Elle n'a que trois ans et demi.
Si jeune et si petite.
Pourtant, la méchanceté et la violence sont déjà entrées dans sa vie.
Pas par choix. Non.
Croyez bien que j'aurais voulu la préserver encore quelques années.
De toute façon, en tant que parent, je pense que nous trouvons toujours qu'il est trop tôt pour confronter nos enfants à la difficulté de la vie.
Un petit garçon l'a frappée à l'école.
Deux fois.
La rentrée a été difficile pour elle. Des pleurs les premiers jours ont ensuite laissé la place aux sourires.
J'ai instauré une routine avec elle pour qu'elle se sente en confiance et en sécurité. Ça fonctionnait bien... jusqu'à ce que ce petit garçon vienne tout gâcher.
Ce matin, elle a pleuré. Je la regardais dans son rang, son petit visage déformé par les sanglots.
Je devais la laisser mais j'avais le cœur serré.
Elle ne voulait pas retourner à l'école, là où ce petit garçon lui avait fait mal.
Elle nous a raconté qu'il avait tapé sur sa main.
Je pense en toute objectivité qu'il n'a pas dû lui faire vraiment très mal.
Je crois que c'est le geste agressif qui a surtout choqué ma fille. Ça et le fait qu'elle n'a pas su comment y faire face.
Je lui ai demandé comment elle avait réagi et elle m'a dit avoir pleuré.
Son institutrice lui a essuyé le nez et c'est tout.
Et c'est là que j'ai fait entrer la violence dans sa vie...
Je lui ai dit qu'elle devait se défendre, qu'elle devait le frapper aussi.
Je lui ai dit que des gens méchants, il y en avait beaucoup et qu'il ne fallait pas se laisser faire.
Je lui ai dit qu'elle était une guerrière, une combattante et que personne ne pouvait lui faire peur.
Je lui ai dit qu'elle devait être forte et courageuse.
J'ai trouvé triste de devoir lui dire tout ça... Pourtant, il le fallait.
Dans notre société, si tu ne te fais pas respecter dès le plus jeune âge, tu te fais bouffer par les autres.
Je ne veux pas que ma fille soit une faible.
Je ne veux pas qu'elle se fasse piétiner par les autres.
Ce n'est pas pour moi que j'émets ces désirs... C'est pour elle.
Quand je vois comment le harcèlement scolaire peut pousser les jeunes au suicide, je ne veux pas de ça pour mon enfant.
Alors, si ça implique qu'elle en vienne aux mains... Soit.
Si quelqu'un l'attaque physiquement, elle a le droit de faire de même.
C'est comme ça que ça marche.
Je ne suis pas pour la violence, vraiment pas.
Mais je constate avec tristesse que beaucoup de personnes ne comprennent les choses que par des actes physiques.
J'ai donc conseillé à ma fille de frapper cet enfant s'il recommençait à lui faire mal.
Ma petite poupée si pacifiste et gentille m'a dit qu'elle ne voulait pas le frapper.
Elle n'a jamais eu à se défendre, elle n'a jamais eu affaire à quelqu'un qui voulait lui faire mal exprès. Je crois qu'elle ne comprend pas pourquoi cet enfant agit comme ça.
Comment lui expliquer que certaines personnes sont juste agressives de nature?
Evidemment, j'ai demandé à voir son institutrice à la fin de la journée d'école.
Celle-ci n'était pas au courant. Ma puce ne lui avait rien dit.
Heureusement, elle a bien dit à ma fille de venir la prévenir si le petit garçon recommençait.
J'espère qu'elle le fera. Je tiens en tout cas cette histoire à l’œil.
Mais j'aimerais vraiment que ma puce arrive à tenir tête à ce petit gars, qu'elle lui montre qu'elle est plus forte qu'elle en a l'air.
Je sais très bien que cette situation risque de se répéter encore dans l'avenir et je voudrais qu'elle puisse réagir adéquatement lorsque ça arrivera.
C'est là qu'on se dit que la vie est dure quand même...