plusieurs mois de l'année ... Comme quoi, notre bonheur d'être humain (celui de pouvoir se promener dans un parc verdoyant) n'est souvent pas compatible avec les contraintes écologiques.
En une heure de temps, avant la tombée de la nuit, j'ai pu faire un peu de méditation. Oui, lorsque je suis en déplacement, j'essaye dorénavant de me garder une heure seule, pour prendre des photos et me poser face à un spectacle naturel (ce peut être la mer, un parc, il faut juste que cela soit un endroit calme) afin d'avoir au moins quinze minutes méditatives. A Paris, je n'en n'ai pas besoin car je ne dors jamais sur place (presque jamais). J'ai tout le loisir d'avoir mon moment à mon retour à la maison, avant de me coucher. Et vous savez quoi ? J'ai remarqué que ces voyages me fatiguaient beaucoup moins lorsque je me gardais ces moments précieux.
La suite de la soirée madrilène a été divine, nos repas étant toujours gais et chaleureux. Nous avons ainsi tous moins l'impression de " travailler ". D'ailleurs, j'aime l'expression " amitié professionnelle " parce que c'est précisément ce que j'éprouve avec cette équipe.
Il y a quelques années, je n'aurais jamais cru cela possible, ma fonction de direction m'imposant parfois de prendre des décisions radicales comme celle de mettre fin à une relation professionnelle justement. Alors comment imaginer un seul instant savoir le faire avec une personne que l'on connaît bien, que l'on apprécie de surcroît ? Et bien je pense au contraire que cela est plus facile parce qu'il s'agit d'une séparation à l'amiable. Même si se séparer dans le consensus est toujours douloureux, à partir du moment où la personne ne progresse plus, ne s'épanouit plus dans l'équipe, n'est plus motivée, il vaut mieux envisager cette rupture, pour justement garder ce respect mutuel qui s'est installé dans cette amitié professionnelle.
On peut souvent dépeindre le monde de l'entreprise comme abrupt et froid, régit par des contraintes financières et de productivité (ce qui est vrai), si une personne ne s'épanouit plus à un poste de manager (car les membres de mon équipe le sont tous), alors elle ne bénéficie plus à l'écosystème de l'entreprise, n'apporte plus rien de positif à l'entreprise et à ses membres. Hors, un manager se doit d'être inspirant, motivant et donc il se doit d'être motivé. Sinon, c'est toute la chaîne en dessous qui trinque. Et au final, le manager en question se fait du mal à lui-même. C'est à ce moment-là qu'il faut envisager soit de changer de poste (si cela est possible et rentable pour tout le monde) soit de se séparer, en en parlant de vive voix, sans menace, entre personnes professionnelles. Après, cela reste une question d'argent, de négociation et hormis si l'entreprise est proche de la faillite, on ne parle jamais de sommes mettant en péril sa santé financière. Bien sûr, le financier fera ses calculs, considérera que c'est trop cher, mais il faudra trancher pour éviter une négociation de " marchand de tapis ". De toutes les façons, ce que l'on gagnera là, on le perdra par l'énergie que l'on aura dépensée à tenter de l'économiser et comme tout se sait, la direction enverra un très mauvais signal aux équipes d'en dessous.
Je sais que certains de mes collègues ne pensent pas du tout comme moi, mais je veux croire en un monde meilleur, même dans une grande entreprise internationale cotée en bourse. D'ailleurs, lors de ce séjour en Espagne, nous avons acté d'une progression de carrière pour un des membres de l'équipe en lui confiant un chantier stratégique. J'ai la prétention de croire que tout cela est possible grâce à notre envie de travailler tous ensemble, pour le bien de notre compagnie évidemment mais surtout pour le nôtre, car si nous sommes épanouis, nous restons créatifs et motivés, les deux clefs de la réussite.
Sur ce, excellente journée et bonne fin de semaine !
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